Le zoo Ecozonia : enfer des loups ?

Ces dernières semaines, l’ouverture prochaine au public du parc animalier Ecozonia à Cases-de-Pène, dans les Pyrénées-Orientales, a défrayé la chronique.

Présenté comme « inédit en Europe », le site de 26 hectares, à proximité de Perpignan, est dédié aux animaux dits « prédateurs », une notion qui s’inscrit dans la fascination censée s’exercer sur l’humain depuis la nuit des temps.

Outil marketing imparable : l’éco-washing abondamment utilisé : il est question d’« éco »-parc, découpé en quatre « éco »-zones « surfaces de la Terre représentatives d’une unité écologique », avec pour  objectifs : « la préservation des espèces  la conservation et la réintroduction des animaux sauvages » et l’éducation du public à leur préservation. 

Depuis 2017, le projet est en marche, interrompu par la crise du Covid et l’ouverture a été retardée. S’ajoute aux répercussions de la crise sanitaire un sérieux incident survenu fin janvier, à la suite de l’accueil d’une meute de six loups gris en provenance d’un parc animalier de Lettonie.

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Transférés dès leur arrivée dans un enclos de 7000 m2 équipé d’une enceinte grillagée et d’une clôture électrifiée conforme à la réglementation en vigueur pour cette espèce, chacune ayant été contrôlée et testée, les animaux ont dans un premier temps exploré leur espace de vie. Pour des raisons encore inconnues, ils ont rapidement manifesté des comportements agressifs et dégradé l’enceinte grillagée. Malgré l’intervention d’un soigneur, 4 individus sur les 6 ont pu s’enfuir.

Le 28 janvier la préfète Sophie Elizeon (Aude) signe un arrêté ordonnant des tirs létaux. 2 loups sont morts, deux autres anesthésiés et placés de nouveau en captivité dans le parc, un 5e a été retrouvé mort et le dernier est toujours en fuite à ce jour.

EELV sur place a organisé une manifestation que Code Animal a soutenu. Nous avons pu dénoncer la captivité des animaux sauvages.

“Aujourd’hui, le bilan est la mort de 3 loups gris tout juste arrivés d’un zoo d’Estonie, aussitôt échappés et froidement abattus ! Que se serait-il passé avec les tigres ou les panthères qu’EcoZonia se propose d’exhiber ? », demande un militant EELV. 

« Cette évasion montre que les animaux sauvages en captivité subissent des souffrances qui sont intolérables » selon Nicolas Berjoan, le représentant départemental de EELV. 

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Rappelons qu’en 2017, le zoo de Beauval a procédé à plusieurs tentatives de réintroduction, dont deux femelles gorilles nées dans le zoo ramenées au Gabon en juin 2018. L’une des deux a été retrouvée morte…

Nombreux sont les zoologues qui affirment qu’il est très compliqué pour un animal né en captivité d’être réintroduits dans son environnement naturel, la plupart étant incapables de se nourrir seules fautes d’avoir appris les techniques de chasse.

Selon l’audit de sécurité réclamé par la préfecture, la responsabilité de ces incidents reposerait entièrement sur les conditions de transport désastreuses des animaux.

Les échanges d’animaux entre les établissements au sein de l’Union Européenne est un commerce qui manque de transparence. Que sait-on aujourd’hui du transfert des loups du zoo de Riga vers Ecozonia ? On suppose un transport trop long et inadapté, qui aurait induit un stress trop élevé pour ce type de prédateurs. On se demande pourquoi les informations contenues dans les bases de données ZIMS de l’organisation Species 360 ne sont pas publiques alors que des centaines de zoos utilisent cette application pour cataloguer tous leurs animaux ? Que de questions pour lesquelles nous n’avons aucune réponse, et qui de force alimentent la polémique autour de ce projet de parc animalier unique en Europe.

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Cyril Vaccaro a créé Ecozonia, après avoir été responsable de l’espace carnivore de la Réserve Africaine de Sigean. Il dit que son parc a pour but de préserver les espèces menacées de prédateurs, et son projet est soutenu par plusieurs parties : la Région Occitanie, le Fonds Tourisme Occitanie, la ville de Case-de-Pênes, et la Banque Européenne d’Investissements.

Sonia Gruaz & Denise Cabelli

Sources

France Bleu

L’indépendant

Midi Libre