Le trafic d’animaux sauvages sur les réseaux sociaux, un danger environnemental et sanitaire

Le trafic d’animaux sauvages représente la quatrième activité transnationale illicite au monde, juste derrière les stupéfiants, le trafic d’êtres humains et les contrefaçons. Cette activité génère plusieurs milliards de dollars et représente un véritable danger pour la faune sauvage et l’environnement.

Le trafic d’animaux sauvages sur les réseaux sociaux

La vente et l’achat d’espèces animales sauvages sont des activités très présentes sur les réseaux sociaux tel que Facebook. Cette plateforme est largement utilisée pour ce trafic via différentes pages et groupes publiques. On y retrouve tant des vendeurs que de potentiels acheteurs. Les animaux concernés y sont nombreux:  éléphants,  tigres, guépards,  perroquets ou encore pangolins. Cette liste n’est pas exhaustive et de nombreuses autres espèces animales sont menacées par cette pratique.

Facebook compte 2.9 milliards d’utilisateurs actifs de façon mensuelle. Il est donc important pour cette plateforme de contrôler les actions et contenus diffusés. En 2018, Facebook a rejoint la coalition pour mettre fin au trafic d’animaux sauvages en ligne et a commencé à créer des alertes pour mettre en garde ses utilisateurs à propos de ces pratiques illégales. Cependant ces actions s’avèrent insuffisantes. 

photo credit : Unsplash

Une étude d’Avaaz démontre que cette pratique est toujours fortement présente.

Des chercheurs d’Avaaz (une organisation non gouvernementale internationale de cybermilitantisme) ont mené une étude afin de voir si le trafic d’animaux sauvages était encore présent sur la plateforme Facebook et si l’accès à celui-ci était « facile d’accès » ou au contraire, bien contrôlé. Cette étude est cohérente avec les recherches publiées par l’ACCO (Alliance to Counter Crime Online) en 2020.

En 2 jours, les chercheurs ont trouvé 129 éléments potentiellement reliés à une activité illégale concernant le trafic d’animaux sauvages. Après cette recherche, l’algorithme Facebook a recommandé aux chercheurs une douzaine de groupes avec du contenu similaires, dont 76% violait clairement la politique de Facebook à propos de la vente et l’achat d’animaux sauvages.

Avant le signalement des post, le réseau social n’aurait supprimé que 13% des messages suspects contre 43% une semaine après leur signalement.

Selon Avaaz, la société devrait agir plus fermement pour contrôler et réprimer cette activité illégale présente sur leur plateforme. Parmi les actions qui devraient être prises on peut noter :

  • Renforcer les politiques de contrôle déjà existantes
  • Augmenter la modération du réseau social
  • Restreindre les recherches combinant les termes « espèces menacées » et «vente »
  • Revoir l’algorithme des recommandations de Facebook

photo credit : Inconnu – IFAW

Exemple du trafic au Myanmar

D’après WWF, le trafic illégal en ligne au Myanmar aurait augmenté de 74% de 2020 à 2021. Ce trafic concerne tant des animaux vivants que des parties de ceux-ci. Parmi les milliers de produits issus de la faune sauvage proposés à la vente sur les réseaux sociaux, 6 représentaient des espèces en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature), 7 autres espèces étaient classées « en danger » et 33 « vulnérables ».

Le docteur Eric Wikramanayake alerte sur le danger sanitaire de la situation. En effet, des animaux d’espèces différentes sont enfermés dans une même cage ou dans des cages très proches les unes des autres . En parallèle, on observe que la vente de viande sauvage se fait très rapidement et que la demande augmente. L’Asie est un endroit propice à l’apparition de zoonoses (maladies infectieuses qui se transmettent de l’animal à l’homme), ce trafic est donc très alarmant. Il augmente le risque de transmission de nouveaux pathogènes potentiellement responsables d’épidémies à grande échelle .

Quelques chiffres :

  • Plus de 11 046 produits issus de 173 espèces étaient en ligne pour la vente en 2021.
  • 96 % des posts concernaient des animaux vivants, dont 87% qui affirmaient que les animaux provenaient directement de l’état sauvage.
  • Le groupe de commerce en ligne le plus conséquent contient 19 000 membres et poste plus de 30 fois par jours.

Photo credit : Usplash

Conclusion :

Le trafic d’animaux sauvages en ligne, bien qu’illégal, est encore fortement présent sur les réseaux sociaux tels que Facebook. Les dispositions prises par les sociétés pour contrôler ces activités s’avèrent plus qu’insuffisantes et il est primordial de remédier à ce problème. Outre le coté répréhensible d’un point de vue éthique de cette pratique, elle représente également un danger pour la biodiversité puisqu’un grand nombre des espèces concernées par ce trafic sont en danger d’extinction. A cela s’ajoute le danger sanitaire résultant d’une forte interaction entre les espèces sauvages et l’homme, ce qui peut entrainer, comme nous avons déjà pu le voir, de graves pandémies.

Tiphaine CHARTIER

Sources :

https://secure.avaaz.org/campaign/en/wildlife_trafficking_facebook/

https://asiapacific.panda.org/?372899/going-viral-report

https://www.geo.fr/environnement/le-trafic-despeces-sauvages-prospere-sur-facebook-209295