Le nouveau rapport du GIEC fait froid dans le dos

Lire notre dossier sur le rapport de l'ONU en lien

Qu’est-ce que le GIEC ?

Selon le site Vie Publique du Gouvernement, « le GIEC est le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Créé en 1988 par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), il rassemble 195 États membres.

Lieu d’expertise synthétisant l’état des connaissances sur le changement climatique et le rôle de l’activité humaine, le GIEC publie des rapports scientifiques sur lesquels s’appuient les États pour trouver des accords dans la lutte contre le réchauffement.

Le bureau du GIEC rassemble ainsi les scientifiques de diverses nationalités et diverses disciplines. Le GIEC est par ailleurs composé de trois groupes de travail (aspects scientifiques du changement climatique ; impact et vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels ; solutions envisageables) et d’une équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre.

[…]

Le mandat du GIEC consiste à fournir une expertise aidant la prise de décision politique et servant de base aux négociations multilatérales, mais il n’est pas directement prescripteur ni ne prend part aux négociations autrement qu’au titre d’observateur. Aussi n’empiète-t-il pas sur les décisions souveraines des États. »

Retour sur les conclusions du premier volet du GIEC :

Le premier volet du rapport avait été publié en août 2021 et concluait déjà que le changement climatique était plus rapide que prévu avec une température globale moyenne de 1.5° d’ici 2030, soit 10 ans plus tôt que les estimations publiées dans la cinquième version du rapport du GIEC. La troisième partie sera, quant à elle, publiée en avril 2022 et se focalisera sur les solutions afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Le premier volet du rapport étudiait les mécanismes physiques du changement climatique (+1,09°C en 2021 depuis l’ère préindustrielle) sur les humains et les écosystèmes. Un des chiffres repris dans les médias était notamment la disparition de la moitié des aires de répartition des espèces animales et végétales. Le rapport démontrait également l’impact du changement climatique sur la santé humaine (pollution de l’air, émergence de nouvelles maladies et augmentation du taux de mortalité, etc.) et sur les ressources en eau et en nourriture notamment. Les conclusions démontraient que ces effets seraient irrémédiables même si les gouvernements signataires de l’accord de Paris arrivaient à leur objectif d’une limitation de la hausse des températures à 1.5°C. Les experts ont étudié différents scénarios sur les impacts de réchauffement climatique à des températures comprises entre 3.3 et 5.7°C. L’un des impacts étaient la montée des eaux menaçant près d’un milliard de personne vivant sur les côtes d’ici 2050. En effet, la tendance actuelle d’un réchauffement climatique compris entre 4 et 5°C précipite la fonte des calottes glaciaires depuis près d’une décennie ce qui entraine une hausse de 20 cm du niveau des mers. Or cette hausse irait jusqu’à un mètre d’ici 2100 et 2 mètres d’ici 2300 selon les prévisions du rapport !

Source : Twitter

Le premier volet du rapport pointe le coupable de ce changement climatique : l’humain. Selon le site Vie Publique du Gouvernement : « L’activité humaine est responsable sans équivoque du réchauffement climatique, qui provoque des changements rapides dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère. Les précédents rapports qualifiaient la responsabilité humaine d’« extrêmement probable » ». Selon les experts, la fonte des calottes glaciaires constituerait le point de rupture et aurait des conséquences dévastatrices, radicales et même irréversibles pour la planète et notre espèce. »

Sixième rapport du GIEC : volet 2

« Ce rapport est un terrible avertissement sur les conséquences de l’inaction », a affirmé l’économiste sud-coréen Hoesung Lee, président du GIEC.

Les conclusions de la deuxième partie, intitulée « impacts, adaptation et vulnérabilité », font tout autant froid dans le dos. Le groupe II du GIEC est chargé de faire la synthèse des travaux publiés en matière de changement climatique et des répercutions qu’il peut avoir sur l’environnement et les humains ainsi que des solutions qui s’offrent à nous pour y répondre. Le rapport a été produit par 270 auteurs et s’appuie sur près de 34 000 références bibliographiques

Selon le site de l’ONU : « Malgré les appels répétés à réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre, les conséquences du changement climatique s’accélèrent, conduisant à « une menace pour le bien-être humain et la santé de la planète », ont alerté lundi des experts de l’ONU sur le climat, qui notent qu’« agir maintenant peut assurer l’avenir » de la planète. »

Le rapport démontre clairement qu’avec le réchauffement climatique, des événements extrêmes seront plus intenses et plus fréquents : feux, canicules, inondations, pertes massives de la biodiversité etc. Même si tous les continents seront touchés, l’impact de ces événements sera inégal car il touchera les populations les plus défavorisées plus durement. Le continent africain sera le plus vulnérable alors que c’est celui qui contribue le moins aux émissions de gaz à effet de serre.  La mise en place d’une justice climatique est donc urgente car selon le rapport, près de la moitié de la population humaine (3.3-3.6 milliards) vit actuellement dans un contexte de grande vulnérabilité face au changement climatique (SPM.B.2 p.11).  Les experts soulignent également que les risques vont dans le sens de l’aggravation par rapport aux estimations précédentes et qu’ils sont de plus en plus complexes et difficiles à gérer car les effets se produisent en cascade et vont en s’emballant (SPM.B.5 P.18). Selon les experts, le monde n’est pas prêt pour survivre aux conséquences du changement climatique. « Les demi-mesures ne sont plus une option », a affirmé Hoesung Lee.

Ils soulignent également que, certes, certaines actions sont mises en place par les gouvernements pour tenter de répondre à l’urgence de la situation, cependant ces actions sont inégalement réparties dans le monde, manquent d’applications concrètes et ne concernent que le court terme. Autrement dit, il y a des divergences entre les discours et les actes, sans remise en question ni réelle transition en profondeur de nos modes de production ou de consommation (SPM.C.1 p.21).

Dans le résumé, le GIEC établit les conséquences du changement climatique par région et secteur (Figure SPM.2 page 9)

« Les preuves scientifiques sont sans équivoque : le changement climatique constitue une menace pour le bien-être humain et la santé de la planète. Tout nouveau retard dans l’action mondiale concertée fera passer à côté d’une fenêtre brève et qui se referme rapidement pour assurer un avenir vivable » (SPM.D.5.3 p.35)

Après avoir dressé un constat catastrophique, les experts proposent des solutions envisageables afin de réduire les effets du réchauffement climatique par contextes et secteurs (SPM.C.2 p23.), nos responsables politiques passeront-ils des paroles aux actes ?

Dans le résumé, le GIEC établit les conséquences du changement climatique par région et secteur (Figure SPM.2 page 9)

Ce nouveau rapport du GIEC reste « un recueil de la souffrance humaine et une accusation accablante envers l’échec des dirigeants dans la lutte contre les changements climatiques », a déclaré pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, pointant du doigt une « abdication de leadership criminelle ». « Les coupables sont les plus grands pollueurs du monde, qui mettent le feu à la seule maison que nous ayons », a-t-il dit.

Les impacts spécifiques sur l’Europe

Les conséquences spécifiques du changement climatique sur l’Europe sont abordées dans le chapitre 13 du rapport. Sans étonnement, les régions du sud du continent sont d’avantage vulnérables (augmentation des besoins de refroidissement et de la demande en eau, pertes de production agricole et pénurie d’eau).

Quatre risques clés ont été identifiés pour l’Europe, la plupart devenant plus sévères à 2°C par rapport à 1,5 °C dans des scénarios avec une adaptation faible à moyenne (probabilité élevée). A partir de 3°C et même avec une adaptation élevée, de graves risques subsistent pour de nombreux secteurs en Europe (probabilité élevée). Les risques identifiés sont : la mortalité et la morbidité des personnes et les perturbations des écosystèmes dues à la chaleur ; perte en production agricole due à la chaleur et à la sécheresse combinées ; pénurie d’eau dans tous les secteurs ; impacts des inondations sur les personnes, les économies et les infrastructures.

La perte de biodiversité est aussi étudiée pour 3°C avec l’évolution des niches écologiques (ch13 p.23)

 

Alexandra

Sources

https://www.vie-publique.fr/fiches/274836-quest-ce-que-le-giec

https://news.un.org/fr/story/2022/02/1115262

IPCC AR6 WGII Summary For Policymakers – 27 février 2022.

Rapport volet 2 : https://report.ipcc.ch/ar6wg2/

Rapport volet 1 : https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-i/

Aller plus loin :

https://lejournal.cnrs.fr/articles/nouveau-rapport-du-giec-sur-le-climat-la-situation-sest-significativement-aggravee

https://www.franceinter.fr/emissions/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-lundi-28-fevrier-2022