D’ici 2100, les 2/3 des ours polaires pourraient disparaitre avec la fonte de l’Arctique

Comme pour nombre d’espèces sauvages, les ours polaires vivent des heures sombres et subissent de plein fouet les changements climatiques générés par les activités humaines. Selon les scientifiques, au cours de ce siècle, la majorité de ces géants du monde polaire pourraient mourir si la banquise continue de fondre au même rythme qu’actuellement.

Les derniers chiffres annoncés par le rapport du GIEC sur les océans et la cryosphère* montrent des signaux très alarmants. Entre mi-mars 2019 et mi-avril 2019, en Arctique, il a été enregistré une augmentation moyenne de +6°C à +8°C par rapport aux températures normalement constatées. En septembre de cette même année, la banquise a finalement atteint une superficie de 4,15 millions de km2 alors que sa moyenne, en été, est de 5 millions de km2. Ceci en fait le 3ème record minimal jamais enregistré selon la NASA et le Centre national de données sur la neige et la glace (le 2ème record ayant été enregistré ensuite en 2020, le 1er en 2012).

La banquise arctique devient de plus en plus petite, de moins en moins épaisse accélérant encore sa fonte. Celle-ci devient, de ce fait, moins stable. Lorsqu’on connait le rôle majeur que cette étendue de glace a dans la régulation thermique des océans, lorsqu’on sait aussi la multitude de créatures qu’elle abrite, nous ne pouvons alors qu’avoir une grande inquiétude sur le devenir des animaux qui la peuplent comme de notre propre existence, tous autant que nous sommes, maillons de la chaîne du vivant.

Photo crédit : Pixabay

Pour les ours polaires, pour qui la banquise est leur habitat, leur permettant de chasser, de se reproduire… de vivre tout simplement, le constat est dramatique. Avec 23 000 ours polaires présents dans le monde entier, l’espèce est déjà classée vulnérable sur la liste rouge de l’UICN. Et leur nombre ne cesse de baisser. En effet, les conditions ne sont plus présentes pour le maintien de leur population à un niveau acceptable. Avec de moins en moins de glace, ils doivent dorénavant nager sur de trop longues distances et s’épuisent littéralement pour trouver de la nourriture ou un site pour pouvoir se reposer. Cet effort est parfois mortel pour les plus jeunes. Pour ceux qui survivent, affaiblis, ils deviennent moins fertiles. Les mères connaissent un taux de mortalité de leur progéniture plus élevé sachant que moins d’un jeune sur 2 arrive à l’âge adulte en temps normal. Les populations ne se renouvellent plus de ce fait. Dans la mer de Beaufort, par exemple, le nombre d’individus a chuté de 40% en 10 ans passant de 1500 à 900 ours.

Pour survivre, les ours polaires vont dorénavant au contact des humains pour trouver de la nourriture… ce qui a induit les Hommes en erreur. Certains ont pensé à tort que les ours étaient plus nombreux, d’où leur présence dans les villes. Alors que cette situation, contre-nature, est un sursaut de leur part pour ne pas disparaitre, affamé au possible.

Par notre activité, notre façon de vivre, nous accélérons le phénomène de réchauffement climatique ce qui altère les zones régulatrices et sensibles de notre planète comme le sont les pôles. Et nous amenons le plus grand prédateur terrestre à quémander quelques restes au grand banquet où nous prenons place, chaque jour, sans convier aucune espèce sauvage présente sur cette planète. C’est nous qui nous régalons et eux qui paient la note.

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A cet instant, il me vient cependant une réflexion. Un nourrisson, un humain qui viendrait à naître maintenant pourrait-il être assuré de se dire qu’à la fin de sa vie, dans 80 ans, il partagera la même planète que les ours polaires ? Rien n’est moins sûr… Est-ce que nos enfants devront alors contempler cet animal emblématique par le biais d’images d’archives ? De reportages passés ? Par notre immobilisme, par notre inaction, nous faisons disparaître des pans entiers de notre biodiversité dont nous sommes juste une composante. Ce que ce monde a su patiemment créer doit être protégé et non balayé en quelques décennies. Saurons-nous entendre l’appel au secours de toutes ces espèces que nous avons menées à la déchéance ? A nous de nous montrer à la hauteur des enjeux, sans plus attendre…

* Cryosphère : toutes les portions de la surface des mers ou terres émergées où l’eau est présente à l’état solide

Mickaël Paul

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Sources

https://www.theguardian.com/world/2019/sep/29/polar-bears-arctic-sea-ice-environment

https://polarbearsinternational.org/profiles/dr-steven-c-amstrup