De nombreux laboratoires utilisent des singes dans le cadre d’expérimentations animales, un peu partout dans le monde. Ces singes sont capturés en pleine nature, majoritairement en Asie ou à l’île Maurice, puis transportés en avion dans des conditions déplorables jusqu’à destination (notamment vers l’Europe et les Etats-Unis) ou servent à la reproduction pour fournir les laboratoires. De 2008 à 2009 par exemple, l’île Maurice a exporté plus de 2 700 singes vers la Grande-Bretagne et plus de 7 000 vers les Etats-Unis.
Si beaucoup de grandes compagnies aériennes, et certaines plus petites ont arrêté cette pratique, Air France a continué cette pratique qui existe depuis 1996. PETA a accusé à de nombreuses reprises la société de transports aériens : une première fois en 2011, puis à nouveau en 2014. Cette même année, l’institut Jane Goodall avait adressé une lettre à la compagnie aérienne, laissée sans réponse.
« […] J’ai été troublée d’apprendre récemment qu’Air France est la dernière compagnie aérienne de passagers dans le monde qui continue à transporter des singes destinés à l’expérimentation. Si je comprends bien, Air France expédie des milliers de singes chaque année en provenance d’Asie et de l’Île Maurice pour des laboratoires et des fournisseurs de laboratoire en France, aux États-Unis et dans d’autres pays. Je vous supplie de mettre un terme à votre participation à ce commerce cruel […] »
En 2020, une nouvelle enquête réalisée par l’association Animal Testing montre que le transport des primates est toujours en vigueur. Parfois, les animaux ne font que transiter sur le territoire Français avant d’arriver à destination dans des laboratoires situés aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Unis… Bien que les transports soient légaux, ils sont réalisés dans des conditions déplorables, qui sont dénoncés par l’association. Les singes ne sont d’ailleurs pas les seuls animaux « de laboratoire » à souffrir de ces vols.
En 2022, Air France s’est enfin engagé à arrêter ces transports. Si aucune date n’a pu être annoncée, la compagnie affirme mettre en place cette disposition dès la fin de ses engagements contractuels. Cette décision fait suite aux actions de multiples associations comme PETA, Action for primates, Stop Camarles, One Voice, BUAV mais aussi de membres de coalitions européennes.
D’autres plateformes ou compagnies sont maintenant visées par les associations, comme Silabe (En lien avec L’université de Strasbourg) ou encore EgyptAir.
L’expérimentation animale est une pratique encadrée par la loi, sensée prendre en compte la sensibilité de l’animal, celui-ci étant reconnu comme être sensible depuis 2016 dans le code civil. En Europe, les animaux sont utilisés en recherche fondamentale de Biologie, pour des essais toxicologiques, pour la recherche médicale…
De nombreux animaux sont concernés, majoritairement des souris, des rats, des poissons mais aussi des singes. A noter que les grands singes sont protégés de ces expérimentations mais pas tous les primates, tels que les macaques.
En 2010, une échelle de sévérité a été établie pour établir les refus ou l’autorisation de l’expérimentation. Elle se décline en quatre catégories :
- Légère: douleur, souffrance ou angoisse légères et de courte durée sans incidence sur le bien-être
- Modérée: douleur, souffrance ou angoisse modérées de courte durée ou légère de longue durée avec incidence modérée sur le bien-être
- Sévère: douleur, souffrance ou angoisse intenses ou modérées de longue durée avec incidence grave sur le bien-être
- Sans réveil: procédure sous anesthésie générale sans reprise de conscience
Avant de lancer un projet expérimental, un chercheur doit présenter devant un comité d’éthique son projet, et démontrer qu’il n’existe pas de méthode de remplacement équivalente. Toute expérimentation doit respecter 3 grands principes appelés « les trois R » :
- Remplacerl’animal vivant (in vivo) par des modèles in vitro (cellules…) ou in silico (bioinformatique)
- Réduirele nombre d’animaux par le rejet des études non-indispensables, l’utilisation de statistiques, la limitation des répétitions inutiles via l’homogénéisation des législations internationales et le partage des résultats.
- Raffinerles méthodes expérimentales par le choix réfléchi des modèles et des protocoles, l’enrichissement du milieu de vie des animaux, la formation appropriée des personnels en contact avec les animaux.
L’expérimentation animale, malgré les questions éthiques qu’elle soulève, est souvent présentée comme indispensable bien que la transposition de phénomènes biologiques d’une espèce animale à une autre (ici l’homme) présente ces limites. De plus en plus, l’utilisation de méthodes alternatives se développe et est encouragée.
Tiphaine
Sources :
https://www.inserm.fr/modeles-animaux/reglementation-et-dispositif-ethique-experimentation-animale/