Retour sur la COP 27, la conférence des Nations unies sur les changements climatiques 2022

La Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27) s’est tenue du 6 au 20 novembre 2022 à Charm El-Cheikh, en Égypte.  Il s’agit de l’un des plus grands rassemblements annuels mondiaux concernant l’action climatique.

Après deux semaines de négociations, les parties se sont engagées à un ensemble d’accords, y compris une décision historique d’établir un fond pour les pertes et dommages afin de fournir une aide financière aux pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques. Malheureusement, la COP27 a laissé à la communauté internationale un goût amer. Les négociateurs ne sont pas parvenus à s’entendre sur l’élimination progressive des combustibles fossiles.

Selon le site des Nations Unies : « Dans un contexte géopolitique difficile, la COP 27 a permis aux pays de prendre un ensemble de décisions qui réaffirment leur engagement à limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. ».Cependant , un millier de scientifiques de 47 pays affirment dans une lettre ouverte publiée en octobre 2022, dont certains auteurs des rapports du GIEC : « Continuer d’affirmer publiquement qu’il est toujours possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C n’est plus acceptable »

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Le site du Ministère de l’Écologie énonce les avancées suivantes :

Un fond pour les risques climatiques :

« Un bouclier global contre les risques climatiques est lancé conjointement par le G7 et le V20 (club des pays vulnérables) pour améliorer la protection financière des pays les plus touchés. La France prévoit de soutenir le bouclier global par une contribution de 20 M€ par an, aux côtés de l’Allemagne et d’autres contributeurs membres du G7 et de l’Union européenne. »

Cependant, rien n’est précisé quant à la mise en place du fond ou les financements. Il est intéressant de rappeler que les pays qui sont le plus touchés par le changement climatique sont ceux qui émettent le moins de gaz à effet de serre.

Réserves vitales de carbone et de biodiversité :

« À l’initiative du président de la République, et en coopération avec les États-Unis et la Chine, un événement One Planet consacré aux réserves vitales de carbone et de biodiversité s’est tenu le 7 novembre à la COP27. Ces espaces, comme les forêts anciennes, les tourbières ou les mangroves, sont à la fois des stocks naturels de carbone et des espaces riches en biodiversité. Pour les préserver, les dirigeants internationaux ont annoncé leur volonté de travailler ensemble à la constitution de Partenariats pour la conservation positive (Positive Conservation Partnerships – PCP). La tenue d’un sommet One Planet sur les enjeux forestiers à Libreville (Gabon) en mars 2023 a également été décidée. »

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Fonds marins :

« Le 7 novembre, le président de la République annonce que la France soutient l’interdiction de toute exploitation des grands fonds marins et qu’elle entend porter cette position dans les enceintes internationales. La France rejoint ainsi les pays (Allemagne, Espagne, Nouvelle-Zélande, Panama, Costa Rica, Chili, États insulaires du Pacifique…) souhaitant un moratoire de précaution sur l’exploitation des fonds océaniques. »

Énergies fossiles :

« La France, qui accompagne déjà les pays émergents dans une « transition climatique juste », a rappelé le 7 novembre qu’elle investira 1 milliard d’euros pour aider l’Afrique du Sud à sortir du charbon. Ce soutien financier et technique a vocation à s’intensifier et s’élargir à d’autres pays comme l’Indonésie, l’Inde, le Sénégal et le Vietnam. »

Cependant, Il n’y aurait pas d’engagement des principaux émetteurs mondiaux des gaz à effet de serre à réduire progressivement les combustibles fossiles

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Atténuation des émissions

Le constat du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son 6e rapport d’évaluation (volume 3, avril 2022) est alarmant : même si les engagements actuels de tous les pays du monde sont respectés d’ici 2030, l’objectif de réchauffement global de 1,5 °C prévu par l’Accord de Paris reste hors de portée et celui de 2 °C nécessitera une réduction drastique des émissions de tous les gaz à effet de serre d’ici 2030.
Le Pacte de Glasgow qui avait été  adopté à l’issue de la COP26, avait  déjà exhorté tous les pays dont la trajectoire de réduction des émissions n’était  pas compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris, à présenter une nouvelle contribution déterminée au niveau national (CDN) avant fin 2022. Dans la continuité, l’objectif pour la COP27 sera d’établir un programme de travail sur l’atténuation robuste et d’obtenir une ambition climatique renforcée des pays les plus en retrait, en particulier parmi les grands émetteurs.

Cependant, notre partenaire World Federation for Animals avance le fait que même si la COP27 reconnait l’agriculture et les systèmes alimentaires en tant que composante de l’action contre le changement climatique, elle n’a toujours pas réussi traiter le sujet de l’élevage industriel et de ses conséquences. En effet, les émissions des animaux d’élevage dans le système alimentaire représentent au moins 14,5 % des émissions anthropiques mondiales de gaz à effet de serre (GES), principalement du méthane et de l’oxyde nitreux. Un rapport publié lors de la COP27 montre que les émissions combinées de méthane de 15 des plus grandes entreprises mondiales de viande et de produits laitiers dépassent de loin l’empreinte méthane totale de bon nombre des pays les plus émetteurs de méthane au monde. Pourtant, l’engagement méthane, signé par plusieurs nouveaux pays, ne couvre pas l’élevage.

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De plus, les cultures destinées à produire de la nourriture pour les animaux de ferme utilisent 40 % des terres arables dans le monde. La production d’aliments pour approvisionner l’élevage intensif et la demande de viande et d’autres produits animaux est l’un des principaux moteurs du changement d’affectation des terres, y compris la déforestation en Amazonie. Une telle conversion des écosystèmes naturels qui sont des  puits de carbone naturels  en terres cultivées est donc particulièrement préjudiciable à l’environnement et l’ensemble de la biodiversité.

La prochaine COP se tiendra à Dubaï en novembre 2023, au sein des Emirats arabes unis dont la richesse est directement liée aux énergies fossiles, ce qui fait craindre des avancées encore bien timorées. Y seront notamment discutés le fonctionnement et l’abondement du nouveau fonds « pertes et dommages ». La COP 28 aura aussi pour objectif de dresser un bilan mondial des efforts de chaque pays et du mécanisme d’évaluation de l’Accord de Paris.

Alexandra

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Sources

https://unfccc.int/fr/cop27

https://www.ecologie.gouv.fr/cop27

https://reporterre.net/IMG/pdf/communique_scientifiques-27_octobre_2022.pdf

https://signon.scientistrebellion.com/

https://unfccc.int/fr/news/la-cop-27-parvient-a-un-accord-decisif-sur-un-nouveau-fonds-pertes-et-prejudices-pour-les-pays

https://unfccc.int/cop27/auv

https://www.lagazettedescommunes.com/836717/cop-27-ce-quil-faut-en-retenir/

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/cop/direct-cop27-accord-historique-pour-l-aide-aux-pays-pauvres-mais-pas-d-acceleration-dans-la-lutte-contre-le-rechauffement-climatique_5488197.html

https://reporterre.net/Les-quatre-enjeux-cles-de-la-COP-27

https://wfa.org/wp-content/uploads/2022/11/UNFCCC-WG-Position-Paper-Nov.-2022.pdf

https://wfa.org/cop-27-continued-to-ignore-the-role-of-animals-in-climate-change/

https://www.inrae.fr/actualites/changement-climatique-agriculture-alimentation-ou-sommes-nous-apres-cop27