Projet de loi en Allemagne : Une interdiction partielle de la faune sauvage dans les cirques

Le projet de loi

Le jeudi 19 Novembre 2020, la ministre fédérale de l’Agriculture Julia Klöckner a présenté un projet de loi pour une interdiction de certains animaux sauvages dans les cirques.

Ce projet vise à interdire aux cirques ambulants de se procurer de nouveaux éléphants, rhinocéros, hippopotames, singes, ours et girafes pour leurs spectacles.

La détention de grands félins, comme les tigres ou les lions, reste cependant autorisée.

Le règlement fixe également des exigences concernant la détention de la faune sauvage dans les cirques, toutes espèces confondues.

L’hébergement doit ainsi être adapté à l’animal, le transport doit s’effectuer dans des conditions appropriées et être limité dans sa durée autant que possible, le soin doit être apporté aux animaux par des personnes qualifiées et les conditions d’entraînement selon l’âge, la prédisposition, la volonté de réaliser un tour, la résilience physique et le niveau d’entraînement doivent être prises en compte.

Les félins, écartés du projet

Le projet pourrait à l’avenir s’étendre à d’autres animaux.

En attendant, le gouvernement allemand justifie l’autorisation de continuer à exploiter les félins dans les cirques par un manque de faits scientifiques définissant leur bien-être en captivité.

Selon la ministre de l’Agriculture, une potentielle action en justice ne pourrait aboutir qu’avec des bases scientifiques solides.

Ceux qui s’opposent à ce projet de loi mettent en avant le fait que le dressage et les spectacles procurent suffisamment d’exercice physique et de stimulation cognitive aux animaux des cirques.

Pourtant, il est largement reconnu aujourd’hui que les animaux sauvages en captivité peuvent souffrir physiquement et mentalement, surtout s’ils vivent dans des conditions non adaptées à leurs besoins biologiques.

« Alors que les zoos et les parcs animaliers doivent répondre à certaines exigences minimales du soi-disant rapport sur les mammifères, celles-ci ne s’appliquent même pas aux animaux du cirque », déclare James Brückner de l’Association Allemande de Protection des Animaux. C’est-à-dire que les conditions minimales étant censées garantir le bien-être animal dans un zoo ou parc animalier, peuvent légalement ne pas être respectées dans les cirques.

Dans un cirque itinérant, les animaux sont constamment transportés dans des camions sur de longues distances. Leur dressage implique des punitions physiques et mentales répétées. Ils sont ensuite forcés à réaliser des tours contre nature pour divertir le public. Quand ils ne font pas partie du spectacle, ils sont gardés dans des cages étroites, le plus souvent sur du béton et parfois même enchainés.

Les félins ne sont évidemment pas exclus de ce constat. 

Selon l’agent d’État chargé du bien-être animal, Dr. Madeleine Martin, les faits scientifiques sont bien présents mais tout simplement ignorés. Elle dénonce une fois de plus l’inaction de la ministre fédérale de l’Agriculture sur ces sujets qui ne sont pas abordés.  

Une prise de conscience bien tardive

Face à la présence grandissante du sujet du bien-être animal en captivité au sein du débat public, le gouvernement allemand a enfin décidé d’agir. Mais pour beaucoup, cette prise de conscience que l’animal sauvage n’a pas sa place dans un cirque arrive bien tardivement.

Cela fait plus de 20 ans que le Conseil fédéral, les experts, les vétérinaires, les défenseurs des droits des animaux appellent à interdire l’exploitation de la faune sauvage dans les cirques allemands.

Même si la plupart des cirques prétendent bien s’occuper de leurs animaux, la question de leur bien-être pose problème et attire l’attention du public.

En Allemagne, le nombre de villes et municipalités ayant interdit les cirques itinérants utilisant la faune sauvage de se produire chez eux, n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années.

Certains cirques, notamment les plus grands et les plus célèbres, ont rapidement cessé d’utiliser la faune sauvage. Le cirque Roncalli est même allé plus loin en innovant et en la remplaçant par des hologrammes d’animaux. Les petits cirques familiaux ont, eux, plus de mal à s’adapter craignant pour leur survie.

Un projet de loi incomplet  

Selon Undine Kurth, la vice-présidente du German Nature Conservation Ring, l’expertise des militants de la cause animale a été laissée de côté lors de la rédaction du projet.

Même si ce nouveau règlement est un grand pas en avant pour la faune sauvage captive, treize organisations Allemandes de protection animale l’ont déjà critiqué, le jugeant insuffisant.

Dans une lettre conjointe adressée à la ministre, ils appellent à des améliorations du projet de loi.

« Nous révélons régulièrement de graves abus de protection des animaux dans les cirques », rapporte Denise Schmidt de FOUR PAWS. « Par conséquent, ces animaux ont un besoin urgent d’une solution rapide ».

Ainsi, les militants de la cause animale réclament que les individus appartenant aux espèces visées par ce projet, et actuellement détenus dans les cirques, soient remis dès que possible à des refuges ou sanctuaires appropriés, plutôt que de continuer leur triste vie dans un cirque.

Sans surprise, ils demandent également l’interdiction de tous les animaux sauvages dans les cirques, quelle qu’en soit l’espèce.

Malgré cette interdiction partielle, l’Allemagne fait toujours partie des deux derniers pays européens (avec la Lituanie) autorisant l’exploitation d’animaux dans les cirques – la France ayant enfin annoncé la fin de l’utilisation de tout animal sauvage dans le domaine du divertissement le 29 Septembre 2020.  

Camille

Sources

BrachinaImagePress.de (Traduit avec Google Translate)

Donaukurier  (Traduit avec Google Translate) 

Zdf (Traduit avec Google Translate) 

Aktionsbündnis – Tiere gehören nicht zum Circus