L’extraction du venin et le commerce d’animaux exotiques accélèrent l’extinction des scorpions

Comprenant plus de 2500 espèces, les scorpions sont des Arthropodes existant depuis 430 millions d’années et occupant des habitats très variés tels que les forêts tropicales et tempérées, les savanes, les déserts, … Ce sont des prédateurs qui utilisent leur venin pour paralyser leurs proies ou se défendre. Malgré leur mauvaise réputation, la plupart sont inoffensifs pour les humains (moins de 50 espèces ont un venin nocif). Ils causeraient cependant chaque année 100 000 envenimations dont 200 décès.

L’utilisation de venin de scorpion est fréquente et très prometteuse dans l’industrie pharmacologique, la recherche biomédicale, la biotechnologie, … Ces dernières années, l’intérêt économique pour le venin a conduit à une augmentation spectaculaire du nombre de scorpions récoltés dans la nature et du nombre de personnes impliquées dans ce commerce (Afrique et Asie).

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Par exemple, sur les réseaux sociaux en Iran, il a été annoncé que le litre de venin de scorpion coûtait 10 millions de dollars. Cette allégation a entraîné le développement de nombreuses fermes illégales de scorpions et d’entreprises impliquées dans le commerce, causant ainsi une plus grande pression sur les populations de scorpions alors menacées pour certaines d’extinction. Certaines fermes abritant jusqu’à 12 000 scorpions sont apparues. La plupart voire la totalité sont capturés à l’état sauvage malgré les affirmations contraires.

Comme les scorpions brillent sous une lampe UV, il est facile de les récolter la nuit. Ainsi, des milliers peuvent être recueillis en une seule nuit et des collectes répétées peuvent rapidement dénuder une zone de scorpions.

Cette récolte non durable ne peut sûrement pas être contrée par des programmes de reproduction en captivité que ce soit pour l’extraction commerciale de venin ou la conservation étant données les exigences écologiques spécifiques des scorpions et la reproduction relativement lente de ces espèces (maturité sexuelle atteinte tardivement).

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La pression exercée sur les populations pour l’extraction de venin s’ajoute aux menaces existantes comme la destruction et la dégradation de leur habitat, le commerce d’animaux exotiques et l’industrie alimentaire. L’avenir de plusieurs espèces de scorpions est ainsi en grand danger surtout pour les espèces endémiques.

De plus, selon les fermes, la qualité du venin extrait n’est pas toujours assurée (haute probabilité de mélange de venin de scorpions hétérospécifiques). Certains fournisseurs refusent alors le venin dont la provenance est douteuse et celui-ci est jeté. La mise en péril de la biodiversité est par conséquent inutile.

Le secteur de l’extraction de venin n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres de la surexploitation des ressources naturelles. Celle-ci n’est pas durable et est un facteur majeur du péril de la biodiversité. L’IPBES estime que plus d’un million d’espèces risquent de disparaître au cours des prochaines décennies.

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On estime que 80% des organismes vivants sur Terre sont encore inconnus et les espèces de scorpions sont elles aussi peu échantillonnées. Malgré un commerce international massif, seules 5 espèces sont protégées par la CITES 2020. Chaque année des dizaines d’espèces sont découvertes. La recherche joue un rôle essentiel dans la protection de la biodiversité. Les études permettent de comprendre et ainsi d’informer de la situation critique des scorpions et de celle de nombreuses espèces.

Dans les pays ayant durci les réglementations, comme l’Iran ou le Pakistan, l’extraction de venin de scorpion continue de s’intensifier illégalement. Les autorités manquent en effet d’expertise, ce qui rend difficile l’identification des espèces autorisées.

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C’est pourquoi d’autres actions doivent être mises en place ou étendues urgemment par les gouvernements, les collectivités et les instituts de recherches : les relevés faunistiques, l’élaboration de listes nationales d’espèces endémiques, l’inscription des espèces sur la liste rouge de l’IUCN, l’éducation des communautés locales, l’arrêt de délivrance de permis pour la collecte de scorpions.

Solene Rabeyrin

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Glossaire :

IPBES = Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services éco systémiques

CITES = Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage

IUCN = Union internationale pour la conservation de la nature

Sources :

https://bioone.org/journals/arachnologische-mitteilungen/volume-61/issue-1/aramit6103/Amateur-venom-extraction-business-may-hasten-extinction-of-scorpions/10.30963/aramit6103.full

https://www.utu.fi/en/news/press-release/venom-extraction-and-exotic-pet-trade-may-hasten-the-extinction-of-scorpions