Le changement climatique modifierait la morphologie des animaux

Photo credit : Site internet Batraciens et reptiles

Les augmentations de température entraîneraient des modifications de taille de différents appendices comme les becs des oiseaux qui deviendraient plus gros, les queues plus longues et les oreilles plus larges. Il faut cependant préciser que les augmentations de tailles de ces appendices restent pour l’heure « assez faibles,  moins de 10 % en général »,

Il en est ainsi par exemple pour l’éléphant d’Afrique dont les larges oreilles lui permettent de réguler sa température corporelle, et de supporter ainsi des températures supérieures à 40 °C. A l’inverse, son cousin d’Asie, qui vit dans les forêts et donc à l’ombre, a des oreilles plus petites.

Avant le début de la crise climatique, ces modifications morphologiques étaient attribuées à des changements d’habitats des animaux ou à des modifications de leur régime alimentaire.

Mais selon une étude publiée mardi 7 septembre dans la revue scientifique américaine « Trends in Ecology and Evolution » comprenant des examens approfondis d’archives de musées, il a été mis en évidence une « variable commune » à toutes ces évolutions : le changement climatique et il apparaît clairement que ces modifications morphologiques touchent des espèces très éloignées les unes des autres, sur toute la surface du globe.

Photo credit : Junco ardoisé (Junco hyemalis) – Wikipédia

Il s’agit d’une adaptation pour survivre MAIS elle se produit dans un laps de temps beaucoup plus court que ce qui devrait normalement se passer dans l’évolution animale.

La pression est énorme, certaines espèces n’auront pas le temps de s’adapter.

Pour rappel, les oreilles ou le bec jouent un rôle important dans la régulation de la température interne des organismes à sang chaud.

Ainsi, les éléphants africains par exemple pompent-ils le sang chaud jusqu’à leurs oreilles avant de les agiter pour dissiper la chaleur et les oiseaux utilisent un processus similaire avec leur bec lorsqu’il fait chaud.

De grandes oreilles ou un grand bec sont donc des avantages dans les environnements plus chauds.

Ce principe est illustré par la règle d’Allen nommée d’après le zoologiste américain Joel Allen qui a constaté dans les années 1870 que les animaux endothermes des climats froids avaient tendance à présenter des appendices plus petits que ceux des climats chauds. Sa théorie a depuis été appuyée par plusieurs études menées chez les mammifères et les oiseaux.

Le Junco ardoisé (Junco hyemalis), par exemple, espèce d’oiseau nord-américaine qui a révélé une association étroite entre une hausse de la taille du bec et les extrêmes de température à court terme dans les environnements froids.

En ce qui concerne les mammifères, on a noté par exemple chez la chauve-souris Hipposideros armiger, originaire d’Asie,  une augmentation de 1,64% de la taille des ailes depuis 1950. Et sur  la même période, la musaraigne cendrée (Sorex cinereus) qui évolue en Amérique du Nord, a elle vu sa queue et ses pattes gagner significativement en longueur.

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Il convient cependant de rester prudent dans les conclusions, ces organes ayant d’autres fonctions que la thermorégulation, il est donc difficile d’attribuer avec certitude les modifications de morphologie au seul facteur de hausse des températures.

Il existe cependant de nombreux exemples venant corroborer la théorie, comme celui des passereaux des Galapagos appelés Geospiza fortis;la taille du bec avait évolué en fonction de celle des graines qui est-elle même  influencée par les pluies. En examinant les données disponibles, les chercheurs ont confirmé que les intempéries déterminaient bien la taille du bec.

De façon générale, on observe que les oiseaux au bec plus court sont moins susceptibles de survivre aux étés plus chauds.

Mais en résumé, si la cause exacte reste difficile à déterminer, le fait que ces variations se produisent à travers de vastes régions géographiques et sur une grande variété d’espèces appuie la thèse de la responsabilité du changement climatique et de la hausse des températures associée. Et donc d’une forme d’adaptation des animaux face au bouleversement climatique.

Le changement climatique est  un « phénomène complexe et à multiples facettes » qui se produit normalement de façon progressive.

Actuellement, toutes ces modifications rapides sont plutôt un signe « alarmant » que positif

Cela signifie simplement que les animaux évoluent mais personne ne sait  s’ils vont être capables de continuer au fur et à mesure que la crise climatique s’aggrave », ni si ces modifications sont réellement bénéfiques pour leur survie.La crise est en train de pousser les animaux à évoluer ainsi, sur un délai relativement court », bien plus court en tout cas que ce qui se serait produit sur l’échelle de temps de l’évolution.

Julie Guinabaud

Sources

https://www.geo.fr/environnement/certains-animaux-modifient-la-taille-de-leurs-appendices-pour-faire-face-au-changement-climatique-206187

https://www.cell.com/trends/ecology-evolution/fulltext/S0169-5347(21)00197-X

https://www.nouvelobs.com/planete/20210910.OBS48479/queues-becs-oreilles-le-changement-climatique-modifie-aussi-la-morphologie-de-certains-animaux.html