Histoire des zoos

Qu’est-ce qu’un zoo ? Quelques définitions

Une ménagerie est un établissement historique pour maintenir et présenter des animaux sauvages et exotiques, en captivité sous garde humaine, et donc un prédécesseur du jardin zoologique moderne. Le terme a été utilisé, en premier au XVIIe siècle en France, à l’origine pour la gestion d’une ferme ou des animaux domestiques, puis entre 1664 et 1680 pour désigner principalement une collection animale aristocratique ou royale (par exemple la Ménagerie royale de Versailles). Le dictionnaire de l’Académie française (1684) désigne la ménagerie comme « un emplacement où les princes tiennent des animaux étrangers et rares ». Le terme et le sens seront repris au 18ème siècle dans le reste de l’Europe[1] et remplacera peu à peu le terme sérail. 

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Le terme exotique serait apparu au 16ème siècle dans la littérature française pour « qualifier les objets venus des terres étrangères et lointaines. ».

Ainsi, Rabelais semble avoir été le premier à utiliser ce terme en 1552 « lorsqu’il décrit les foires du port de l’île de Médamothi qui exhibent divers tableaux, diverses tapisseries, divers animaux, poissons, oiseaux et autres marchandises exotiques et pérégrines apportés par les marchands d’Asie et d’Afrique »[2].

« La fabrication de l’exotisme », construction occidentale imposée comme norme, largement calquée sur la géographie impériale qui signifie l’altérité lointaine, étrange mais mise en scène et domestiquée, fascinante mais inférieure. »[3]

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Histoire des zoos

Tout au long de l’histoire, les hommes ont fait usage des animaux sauvages comme sources d’amusement, démonstrations de pouvoir et de statut social, de luxe ou encore pour des rituels religieux.

Il est difficile de dater précisément les origines de la captivité des animaux sauvages, cependant, des historiens pensent que les chasseurs du néolithique enfermaient déjà du gibier dans des parcs avec pour but de les déplacer dans d’autres régions et de contrôler leur reproduction.

Les premiers zoos dateraient de l’Égypte ancienne, époque durant laquelle il était courant d’offrir des animaux rares aux dignitaires étrangers. Cette pratique, notons-le, perdure encore aujourd’hui.

Alexandre Le Grand possédait sa propre ménagerie tandis qu’à peu près à la même époque, des philosophes grecs, tels Platon ou Aristote, passaient leur temps à discuter de la prééminence de la race humaine sur les autres espèces. Cicéron écrivait à ce propos : « Nous, les Humains, sommes les maîtres absolus de tout ce que la terre peut produire !». Sous la loi romaine, les animaux étaient déjà privés de tout droit et simplement considérés sous l’angle du seul intérêt humain.

Les Romains, d’ailleurs, créèrent un nouveau genre de distractions : les cirques ! Des centaines de milliers d’animaux sauvages, lions, tigres, éléphants, ours, étaient forcés de se battre ensemble ou contre des humains et faisaient l’objet de chasses simulées. On interrompit pourtant assez vite le massacre des éléphants sous les protestations de la foule : l’expression de leur désarroi, leurs larmes lors de ces horribles mises à mort, se révélaient décidément trop cruelles à regarder, même pour le peuple romain !

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Ces jeux bizarres se poursuivirent néanmoins pendant plus de cinq cents ans…

Les monarques détenaient des animaux exotiques dans des sortes de ménageries ou « sérail » afin de démontrer leur puissance et leur richesse via l’exposition de ces animaux ou leur mise en scène lors d’affrontements. Ainsi nous pouvons citer François Ier à Amboise, Henri II au château de Saint Germain, Charles IX au Louvre ou encore Henri IV aux Tuileries.

Comme le résument si bien Eric Barathay et Elisabeth Hardouin-Fugier dans leur ouvrage : « Si les ménageries proclament la victoire de l’humain sur le sauvage par l’emprisonnement des bêtes, les combats confirment cette domination en réduisant l’un à se produire pour le plaisir de l’autre. »

Le commerce des animaux sauvages passe par les ports de la Méditerranée, ceux de l’Atlantique ou des mers du Nord, principalement sous l’impulsion des puissances maritimes de l’époque : Portugal, Pays-Bas, Angleterre.

Au 18ème siècle, les marchands travaillent avec des scientifiques chargés de collecter des bêtes exotiques dans les contrées lointaines pour le compte des nobles.

L’évolution des mœurs sociétales vers un contrôle de soi et de ses émotions ainsi que davantage de rationalité, entraînent également une évolution dans l’usage des animaux et la notion du « sauvage ».

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La Renaissance

Il est intéressant de noter que cette période est teintée d’émerveillement face à la nature et ses œuvres. Le développement des explorations aux quatre coins du globe permet de rapporter en Europe des découvertes extraordinaires. Aussi la redécouverte via l’imprimerie d’œuvres classiques qui magnifient des animaux comme on peut le lire dans les Métamorphoses d’Ovide, rend le sauvage presque mystique, singulier.

Le désir de collectionner ces « naturalia » se développe au travers de l’Europe. On crée ainsi les cabinets de curiosité dans lesquels les riches de l’époque entreposent leurs collections de créatures et d’objets rares, précieux et curieux , sans classement rationnel. Les scientifiques et savants s’intéressent de près à ces choses étranges, et les cabinets commencent à se rationaliser et à se spécialiser à la fin du 16ème siècle, donnant naissance aux cabinets d’histoire naturelle.

Par mimétisme social, cette pratique se diffuse parmi les échelons sociaux suivants : aristocratie, noblesse et bourgeoisie, faisant augmenter la demande et donc baisser le prix des « marchandises ».

Au 16ème siècle par exemple, les perroquets et les aras importés d’Amérique du Sud sont parmi les animaux les plus prisés. La collection des oiseaux occupe une part spéciale dans la collection d’animaux par les humains. Au 17ème et 18ème siècle, « les traités sur les oiseaux se multiplient pour apprendre aux propriétaires les manières d’éviter une mort souvent prompte et la disparition d’un investissement important »[4].

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Comme le mentionnent Eric Barathay et Elisabeth Hardouin-Fugier, « les oiseaux apparaissent comme des œuvres d’art de la nature et l’engouement qu’ils suscitent illustrent le raffinement croissant des Cours occidentales[5]. »

Les autres espèces sont tout de même assez rares dans les collections et sont réservées aux plus fortunés. On peut ainsi citer des éléphants, camélidés, crocodiles ou encore l’un des premiers orang-outang arrivés en Hollande vers 1640. L’intérêt pour des humains « sauvages » est également présent via la présentation d’indiens ou de monstres humains dans les cours.

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Les premiers zoos modernes

La séparation des animaux selon leurs usages s’accélère au 17ème siècle lorsque Louis XIV fait créer des séparations dans les lieux de détention des animaux : un sérail sera occupé par des bêtes féroces à Vincennes pour l’organisation de combats. A Versailles se trouvaient des bêtes exotiques, rares et curieuses.

Cette division de l’espace crée un précédent en Europe et sera copiée et répliquée un peu partout sur le continent.

Les spectacles de bêtes féroces sont peu à peu délaissés et les fauves intègrent les ménageries de curiosité à partir de la fin du 17ème siècle.

La première ménagerie moderne d’Occident aurait été créée par l’architecte Le Vau pour le roi Soleil au 17ème siècle à Versailles. « Elle ne renferme que des animaux rares et curieux uniquement destinés au regard, mais elle met fin à leur habituelle dispersion en les rassemblant en un seul endroit pour mieux les exhiber. »[6] L’idée étant d’assister au spectacle d’une nature en représentation. Comme le mentionnent Eric Barathay et Elisabeth Hardouin-Fugier : « La ménagerie constitue l’un de ces lieux théâtralisés et offre comme les autres un spectacle de rêve, celui des merveilles de la nature, une réalité rarement vue, alors qu’ailleurs, les opéras ou les pièces racontent des situations humaines d’exception. C’est pourquoi, elle semble avoir été traitée selon les règles littéraires et architecturales du théâtre moderne (…) : unité de temps et de lieu (…) ce qui traduit le rassemblement des bêtes en un seul point, utilisation pour cela de la perspective et du plan radial qui permettent de créer un décor réel et d’arrêter le flux narratif du temps, introduction d’éléments plus ou moins symboliques pour dire un milieu, une atmosphère (l’enclos des autruches a du gravier pour signifier le désert), changement possible de décors (en longeant le balcon) et loges en étages pour voir (salon du pavillon)[7] »

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La ménagerie symbolise le pouvoir du roi sur l’univers. Il peut en effet embrasser d’un coup d’œil depuis son salon la nature et donc avoir l’impression de la dominer pour qu’elle lui rende hommage et s’offre à lui. Le concept de ménagerie s’inscrit dans une volonté générale de maîtriser la nature.

De plus en plus, ces ménageries sont ouvertes au public qui vient visiter. « A Versailles, lors des premières années, bourgeois et petit peuple n’entrent à la ménagerie que munis de billets et en l’absence du roi[8]».

La plupart du temps, le petit peuple voit des animaux sauvages via les montreurs ambulants sur les marchés et dans les villages. Les ours sont dressés à faire des tours ou à se battre contre des animaux domestiques. Il existe aussi d’autres espèces présentées au public. Un exemple célèbre est celui de l’éléphant Hansken qui traverse l’Europe au 17ème siècle ou encore le rhinocéros dénommé Clara au 18ème siècle. Cet animal précisément fait vendre, des goodies sont fabriqués utilisant son image : gravures, brochures, rubans, bonnets, coiffures, etc.[9]

Il est intéressant de noter que « l’intérêt du public porte sur les espèces les plus grosses, les plus curieuses, les plus féroces, qu’il appréhende par le prisme de l’extraordinaire[10] ».

L’anatomie constitue un point de repère qui permet de décrire l’animal et de l’intégrer au champ des connaissances et le classer parmi la diversité du vivant. L’alimentation constitue aussi une approche pour définir un mode de vie et les quantités de nourriture définissent la « monstruosité de l’animal ».

Selon les auteurs, Eric Barathay et Elisabeth Hardouin-Fugier, « les montreurs empêchent l’émergence d’une approche plus rationnelle, moins sensationnelle, en véhiculant aussi des mythes antiques ou bibliques, dont les savants eux-mêmes ne se débarrassent qu’avec peine au 18ème siècle »[11]

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Au 18ème on commence à observer, rationaliser, disséquer, les animaux des ménageries. « La dissection permet un partage tacite du cheptel des ménageries de plus en plus convoité : les bêtes vivantes sont réservées aux princes pour dire leur gloire et orner leurs demeures, les mortes sont laissées aux savants.»[12]

« L’alignement des cages reproduit implicitement le schéma des cabinets de curiosité d’histoire naturelle en donnant aux animaux un statut d’élément de collection, et à l’ensemble une allure d’inventaire. (…) Les cages sont des vitrines, des présentoirs, presque des tableaux, avant d’être des habitats. Elles permettent aux naturalistes et aux artistes d’observer de près des animaux souvent immobiles, comme des modèles.»[13]

L’observation dite scientifique des animaux sauvages dans les ménageries est remise en question à partir du milieu du 18ème siècle. Buffon (considéré par certains comme l’un des fondateurs de l’éthologie) est l’un des plus fervents défenseurs de l’observation des comportements sociaux des animaux « en naturel ». « Il entretient des bêtes en semi-liberté car il est convaincu que l’enfermement dans les ménageries les déforme : elles sont rachitiques et passives. » En fait, on connaît mal les conditions de détention des animaux sauvages : le froid, la nourriture inadaptée augmentent la mortalité des animaux.

Sur fond de lutte des classes, les ménageries sont de plus en plus remises en question au siècle des Lumières pour finir par disparaître à la Révolution française.

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L’invention des zoos.

La création d’une nouvelle ménagerie en 1793 au Jardin des Plantes de Paris ouvre une nouvelle interprétation symbolique du sauvage et des animaux captifs. On justifie leur détention par une nécessité scientifique d’observer l’acclimatation et la domestication des bêtes exotiques. Ainsi comme le résument Eric Barathay et Elisabeth Hardouin-Fugier : « Pour se différencier des souverains, de leurs instincts de chasseurs et de despotes, il faut réduire les espèces féroces qui donnent l’exemple de la cruauté dévastatrice, qui font croire que la nature a consacré l’empire de la force, qui illustrent et légitiment la tyrannie, et privilégier les animaux paisibles naturellement placés sous la bannière de l’utilité publique, qui fonctionnent dans son esprit comme des allégories des citoyens laborieux. »[14]

Ainsi, la Révolution française précipite la fin de l’expérience versaillaise, tout en aboutissant à la construction de ce qui est considéré comme le premier zoo moderne : la ménagerie du Jardin des plantes, ouverte en 1794 au cœur de Paris.

Geoffroy Saint-Hilaire (directeur du Jardin des plantes entre 1802 et 1841) et Frédéric Cuvier (garde de la ménagerie en 1803) entreprennent de nombreuses constructions pour détenir et exhiber les animaux sauvages. Ainsi on travaille le design des enclos et des points d’observation pour donner la sensation d’être au centre de la nature au milieu d’animaux paisibles. Ce que Rousseau appelle un havre de paix au milieu de la cité corruptrice.

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Comme le mentionnent Eric Barathay et Elisabeth Hardouin-Fugier, « Le jardin irrégulier procède de la méthode du fragment et du collage. Il est le produit d’une combinaison de formes élaborées par la nature, et non par l’esprit, que l’homme juge le plus caractéristiques ou les plus belles et qu’il rassemble en un endroit donné en recherchant la variété, l’asymétrie et la sinuosité : vallons, coteaux, lacs, bois, ruisseaux, clairières, bocages, prairies, ombres et lumières. Le tout est placé en perspective, relié visuellement avec l’extérieur – les murs étant remplacés par des fossés – et constitué de telle manière que les traces de l’intervention humaine n’apparaissent pas. »[15]

Ainsi ces jardins sont considérés comme des symboles de liberté inspirés par des individus de l’époque des Lumières, en opposition avec les jardins à la française, symboles de tyrannie.

Le modèle du jardin des plantes est repris dans toute l’Europe en incorporant des éléments propres au pays. Ainsi à Bristol ou Rotterdam, les plantes et arbres sont intégrés à l’intérieur même des enclos des animaux. Cela serait à l’origine de l’expression « jardin zoologique » qui nait en Angleterre lors de la création de la ménagerie de Regent’s Park en 1822-1828.

L’expression « jardin ou parc zoologique » ne sera reprise qu’à partir du 20ème siècle. Elle met l’accent sur le contenu du parc (zoologie) plus que sur l’espace autour. La signification du mot « ménagerie » évolue également . On peut ainsi lire comme définition dans le Larousse du 20ème : « emplacement où l’on présente à la curiosité du public et à l’observation scientifique toute sorte d’animaux, surtout exotiques. » et comme le mentionnent Eric Barathay et Elisabeth Hardouin-Fugier, « parce que celle-ci, en conservant l’idée d’une exposition en cages, hors nature, ne désigne plus que les installations ambulantes des cirques, des bateleurs et autres montreurs de foires. »[16]

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Au 19ème siècle, les grandes villes se dotent d’un jardin zoologique géré par des sociétés scientifiques ou par les municipalités. Avec l’urbanisation grandissante se forme un tout nouveau code social dans lequel des activités telles que la promenade est fort bien vue. On va au jardin pour se reposer le dimanche, pour fuir le bruit de la ville. « Les parcs sont donc pensés comme des antithèses des villes, étroites, entassées, encrassées et le choix généralisé du jardin pittoresque a pour but d’apporter le calme, l’air pur, l’espace ; la variété des horizons, et de permettre le retrait hors de la civilisation, l’ouverture à la nature. »[17]

Le développement de ces jardins zoologiques mena petit à petit à la disparition des montreurs ambulants présents presqu’exclusivement au moment des foires. Cependant, il est intéressant de remarquer l’essor des ménageries ambulantes au même moment. « Ces ménageries entretiennent des liens étroits avec les zoos en leur vendant des bêtes. Le marchand Carl Hagenbeck, qui avait déjà ouvert son dépôt au public, édifie son propre zoo à Stelingen en 1907 et dirige la création de plusieurs autres. (…) les ménageries ont aussi des relations avec les cirques, dont le genre a été initié par Philipp Astley vers 1770 à Londres, avec l’invention de la piste circulaire, les spectacles équestres et acrobatiques. (…) c’est le cirque anglais Sanger qui vulgarise la fusion avec la ménagerie et le cirque entre 1856 et 187, époque où sa collection d’animaux exotiques est la plus importante parmi les ambulantes au Royaume-Uni. (…) les cirques américains prennent des proportions considérables avec 15 éléphants en moyenne à partir de 1880. Lorsque le cirque Barnum débarque en Europe, associé à son rival Bailey, en 1897-1902, 67 wagons et 20 caisses lourdes promènent plus de 500 chevaux, 20 éléphants, et des spécimens rares (rhinocéros, hippopotames, gorilles, girafes) que beaucoup de zoos n’ont pas.»[18]

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Les puissances coloniales en profitent pour exposer une faune capturée dans leurs empires d’outre-mer pour bien signifier qu’elles ont dompté des territoires en même temps que des animaux. Eric Barathay et Elisabeth Hardouin-Fugier identifient 4 modes d’appropriation de l’animal exotique à cette époque : la chasse (appropriation la plus radicale), la limitation spatiale imposée à l’animal (2 types : zoo et acclimatation) et l’appropriation psychologique (dressage et domptage).

Le marché de l’animal sauvage est bien structuré avec des marchands installés en Europe et employant des « capteurs » à travers le monde, chargés de capturer les animaux pour les rapporter en Europe. Le fantasme d’une nature inépuisable et à la disposition des humains autorise la destruction d’espèces et une mortalité importante des animaux entre le moment de leur capture et celui de leur exhibition devant le public.

La liste des mouvements d’animaux de Carl Hagenbeck compilée par Eric Barathay et Elisabeth Hardouin-Fugier fait tourner la tête :

Entre 1866 et 1886 pour le port de Marseille uniquement, le marchand aurait exporté :

–          Environ 700 léopards

–          1 millier de lions

–          400 tigres

–          1 millier d’ours

–          800 hyènes

–          300 éléphants

–          79 rhinocéros

–          300 chameaux

–          150 girafes

–          600 antilopes

–          Dizaines de milliers de singes

–          Des milliers de crocodiles, de boas, de pythons

–          Plus de 100 000 oiseaux

« Ces chiffres ne prennent pas en compte les pertes subies en route. Tous les marchands évaluent les pertes du transport à 50% des animaux embarqués. »[19]

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Les pertes à la capture sont estimées entre 15 et 30%, sans compter la destruction sur place de groupes sociaux pour capturer les petits.

On évalue à 10 le nombre de tués pour 1 animal visible au zoo.

Car les zoos ne sont pas seulement des réceptacles de ces animaux, ils « jouent un rôle moteur dans l’accaparement en achetant des milliers d’animaux à des particuliers et des sociétés commerciales, ou, comme à Anvers, commerçant eux-mêmes des dizaines de milliers d’êtres vivants par an. »[20]

Le prix des animaux sauvages varie beaucoup selon la rareté, l’âge, et, plus tard, l’aptitude au dressage. Le risque de mortalité est à la charge de l’acheteur.

En parallèle de cette captivité animale symbole de toute puissance des occidentaux sur le monde, des exhibitions ethnologiques s’organisent dans les zoos et autres jardins. On y montre des « sauvages » rapportés des pays des colonies. La représentation de ces « humains à civiliser » permet également la définition de l’identité des occidentaux qui se construit en opposition au sauvage.

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« Le zoo devient un catalogue animé, et ce dispositif se nourrit d’une appropriation croissante des vivants opérée en des territoires de plus en plus lointains. »[21] La manie de collectionner l’emporte sur les besoins fondamentaux des animaux.[22]

Entre 1874 et 1913, Hagenbeck organisera 54 spectacles ethnologiques avec des humains provenant du monde entier. En parallèle, Barnum expose des êtres « bizarres » ou difformes en compagnie de divers types ethniques, des baraques de foires, des sauvages dits cannibales.[23]

Le zoo et les expositions universelles de l’époque mettent en scène la puissance coloniale sur le monde et permettent la création de fictions théâtrales dans les décors et les mises en scène des animaux, dont les humains.

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« Marginalisés dans l’historiographie coloniale, les zoos endossent, au même titre que les expositions et musées coloniaux ou les collections d’histoire naturelle, dont ils sont partis, le rôle de vitrines et moteurs d’impérialisme. Appréhender leur emprise sur un monde qui, vu les métropoles coloniales, se dilate, impose de regarder au-delà des chiffres individus parvenus vivants aux portes des zoos, sur le terrain des prises. »[24]

Au-delà du divertissement, les jardins zoologiques ont également une tradition liée à l’acclimatation et à la domestication. Isidore Geoffroy Saint Hilaire incite à mettre en œuvre ces pratiques afin que la détention des espèces exotiques puisse également être un apport en ressources et en forces pour la société. « L’acclimatation procède d’un discours, avisé au 19ème siècle du fait de la révolution industrielle et d’un optimisme du progrès, sur la grandeur et la suprématie de l’Homme, son droit sur une nature qu’il lui faut travailler, transformer, et, elle s’inscrit dans le mouvement de la colonisation. »[25]

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Des cages aux enclos

Les cages proposaient aux animaux le minimum vital. Le but était qu’ils vivent, bien sûr, car ils coûtent fort cher à importer. Mais personne n’aurait eu l’idée de s’occuper de leur état d’humeur ou de leurs besoins psychosociaux. Selon la théorie de l’animal-machine, il était clair que les animaux ne ressentent pas d’émotions et n’avaient pas de pensées.

A la fin du 19ème siècle, des nouvelles installations commencent à voir le jour à travers l’Europe pour développer l’intérieur des cages et proposer aux animaux un semblant de nature :

Le Zoo de Londres, fondé en 1828 dans un but scientifique, ouvre ses portes à un large public populaire en 1847 et est alors responsable d’innovations dans la présentation d’animaux particuliers (reptiles, poissons et insectes) en créant :

  • en 1849, le premier vivarium ou maison pour reptiles (ang. reptile house) ;
  • en 1853, le premier aquarium public ou maison pour poissons (ang. fish house) ;
  • en 1881, le premier insectarium ou maison pour insectes (ang. insect house).

Cela est influencé par l’intérêt des scientifiques pour l’étude des comportements et des sociétés animales.

Aussi, l’ouverture des zoos à un public de plus en plus large implique également que l’industrie se plie davantage à l’expérience client et à son envie de contempler. On tente de « bien montrer » en remplaçant les palissades en bois par des grillages en fils de fer qui permettent de libérer le regard, et qui seront vite remplacés par le verre. Cela permet de mieux s’approcher des animaux, de protéger les bêtes et de protéger le client de leur odeur à l’heure de l’affinement des odorats dans les sociétés aisées.[26]

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Cependant, on ne prend toujours pas en compte l’animal dans le design et la construction des nouveaux enclos : les sols en ciment, inclinés pour permettre l’évacuation des eaux usées lors du nettoyage, visent uniquement à faciliter le travail des gardiens et à répondre aux nouvelles normes d’hygiène. Les animaux sont donc empêchés d’exercer des comportements aussi naturels que de creuser, d’enfouir ou de se rouler dans la poussière, ce qui entraîne, entre autres pathologies, des déformations osseuses.

Aussi, les directions de zoos focalisent leurs collections sur des animaux attractifs, comme les singes ou les éléphants, afin d’augmenter le nombre d’entrées payantes. « Car le public veut voir des bêtes curieuses, sauvages, féroces, bien différentes des européennes, pour se dépayser et rêver aux contrées lointaines, un sentiment déjà présent à l’ouverture du Jardin des plantes de Paris. (…) L’animal attire parce qu’il cristallise le goût de l’évasion, mais aussi parce que son existence aventureuse, son instinct puissant et insatiable, sa nature supposée, mélangeant beauté et violence, le rendent proche des héros tourmentés du romantisme »[27] et d’une vision fantasmée de la nature.

L’observation d’animaux captifs dans les zoos ne permet pas de remettre en cause les représentations caricaturales des animaux et la vision simpliste et manichéenne de la « nature ». Pire encore, elle permet d’asseoir ces conceptions bien ancrées depuis l’Antiquité et en contradiction avec une réalité mal connue : « l’antilope que l’on veut caresser peut tuer, alors que le jaguar dit féroce attaque rarement l’humain.»[28]

Le rapport du public à l’animal de zoo est fondé sur des émotions telles que l’attraction, la répulsion, la curiosité, la peur. A travers des grilles ou des vitres on est à l’abri et on peut observer sans crainte.

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« Mais le zoo est aussi l’espace symbolique où l’homme affirme sa volonté et sa satisfaction de vaincre le sauvage. Les grillages, les barreaux, les architectures néoclassiques affirment la victoire de la culture sur la nature et la maîtrise du monde.»

La volonté de toucher l’animal et de le faire rentrer dans le quotidien est symbolisée par le don de nourriture. « Il conforte le sentiment de supériorité sur une nature captive, réduite à recevoir selon le bon plaisir ; il est un moyen plus ou moins conscient de faire abdiquer le sauvage et de l’intégrer dans la civilisation (…) mais le don a aussi une fonction symbolique aussi bien pour les hommes que pour les animaux. Il établit le contact, il agit comme un signe de paix et de volonté d’échange, il entretient l’amitié».[29]

Cependant, le don permet de classer les animaux selon une lecture anthropomorphique : entre ceux qui réclament au public (et qui réponde à leur attention) et ceux qu’on qualifie de stupides ou de paresseux, au contraire. Cette lecture peut conduire à des accidents où des personnes entrent dans les enclos confondant nature supposée et nature réelle de l’animal. Elle détruit aussi l’animal, le coupant de ses congénères et donc des comportements sociaux dits normaux. Aussi, les animaux peuvent mourir d’ingestion d’aliments toxiques ou pris en trop grande quantité. Certainement aussi que la suppression de barrières physiques amenuise la perception du danger des animaux, effaçant les traces de captivité forcée à l’œil humain. Au-delà de l’effacement de la captivité, cette lecture efface également les animaux eux-mêmes, on leur supprime leur vécu, leurs besoins, en les remplaçant par des représentations. L’invention par les zoos de la notion d’animal « représentant ou ambassadeur de leur espèce » est un excellent exemple de cette négation même de l’être.

« La lecture populaire des zoos est confortée par les pratiques des ménageries ambulantes ou sédentaires qui continuent à placer leurs exhibitions sous le signe de l’extraordinaire »[30]. Le succès des spectacles forains mettant en scène des animaux sauvages pour le bon plaisir des humains grandit et les zoos adaptent ces spectacles pour attirer le public : mise en scène des repas des animaux, promenades à dos de poneys, d’éléphants, etc.

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Cette pression du public impose au zoo de faire évoluer sa symbolique passant d’un laboratoire de la domestication du sauvage à un loisir du dimanche puis à la vitrine d’une nature qu’on voudrait côtoyer. L’imaginaire du public est fortement influencé par l’existence d’objets comme des peluches, des livres illustrés, des BD ou dessins animés qui présentent soit des bêtes en milieu naturel mais aux réactions anthropomorphisées, soit des animaux placés dans un espace humanisé. »[31]

Les enfants, public particulièrement convoité par les zoos, retrouvent dans les enclos toute une gamme d’animaux ressemblant à leurs peluches ou aux héros de leurs dessins animés.

Les zoos affirment jouer un rôle pédagogique en présentant des animaux captifs. Cependant comme le mentionnent les auteurs Eric Barathay et Elisabeth Hardouin-Fugier : « les enquêtes récentes apprennent que la visée éducative tient une faible place parmi les intentions du public (…) au Jardin des plantes et à Vincennes, au début des années 1980, elle représente 10 à 18% des motifs de visite, le reste allant à la distraction. » [32]

La perception de l’animal change, les mentalités évoluent et les zoos tentent de répondre à cela en prenant mieux en considération les besoins physiologiques des animaux, notamment comportementaux, par exemple en recréant des groupes pour les animaux sociaux. Le public souhaite également créer une sorte de lien individuel avec les animaux. Ainsi, on commence dès les années 1930-1950 à personnifier les animaux en jouant sur l’anthropomorphisme : « le zoo s’est peuplé de visages ». On veut également « contempler une famille à l’œuvre avec des petits, d’autant plus attrayants pour les enfants qu’ils correspondent bien aux peluches et qu’il est possible de projeter sur eux sa propre situation. Dans la seconde moitié du 20ème siècle les naissances représentent souvent la seule information véhiculée par la presse et sont à l’origine d’une importante littérature pour les enfants. »[33]

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L’attrait pour savoir ce qui se passe dans les zoos arrive à son apogée dans les séries télévisées qui suivent le quotidien des gardiens, rebaptisés soigneurs. Ces émissions permettent au public de passer les barrières et de pénétrer dans les enclos et les cages, de découvrir les coulisses du théâtre du sauvage et d’avoir l’impression d’une relation plus intime et individuelle avec les bêtes. »[34] Mais aussi de permettre au zoo mis en scène d’attirer plus de visiteurs et donc plus d’entrées d’argent. On vient au zoo pour rencontrer les stars, avoir ce sentiment de connaitre ces personnes qu’on voit à la télé.

Cette proximité avec les animaux via le design des enclos a commencé avec Carl Hagenbeck, qui a eu l’idée de présenter les animaux dans des enclos et des bassins paysagés dans son « zoo sans barreau » en 1907 à Stellingen. Il pensait que les enclos devaient davantage ressembler au milieu naturel mais ces aménagements ne changèrent pas grand-chose aux conditions de vie particulièrement difficiles des animaux.

Ces « décors » étaient avant tout destinés à rehausser la qualité du spectacle perçu par les visiteurs du zoo et donnant cette fausse impression de liberté et de grandeur d’enclos.

Plus tard, les zoos pousseront même l’imaginaire collectif en faisant leur publicité estivale avec des affiches qui gomment tout indice de la captivité.

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D’autres formes d’aménagement s’imposent à partir des années 1960, avec les grands parcs animaliers et leurs pensionnaires en semi-liberté. Il s’agit de « safaris », effectués avec sa propre voiture, où le territoire des lions peut être traversé en toute sécurité fenêtres fermées. On donne aux visiteurs l’impression d’un inversement de situation, les visiteurs encagés dans leurs véhicules, les animaux « libres de leurs mouvements . Cette époque est celle du grand mouvement de remise en cause du capitalisme, on dénonce le pillage du tiers-monde, et, par la même occasion, les zoos, dit non respectueux de la nature et des animaux. La privation injuste des libertés pour les animaux commence à poser débat.

Mais pour ce nouveau concept de zoo safari, certains ont tout de même tendance à oublier que seuls les humains ont la possibilité de quitter les enceintes du zoo quand ils le souhaitent. On visite les parcs dans une automobile, dans des bateaux, tout comme dans les « safaris ». Sur ce modèle, un des premiers sera Thoiry, créé en 1968. Comme l’exprime un journal de l’époque, « Thoiry, c’est un théâtre de verdure où le comportement animal a été paysagé » car en effet, l’imitation de la nature qui plaît tant est obtenue au prix de nombreux artifices. [37]

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« Colette annonce en 1953 qu’elle n’ira plus dans un jardin zoologique, même à Vincennes, voir des animaux qu’elle a pourtant longtemps contemplé et aimé : « Il n’est ni beau visage humain, ni pelage de neige, ni penne d’azur qui m’enchantent, s’ils sont marqués de l’ombre intolérable et parallèle des barreaux. » [35]

Dans le même temps, de nouvelles disciplines scientifiques font des avancées dans la compréhension de la complexité du comportement, du psychisme animal et des problèmes liés à la détention. De plus, « l’intérêt croissant pour la nature et l’apparition d’une sensibilité écologiste, en réaction aux concentrations urbaines, suscitent le désir de préserver la faune sauvage »[36].

On proclame en 1978, à l’Unesco, la déclaration universelle des droits de l’animal.

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Pour lutter contre la vétusté de certains zoos, une législation de contrôle est votée dans quelques pays ; en 1981 en Grande Bretagne, en 1976 en France où l’on crée une autorisation préalable avant ouverture, mais ses effets sont limités. Les zoos abandonnent le dressage et le domptage afin de se distinguer des cirques qui sont de plus en plus décriés et montrent plutôt les choses de la vie : les repas, les soins, les jeux, la reproduction, etc.

Il se spécialisent en aquarium, marineland, vivarium, réserves, etc. Les parcs en semi-liberté connaissent un essor considérable, surtout en périphérie urbaine et dans les zones de tourisme estival.

Les animaux s’insèrent visuellement dans l’environnement recréé, mais une restitution à l’identique est bien entendu tout aussi impossible pour le règne végétal que pour le monde animal.[38]

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Un autre moyen pour les zoos d’essayer d’éviter le débat sur le principe même de la détention des animaux sauvages, est d’accuser les cirques, les ménageries ambulantes et les « mauvais » zoos. Les « bons » zoos veulent se démarquer en demandant qu’un tri soit fait, en jetant l’opprobre sur d’autres, en déplaçant le débat. C’est à cette époque que des associations / syndicats de zoos sont créés pour aider à faire le tri et donner des labels aux « bons » zoos. L’idée étant de contenir la dégradation de leur image de marque.

La montée des critiques à l’encontre de la captivité des animaux sauvage fait également évoluer le discours des zoos. L’accent est mis sur l’aspect éducatif d’une visite dans un zoo et non plus sur la distraction qui ne peut plus justifier à elle seule de mettre des animaux en cage. Même si à l’heure actuelle, aucune étude scientifique n’a confirmé l’impact pédagogique des zoos.

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Alors que l’ampleur des destructions survenues dans les colonies est une question de plus en plus soulevée, les zoos réactivent en parallèle la dimension scientifique de leur travail en ce qui concerne la préservation des espèces – en évitant cependant soigneusement de rappeler que leur politique initiale d’approvisionnement des animaux a largement contribué à détruire les populations de ces animaux.

Ainsi à la distraction, s’ajoutent 3 nouveaux rôles dans le discours des zoos : la conservation, la recherche et la pédagogie. Cependant, lorsqu’on regarde les actes concrets, cela est loin d’être effectif.

« L’image récurrente de l’arche de Noé devient, après 1945, la nouvelle motivation des zoos. Il est tout de même compliqué de conserver l’intégrité des animaux sauvages. Par exemple, les ailes des oiseaux sont amputées pour qu’ils ne s’échappent pas. La mortalité est toujours forte dans les années 1970 « théoriquement, il suffirait de cesser le ravitaillement des zoos en animaux pendant 4 ou 6 ans pour les fermer ; il ne resterait à héberger que quelques vétérans. »[39]

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Aussi le principe même de la conservation dans les zoos est à remettre en perspective. Comme le souligne Violette Pouillard : « (…) au point qu’il y a union entre les maîtres de l’enfermement des animaux et les conservationnistes des cercles scientifiques et cynégétiques, soutenus par les sphères dirigeantes. Tous mettent en œuvre un type de « protection », le conservationnisme qui porte une maîtrise de la destruction, soit une destruction raisonnée. (…) Le système conservationniste comprend l’élevage d’animaux sauvages, donc leur appropriation, (…). Un second axe est centré sur la conservation des espèces, par lequel la prise des espèces protégées est interdite à ceux de l’en bas mais sanctifiée pour ceux de l’en haut par sa putative mesure, d’abord spécialement à des fins cynégétiques, alors que chasse sportive et préservation avancent main dans la main. Le troisième axe concerne la protection des espaces par la mise en réserve, c’est-à-dire la privation des communs, pour protéger ici, afin souvent de mieux exploiter là-bas, tout en utilisant partout au-dedans, spécialement à des fins scientifiques puis touristiques. Le triptyque est utilitariste. »[40]

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En effet, certaines espèces sauvages sont désormais interdites à toute capture et commerce à l’international par la Convention de Washington dès 1973-1975. Afin de contrôler les stocks et de permettre des naissances qui ne conduiront pas à la dérive génétique, les associations des zoos mettent en place des programmes d’élevage et des Studbook par espèce. Cependant ces stratégies ne concernent qu’un très faible pourcentage du total des espèces menacées et que dire des réintroductions en milieu naturel qui sont encore plus rares!

Aussi, lorsque la reproduction « naturelle » des animaux n’est pas possible, le développement de la procréation médicalement assistée permet de passer outre les animaux, les difficultés qu’ils font et les résistances qu’ils opposent aux transferts et aux rencontres et de mettre en contact des semences de là-bas et des femelles d’ici. Comme la banque de sperme prélevé sur des éléphants d’Afrique et conservée au zoo de Beauval par exemple.

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Aussi, Violette Pouillard souligne dans son livre : « la violence se renforce par l’opacité du commerce, à laquelle les zoos participent, directement ou indirectement. Indirectement, puisqu’ils contribuent depuis le début du 20ème siècle à mettre en place puis à renforcer un arsenal juridique réglant appropriation des vivants qui pour eux n’est qu’exceptionnel. Ils recourent tant aux dérogations qu’elles deviennent presqu’un ordinaire, ce qui leur permet, ainsi qu’à leurs rejetons privés, d’agir comme un paravent pour l’extraction illégale. Les zoos eux-mêmes, leurs cages et leurs allées, forment une incitation indirecte au braconnage. Ils valorisent la détention des sauvages et mettent à disposition dans leur enclos des captifs protégés de l’ailleurs sans possibilité de fuite, avec un degré de protection qui ne peut jamais être totale. Par exemple, en 2017, un rhinocéros de Thoiry est tué pour sa corne[41].

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« L’élevage par l’homme ou par un animal d’une autre espèce supprime l’initiation du jeune à la vie sauvage. Les couples formés par l’humain annihilent la sélection naturelle qui favorise les étalons dominants ; tout mâle captif, même faible, devient étalon, alors qu’en liberté, ses gènes n’auraient jamais été couronnés de succès. (…) Le cheval de Prjevalski permet une analyse exemplaire de la dérive génétique propre à toute population trop restreinte. »[42]

A ce sujet précis, divers articles précisent que la génétique des populations captives dans les zoos doit être maintenant entre 90 et 95% de la diversité génétique dans une population stable sur le plan démographique pendant 200 ans. Cependant et comme le mentionne Violette Pouillard, « un besoin de sang neuf amène un redéploiement de la capture sous de nouveaux avatars. » Les animaux peuvent venir des saisies des autorités comme pour les reptiles, ce qui peut être vu comme une aubaine. « L’extraction commandée des vivants s’appuie désormais sur la doxa conservationniste et ses réseaux, notamment dans les anciennes colonies et zones d’influence coloniale comme en Afrique ou Amérique du Sud. »[43]

L’invention de la conservation sauve l’existence des zoos. Le sauvetage de tous doit laver la contrainte exercée sur quelques-uns. Ils ne protègent pas tellement les animaux eux-mêmes mais l’idée que l’on se fait d’eux, en Occident. Ils seraient ambassadeurs, émissaires de ceux qui vivent en milieu naturel.

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Les déformations dues à la captivité, comme prémices de la domestication, serait un constat assez banal. Par exemple, l’impact de la captivité sur les oiseaux interviendrait dès la première génération, surtout du fait de la privation de vol, qui pèse sur l’organisme entier ; l’engraissement entraîne des modifications du squelette, des organes et du plumage, qui évoluent tant que, la forme sauvage ne peut avoir qu’une faible similitude avec la forme captive. (…) Les instincts de défense sont le plus vite atténués ou abolis par la captivité. (…) Il est établi depuis longtemps que des pathologies mentales affectent de nombreux animaux captifs. Flaubert évoque l’« oscillation continuelle des bêtes captives ».[44]

Des médecins ont mis en lumière que des humains privés de liberté dans un milieu fermé pouvaient également développer des comportements stéréotypés. Allant parfois jusqu’à l’automutilation, les pathologies de la captivité peuvent rendre les animaux impossibles à exposer. Il est donc difficile de comprendre comment un animal aussi « dénaturé » peut être rendu à la vie sauvage.

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Les zoos jouent sur cette image magnifique d’animaux nés captifs pouvant être rendus à leur milieu naturel. Pour forcer cet idéal, ils se nourrissent d’une poignée d’exemples répétés inlassablement : Cerfs du Père David, Bisons européens, Vautours fauve ou encore chevaux de Przewalski. Les coûts de « réintroduction » sont énormes, les possibilités petites et les chances de survie des individus relâchés faibles. Ainsi, nombre de zoos se replient sur eux-mêmes et l’hypothèse que les animaux retrouveront un jour leur milieu naturel s’avère de plus en plus théorique.

Les zoos prendront toujours plus qu’ils ne rendent.

Plus largement et c’est une stratégie déployée par le monde des zoos, l’idée est de rendre toujours plus poreuse la frontière entre la conservation in-situ et la conservation ex-situ en surveillant de manière accru les espèces dans leur milieu naturel via des parcs naturels, par des translocations, etc. L’IUCN a développé l’approche One Plan « qui prend en considération toutes les populations d’une espèce, à l’intérieur ou à l’extérieur de son aire de répartition, sous toutes conditions de gestion »[45]

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Du point de vue de l’animal

Comme le dit Violette Pouillard, « la captivité est un déracinement, et les pratiques de gestions utilisées accentuent les effets de la dépossession. »[46] La captivité n’est pas dans l’intérêt de l’animal mais part d’un engouement scientifique dans lequel la survie de l’animal revêt un caractère expérimental. Peu de choses sont réellement connues sur les besoins des animaux. « Les animaux vivants sont appelés à incarner un système de classification et de structuration du monde, comme les morts des musées, les plantes des jardins botaniques ou les objets des collections naturalistes (…) ils sont installés dans des espaces obéissant à des principes plus taxonomiques que géographiques : bâtiments des carnassiers, des reptiles, des singes, etc. »[47]

Dans le contexte de la captivité, Violette Pouillard décrit quelques exemples d’atteinte aux corps des animaux : « nombre de félins voient leurs griffes croître par impossibilité de les user, au point de former un cercle qui pénètre dans les coussinets. (…) d’autres captifs vivent les atteintes sans soins réparateurs pour les adoucir. Jusqu’à la fin du 20ème siècle, les rapaces de la ménagerie de Paris logés dans la fauconnerie de 1825 sont tenus dans des compartiments intérieurs dans lesquels ils ne peuvent jamais déployer les ailes. »[48]

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L’historienne mentionne également des exemples de résistances animales à ces contraintes physiques et aux impossibilités sociales dues à l’enfermement. Aujourd’hui les zoos tendent lamentablement de répondre partiellement au vide imposé par la captivité par ce qu’ils appellent « enrichissement ». « Les désobéissances, les morsures et les attaques régulièrement opposées par les animaux aux interactions contraintes menacent l’idéal d’entente universelle, et entraînent aussitôt la discipline des corps et des esprits.[49] »

Ce terme « enrichissement » a été forcé en 1978 et recouvre « tout changement porté à l’environnement d’un animal implémenté pour améliorer sa condition physique et son bien être mental, en augmentant et en diversifiant les activités et en diminuant la survenue de comportements anormaux. Il s’agit finalement d’enrichir ce que l’on a appauvri en détenant les animaux en captivité et loin de leur milieu naturel. »[50] Il est censé restituer chaque fragment du monde naturel mais l’addition des parties simplifiées ne peut conduire à l’intangible somme, de sorte que la complétude ne peut être rendue.

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L’exposition forcée des animaux captifs aux visiteurs crée une situation stressante. Comme le mentionne Violette Pouillard : « La distance de fuite, qui permet l’exercice d’un certain contrôle sur les interactions, est réduite, les possibilités de retraite sont ténues à inexistantes, et les dispositifs de séparation sont maigres. »[51]

Aussi, Violette Pouillard mentionne : « Les études éthologiques récentes confirment et précisent les effets délétères de la présence des foules sur les captifs. (…) La majorité des recherches portent sur les primates, et beaucoup mettent en évidence des modifications comportementales en présence des foules : augmentation des comportements agonistiques entre congénères ou envers les humains, accroissement des activités, diminution ou augmentation des comportements d’affiliation, dont l’épouillage, augmentation des comportements de stéréotypies, manifestations de gêne liées au bruit… Les données doivent être tempérées à l’aune d’un phénomène de causalité inversée, car les niveaux d’activité élevés et les comportements agnostiques attirent les curieux. Mais des indicateurs physiologiques corroborent l’hypothèse d’une augmentation du stress ressenti.[52] »

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L’un des signes visibles de cela est le comportement stéréotypique, c’est à dire un ensemble de mouvements répétés (frénétiques) qui n’a aucun but en soi : déambulations répétées dans les cages, balancements, automutilations, régurgitations et réingestions de la nourriture, etc. Selon la zoologiste Georgia Mason, ces mouvements sont causés par des déficiences de la captivité qui ne peut répondre aux besoins des animaux. Il existerait selon elle, trois types de causalité pour expliquer ces mouvements : « La première, les comportements stéréotypiques résultent d’un état de frustration, de peur ou de manque de confort, qui engendre une réponse interprétée comme déviant de tentatives de remplacer un comportement impossible à exercer en captivité, d’échapper au confinement ou d’atténuer les difficultés. (…) Le second concerne l’affectation de la façon dont des régions spécifiques du cerveau font jaillir les comportements et les séquencent, du fait d’un état de stress soutenu, ce qui résulte en des comportements de persévérance. Le dernier type d’explication concerne l’affectation du système nerveux central sous l’effet d’un environnement d’élevage restrictif, provoquant là encore, un séquençage anormal du comportement. Les conditions de captivité peuvent donc affecter les individus sur le temps long, et ceux-ci peuvent continuer à manifester des comportements stéréotypiques indépendamment des changements apportés ensuite à leur environnement. D’autres études ont encore mis en évidence un lien entre la privation de contact maternel, répandu chez les animaux de zoos, dont nombre sont sevrés précocement, et l’émergence ou l’accroissement des comportements stéréotypiques. Le sevrage abrupt s’accompagne en effet de frustration, peut induire des changements dans le tempérament ainsi qu’en matière de réactivité au stress et affecter le système nerveux central. Les comportements stéréotypiques témoignent donc d’un nouveau mode de relation au monde. Par celui-ci, les captifs gèrent le vide, le manque, le stress ou la peur en déployant des actions qui s’emballent seules, brisant les dynamiques de perception et d’action sur leur monde.[53] »

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Violette Pouillard déplore également que l’Histoire « des corps saccagés » ne se soit pas plus attardé sur le corps des animaux captifs : « d’une part des mutilations des corps des animaux de zoo est volontaire et institutionalisée » Elle prend l’exemple des oiseaux que l’on mutile pour les empêcher de voler. Et d’autre part, l’institution même de la captivité impose aux animaux des atteintes aux corps : manque alimentaire, restriction des mouvements ou encore proximité forcée avec d’autres congénères pouvant entraîner des blessures.[54]

Aussi, les zoos mettent en avant dans leur discours la longévité des animaux captifs, parfois même jusqu’en transformant ces animaux en « star mamie ou papi ». Mais comme le note Violette Pouillard, « Les moyennes gomment les spécificités individuelles. Les durées de vie ne disent pas la qualité des vies, comme le montrent les existences égrenées en comportements stéréotypiques.[55] »

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La phrase de Violette Pouillard est puissante : « Mais la vie ne vaut pas en soi, elle est le support, le réceptacle des capacités qui, elles, produisent l’intérêt de vivre. C’est pourquoi les éclairages descriptifs, bien plus que les chiffres des longévités et des mortalités, qui réduisent les animaux à des durées ou à des dates, font plus que jamais sens pour dire les vies captives.[56] »

Avec la remise en question des zoos dans les années 1960-1970, « un redressement sémantique voit les gestionnaires et la société tout entière à leur suite replacer le vocable de « gardien » par celui de « soigneur », celui de « zoo » par « parc zoologique » (…). Le verbe évacue la cage, modifiant la façon d’appréhender et de penser l’institution. Le changement n’est pas que langagier, il reflète une multitude d’ajustements pratiques apportés à la gestion des captifs.[57] »

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Une des pratiques que les zoos ne mettent pas en avant est celle de l’abattage de gestion mais c’est le mot « euthanasie » qui est plus facilement employé. Là encore la magie de la sémantique s’opère puisque l’euthanasie est utilisée pour abréger les souffrances animales, or les animaux soumis à l’abattage de gestion sont pour la plupart sains. Comme l’explique Violette Pouillard, les partisans du procédé expliquent qu’il permet de libérer de l’espace pour d’autres animaux, en meilleure santé et plus adaptés à la captivité, c’est-à-dire, la supportant mieux. Des animaux plus utiles sur le plan génétique ou démographique dans le cadre des programmes d’élevage aussi. Ce procédé évite d’avoir à gérer le problème de « surplus » de males chez les espèces grégaires à organisation polygame notamment. (…)

L’EAZA défend ainsi le breed and cull. Le procédé vise à laisser les animaux se reproduire, ce qui leur permet d’exprimer les comportements entourant les naissances, puis à éliminer tout ou partie de leurs descendants, de préférence après la naissance ou à un moment correspondant au sevrage ou à l’émigration, dans le but de maintenir la taille et la composition des groupes souhaités. L’abattage de gestion s’inscrit ainsi dans une longue généalogie de pratiques d’élevage des domestiques, qui modèlent les corps animaux à échelle systématique à des fins productivistes depuis le 17ème : toutes visent à atteindre un cheptel idéal et à contrer les difficultés que pose la gestion du troupeau par une élimination eugéniste et opportuniste d’individus sains.[58] »

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Violette Pouillard décrit également le training, soit une forme de dressage de gestion qui vise à conditionner les animaux pour les gérer mieux au quotidien et les faire participer à leur propre gestion, c’est-à-dire, obtenir qu’ils se déplacent entre les différentes parties des infrastructures et qu’ils se plient d’eux-mêmes aux soins et aux examens requis. (…) le training opère par conditionnement opérant, avec le renforcement positif, en leur donnant des récompenses quand ils obéissent à un ordre de façon satisfaisante et en utilisant régulièrement un renforcement secondaire, en particulier le clicker, qui émet un son quand l’individu a effectué ce que l’on attendait de lui.[59] »

Violette Pouillard le note parfaitement en disant que « le zoo n’est pas une prison, il n’est pas fait de peines et ses enfermements n’ont pas de terme. Il est un laboratoire, le lieu auquel il est lié par des réseaux matériels et idéels, le paradigme, avec ses fabrications expérimentales dont la légitimité se renforce elle-même, les expériences réclamant plus d’expériences à leur tour. Il est un laboratoire acclimatatoire qui vise à voir qui résiste à ce qu’il impose, jusque quand et comment. Il est un laboratoire clinique qui combat la maladie qu’il inocule, alimente les corps qu’il prive, soigne les membres et organes qu’il meurtrit. Il est un laboratoire psychologique qui apaise les âmes qu’il dépossède. Il est un laboratoire social, qui observe, jauge, et régule les cultures animales qu’il façonne sur l’adaptation, la résignation ou la violence. Il est devenu un laboratoire éthologique, qui déplore une générosité grandissante envers les animaux, pour repeupler ce qu’il ôte, puis en collaboration avec les éthologues, à des fins épistémologiques, pour poser de meilleures questions afin d’avoir de meilleures réponses, en refusant de poser la question de la cage, de ce qu’elle fait au savoir et au monde.»[60]

Alexandra Morette

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Sources

  • [1] [2] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 53
  • [3] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019
  • [4] [5] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 43
  • [6] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 62
  • [7] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 67
  • [8] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 74
  • [9] [10] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 78
  • [11] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 80
  • [12] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 93
  • [13] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 168
  • [14] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 103
  • [15] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 107
  • [16] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 110
  • [17] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 119
  • [18] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 132
  • [19] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 137-138
  • [20] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 57
  • [21] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 44
  • [22] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 47
  • [23] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 153
  • [24] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 61
  • [25] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 175
  • [26] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 183
  • [27] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 185
  • [28] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 196
  • [29] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 198
  • [30] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 203
  • [31] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 219
  • [32] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 222
  • [33] [34] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, pages 224 et 225
  • [35] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 231
  • [36] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 236
  • [37] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 271
  • [38] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 276
  • [39] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 279
  • [40] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 376
  • [41] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 372
  • [42] {44] Eric Baratay et Elisabeth Hardouin-Fugier, Zoos. Histoire des jardins zoologiques en Occident (xv/’-xx* siècle). Paris, La Découverte, 1998, page 284
  • [43] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 407
  • [45] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 417
  • [46] [47] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, pages 74 et 75
  • [48] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 87
  • [49] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 115
  • [50] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 331
  • [51] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 104
  • [52] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 107
  • [53] [54] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, pages 127.128
  • [55] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 131
  • [56] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page343
  • [57] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 302
  • [58] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 313
  • [59] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 315
  • [60] Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux. Impérialisme, contrôle, conservation, Seyssel, Champ Vallon (collection L’environnement a une histoire), 2019, page 422
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