2 430 espèces menacés en France métropolitaine et en outre-mer

Le comité français de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) et l’UMS PatriNat (OFB-CNRS-MNHN) ont rendu leur bilan après 13 années d’observations et d’analyses scientifiques, et le constat est clair.

La France, parmi les pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées

Depuis plus de 50 ans, l’UICN évalue l’état de conservation des espèces à travers le monde. La Liste rouge de l’UICN constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation globale des espèces végétales et animales. Il s’agit d’une base de données en ligne actualisée chaque année.

En France, la Liste rouge nationale associe également les établissements et les associations qui disposent d’une expertise et de données fiables sur le statut de conservation des espèces.

Son but est d’identifier les priorités de conservation et de fournir des bases cohérentes pour orienter les politiques et les stratégies d’action.

Sur 13 842 espèces évaluées, 2 430 sont menacées et 187 ont disparu ou sont déjà éteintes, notamment 14 % de mammifères ou encore 24 % de reptiles en métropole.

Source : IUCN consulté le 22 avril 2021

Rien qu’en France métropolitaine, sont menacées de disparition 17 espèces de mammifères, 92 espèces d’oiseaux nicheurs et 9 espèces de reptiles. Au niveau de la flore vasculaire, ce sont 421 espèces.

Déjà en 2017, l’UICN nous alertait en titrant « Une espèce de mammifère sur trois désormais menacée ou quasi menacée en France métropolitaine ». Parmi elles, en danger critique, on retrouve le Vison d’Europe, l’Ours brun, et la chauve-souris Rhinolophe de Méhely. Juste derrière, en danger d’extinction nous avons le Lynx boréal, le Bouquetin ibérique ou encore le Cachalot et le Globicéphale noir parmi les mammifères marins. Et la liste est encore longue. 

Une situation qui s’aggravait déjà en 2017, puisque 33 % des espèces terrestres et 32 % des espèces marines apparaissaient menacées ou quasi menacées, contre respectivement 23 % et 25 % huit ans plus tôt.

En 2019, c’était une espèce de poissons d’eau douce sur cinq menacée en France métropolitaine. C’est-à-dire 39 % des espèces désormais menacées ou quasi menacées contre 30 % en 2010.

L’UICN rapporte que « la France se place parmi les pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces animales et végétales mondialement menacées. Cette situation est principalement due aux espèces présentes dans les collectivités françaises d’outre-mer, qui abritent une très forte biodiversité.

Source : IUCN France (rapport bilan liste rouge 13 ans – 2021)

Plusieurs menaces mises en cause

Selon l’UICN, les principales causes et menaces sont la destruction et la dégradation des milieux naturels, le braconnage et la surexploitation, l’introduction d’espèces envahissantes, les pollutions et le changement climatique.

Pour être plus précis, dans le cas des mammifères marins par exemple, il s’agit « de la pollution sonore due au trafic maritime et aux sonars militaires, les pollutions chimiques, les captures accidentelles liées à l’utilisation de filets ou de chaluts pélagiques et la surpêche réduisant leurs ressources alimentaires. »

Pour le Loup, l’Ours et le Lynx qui restent classés menacés malgré leur population en augmentation, il s’agit du « braconnage, du fait des conflits d’usages que leur présence suscite ».

Pour les chauves-souris, c’est « l’intensification des pratiques agricoles et l’exploitation forestière », « les opérations de rénovation et d’isolation des bâtiments, qui entraînent la disparition des gîtes qu’elles affectionnent »; mais aussi « le développement du secteur éolien » qui touche particulièrement les espèces migratrices victimes notamment de collisions avec les pales.

Source : IUCN France (rapport bilan liste rouge 13 ans – 2021)

Mais alors, quelles sont les solutions ?

La France doit « renforcer son action au niveau national (protection des espèces, plans d’action pour les espèces les plus menacées, développement des aires protégées et du réseau écologique national, réduction des impacts des politiques agricoles et d’aménagement…) et international (application des accords internationaux, coopération avec les pays du Sud…). » Ainsi, il semble primordial de stopper la dégradation des milieux naturels, de restaurer les zones humides et bocages et d’agir pour une agriculture extensive.

Pour finir sur une note positive, la Loutre d’Europe et le Bouquetin des Alpes, en situation précaire il y a encore quelques décennies, ont repeuplé désormais plusieurs départements grâce aux efforts de conservations des associations de protection de la nature et des pouvoirs publics.

Suite au programme de réintroduction engagé depuis 2014 dans les Pyrénées, le Bouquetin ibérique sera peut-être le prochain à sortir des espèces menacées de la Liste rouge…

Photo by veeterzy on Unsplash

En savoir plus / Sources :

Pour consulter la liste rouge des espèces menacées en France en détail :

https://uicn.fr/wp-content/uploads/2020/09/resultats-synthetiques-liste-rouge-france.pdf

Pour consulter la liste rouges des mammifères de France en détail :

https://uicn.fr/wp-content/uploads/2017/11/tableau-liste-rouge-mammiferes-de-france-metropolitaine.pdf

 

Infographie, Pourcentages d’espèces menacées en France métropolitaine :

https://uicn.fr/wp-content/uploads/2021/03/infographie_13ans_liste_rouge_carte_metropole.pdf

Infographie, Pourcentages d’espèces menacées en outre-mer :

https://uicn.fr/wp-content/uploads/2021/03/infographie_13ans_liste-rouge_carte_outre-mer.pdf