Les morsures de serpents exotiques en hausse ces dernières années en France

Référence de l’étude : Le Roux, G.; Grenet, G.; Schmitt, C.; French Poison Control Centers Research Group; Larréché, S.; Descatha, A. Bites by Non-Native Reptiles in France: Species,Circumstances and Outcome. Toxins 2022, 14, 570. https://doi.org/10.3390/toxins14080570

 

Le 20 aout 2022, une étude analyse 218 morsures de serpents exotiques en France, représentant 10.4 cases par an avec une nette augmentation à partir de 2014. Elle vient donner une certaine perspective à celle publiée outre-manche en juillet 2022. Cette analyse rétrospective entre 2000 et 2020 a été faite à partir des cas reportés dans les centres antipoison en France. 

85.7% des cas est dû à la détention chez des particuliers. 85.8% des morsures étaient de gravité légère. Tous les patients mordus par un serpent venimeux ont été hospitalisés ; un peu plus du tiers (36 %) ont reçu un sérum antivenimeux. Aucun décès n’est à reporter dans cette analyse. Les espèces indigènes de serpents (vipères notamment) ont été exclues de l’analyse, se focalisant uniquement sur les espèces exotiques.

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87.2% des morsures ont eu lieu sur des membres supérieurs, cependant des gros animaux, comme les boas, qui sont réputés calmes, et que les propriétaires placent délibérément autour de leur cou, ont tendance à mordre à la tête.

64.2% des patients étaient des hommes, contre 35.8% de femmes. Ce qui rejoint les conclusions d’analyse reportées dans l’étude de Pardeep S. Jagpal, Hayley A. Williams, Michael Eddleston, David Lalloo, David Warrell, Euan A. Sandilands, Ruben Thanacoody, Laurence Gray & Sally M. Bradberry.

Les morsures de serpents exotiques en hausse outre-manche.

73.9% des cas étaient des patients majeurs, la moyenne d’âge se situant à 29 ans. Le patient le plus jeune avait 4 mois et le plus âgé 67 ans. Contrairement à l’étude faite outre-manche, le nombre de patients mineurs est plus élevé : 1 quart des morsures.

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La majorité des cas de morsures reportés se serait produit dans le cadre de l’alimentation ou d’une manipulation de l’animal.

Aussi 23 espèces de serpents ont été identifiés. L’étude constate une augmentation au fil des années dans la diversité des espèces.

En Europe, le nombre de reptiles chez les particuliers est estimé à 7,9 millions, la France en tête avec 2,2 millions d’animaux, 1 million de plus que l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne. Le marché des animaux exotiques est dominé par un petit nombre de taxons populaires, d’autant plus que la possibilité d’obtenir des variations de couleur est importante. Les deux espèces de serpents les plus populaires à l’heure actuelle sont Pantherophis guttatus et Boa constrictor

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211 morsures sont dues à des serpents dont :

  • 69 Pythonidae (Python regius)
  • 43 Boidae (Boa constrictor)
  • 48 Colubridae (Pantherophis guttatus)
  • 28 Viperidae: Crotalinae
  • 8 Elapidae (Naja naja)

7 sont dues à des lézards (iguane, pogona ou encore Varanus sp. (incl. V. exanthematicus)

Les auteurs de l’analyse annoncent que les envenimations ophidiennes affecteraient 0.4 à 1.1% pour 100 000 habitants et causeraient 4 morts par an en Europe occidentale, la majorité des cas étaient provoquées par des serpents natifs du continent. Cependant, il existe un nombre grandissant de serpents exotiques détenus chez les particuliers ou éleveurs professionnels.  Les auteurs avancent que près de 1 250 espèces de serpents seraient commercialisées dans le monde, y compris des espèces venimeuses.

Les régions dans lesquelles le plus de morsures ont été signalées sont les Hauts-de-France, le Grand-Est et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les auteurs indiquent que celles-ci sont fortement urbanisées et frontalières de pays dans lesquels il est plus facile de se procurer des animaux, notamment en Allemagne ou aux Pays-Bas.

Alexandra

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