C’est quoi, une COP ?
La Conférence des Parties (COP) réunit régulièrement les pays signataires des grands traités environnementaux pour évaluer les progrès accomplis, négocier de nouveaux accords et fixer des engagements communs. Ces rencontres sont devenues des espaces essentiels de coopération internationale !
Cette année en 2025, il existe deux types de COP : la COP Climat et la COP CITES.
La première, très médiatisée, se concentre sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation au changement climatique et la mobilisation de financements. La seconde vise à réguler le commerce international des espèces de faune et de flore menacées afin de prévenir leur extinction. Elle a pour objectif de concilier protection de la biodiversité et utilisation durable des ressources naturelles (attention à ne pas la confondre avec la COP de la Convention sur la Diversité Biologique – COP CBD – qui cherche à préserver la biodiversité et les écosystèmes et à promouvoir l’utilisation durable des ressources génétiques et biologiques !).
Les décisions prises lors des COP influencent directement l’avenir de nos écosystèmes, du bien-être animal et la protection des populations les plus vulnérables !
Deux COPs aux enjeux… multiples

COP 30 CLIMAT
La COP30 pour le climat se tient du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, au nord du Brésil, dans un contexte marqué par deux années successives de records de chaleur et une hausse continue des émissions mondiales. Surnommée la “COP des COP”, elle affiche une ambition claire : faire de cette édition un tournant, en passant de la négociation à la mise en œuvre concrète.
Quels seront les sujets clés ?
L’Agenda de la COP30 s’articule autour de six axes visant à accélérer l’application de l’Accord de Paris adopté en 2015 :
- Accélérer la transition énergétique vers des technologies propres
- Protéger forêts, océans et biodiversité, en liant perte de biodiversité et aggravation du changement climatique
- Transformer l’agriculture et les systèmes alimentaires, avec un focus sur l’agroécologie et l’équité
- Renforcer la résilience des villes, des infrastructures et de la gestion de l’eau
- Garantir un développement humain et social équitable
- Mobiliser finance, technologies et capacités, indispensables pour soutenir l’action climatique
Les financements publics étant limités, la COP30 vise à attirer massivement des capitaux privés pour soutenir l’atténuation et l’adaptation, en particulier dans les pays en développement. Cela passe par une réforme des banques multilatérales de développement, des solutions sur la dette et des mécanismes d’investissement innovants.
Quels sont les points de tensions ?
À Belém, la COP30 devait marquer une étape décisive : la révision des engagements nationaux de réduction des émissions (CDN) pour la période 2026-2030. Pourtant, seuls 10 signataires de l’Accord de Paris ont soumis à temps une stratégie actualisée de réduction des émissions pour 2035.
Le constat est sévère : l’humanité est désormais quasiment certaine de manquer l’objectif de 1,5 °C.
Symbole de ce recul, l’Union européenne n’est toujours pas parvenue à s’accorder sur une trajectoire commune pour 2030-2035. Aucun plan climat consolidé n’a été remis par les 27 États membres. Ce manque d’ambition s’ajoute à un contexte géopolitique tendu : guerres, tensions commerciales, désaccords sur l’avenir énergétique. En somme, trois sujets paralysent les négociations : la finance, l’ambition climatique et le commerce. Sur le financement de l’adaptation au réchauffement climatique, les pays en développement réclament un effort massif des nations riches.
Les autochtones aussi manifestent leur mécontentement. Le 11 novembre, des dizaines de manifestants ont forcé l’entrée dans les locaux accueillant la COP, dénonçant l’insuffisance des protections qui leur sont accordées. Quelques jours plus tard, le 14 novembre, des membres du peuple Munduruku ont bloqué la principale voie d’accès au site pour protester contre un décret facilitant la navigation commerciale sur les fleuves amazoniens, une mesure qu’ils jugent menaçante pour leurs sites sacrés comme pour les écosystèmes.

COP 20 CITES
La COP20 de la CITES se tiendra du 24 novembre au 5 décembre 2025 à Samarkand, en Ouzbékistan. Réunie tous les deux ou trois ans, la Conférence des Parties de la CITES offre aux États l’occasion d’examiner la mise en œuvre de la Convention et de décider d’éventuelles évolutions. La COP20 permettra notamment d’évaluer la conservation des espèces inscrites aux Annexes et d’adopter des modifications aux listes d’espèces protégées.
Cette édition aura une portée particulière, puisqu’elle marquera également les 50 ans d’entrée en vigueur de la Convention !
La CITES, c’est quoi ?
Signée en 1973, la CITES réunit aujourd’hui 184 Parties. Elle régule le commerce international de plus de 40 900 espèces afin qu’il soit durable, légal et traçable, tout en soutenant les communautés locales et les économies nationales.
Le commerce mondial de la faune et de la flore, qui pèse plusieurs milliards de dollars par an, touche des centaines de millions d’animaux et de plantes vivants ou transformés : nourriture, cuir exotique, artisanat, souvenirs, produits médicinaux, cosmétiques ou trophées de chasse.
La CITES décide par conséquent quelles espèces peuvent être vendues et encadre la gestion de plus de 38 000 espèces, dont les tigres, éléphants, pangolins ou rhinocéros. Dans un contexte de pressions croissantes sur la biodiversité, elle représente souvent une solution vitale pour les espèces victimes de trafic, d’exploitation ou du marché des animaux exotiques.
Ces niveaux de protection sont définis par les trois Annexes de la CITES :
- Annexe I : quasi-interdiction du commerce international à des fins commerciales.
- Annexe II : commerce autorisé mais strictement contrôlé via un système de permis garantissant la légalité et l’absence d’impact négatif sur les populations sauvages.
- Annexe III : espèces protégées dans au moins un pays, qui a décidé unilatéralement d’en réguler le commerce et qui demande l’aide des autres États membres de la CITES pour contrôler ces échanges.
Ces règles s’imposent à toutes les Parties, qu’elles soient exportatrices ou importatrices.
Quels seront les sujets abordés ?
Pour ses 50 ans, la COP20 de la CITES traitera un programme exceptionnellement dense : 114 points à l’ordre du jour, dont 51 propositions d’amendement des Annexes (listes des espèces protégées) et 149 documents de travail. Les délégués devront examiner aussi bien l’évolution du commerce international de la faune et de la flore que l’avenir stratégique de la Convention.
Parmi les principaux dossiers :
- Nouvelles inscriptions d’espèces, notamment des requins, raies, concombres de mer, anguilles, et d’autres espèces marines, dans la continuité des avancées de la COP19.
- Propositions de réouverture du commerce international pour certains produits sensibles : ivoire d’éléphants, cornes d’antilopes saïgas.
- Moyens de subsistance et communautés autochtones, notamment les bénéfices potentiels liés au commerce légal et durable d’espèces inscrites.
- Réduction de la demande pour les produits issus du commerce illégal d’espèces sauvages.
- Rôle de la CITES dans la prévention des zoonoses, face aux risques sanitaires associés au commerce mondial d’animaux sauvages.
Les propositions d’inscription ou de modification d’annexes concernent plus de 200 espèces : éléphants, rhinocéros, girafes, requins, concombres de mer, serpents, etc. Elles pourraient renforcer ou ajuster leur niveau de protection.
Les documents de travail aborderont également l’application des règles de la Convention, avec la possibilité de sanctionner les pays ne respectant pas leurs obligations, ainsi que des débats plus larges sur la manière dont la CITES peut mieux répondre aux crises actuelles, notamment la surexploitation, l’une des principales causes mondiales d’érosion de la biodiversité.
En d’autres termes, l’un des enjeux majeurs de cette COP sera de préserver les espèces tout en tenant compte des populations qui en dépendent directement !
Quels impacts de la COP30 climat et de la COP20 biodiversité pour les animaux sauvages ?
Le changement climatique bouleverse déjà profondément la vie des animaux sauvages. Il accélère la perte de biodiversité, détruit les habitats et pousse de nombreuses espèces vers l’extinction. En modifiant les zones de répartition et en raréfiant les ressources, il augmente aussi les conflits entre humains et animaux, contraints de se déplacer pour trouver nourriture, eau ou abri.
Ces pressions touchent également les communautés autochtones et locales, souvent en première ligne malgré leur faible responsabilité dans la crise climatique.
Pourtant, à la COP30 sur le climat, la faune et les écosystèmes restent encore trop marginalisés dans les décisions, les financements et les plans climat. Plusieurs pistes sont essentielles pour combler ce manque :
- Intégrer la protection de la faune et des écosystèmes dans les engagements climatiques nationaux (CDN/NDC) : la conservation ne doit plus être traitée comme un sujet secondaire.
- Renforcer les financements pour les solutions fondées sur la nature : au-delà des simples crédits carbone, ces investissements doivent soutenir la biodiversité, la résilience des communautés et la restauration des écosystèmes.
- Soutenir les initiatives menées par les communautés locales et autochtones, gardiennes des territoires et actrices clés de la conservation.
D’ailleurs, le Congrès mondial de la nature de l’UICN a adopté une résolution reconnaissant le rôle essentiel des animaux sauvages dans les solutions climatiques naturelles. Des herbivores qui façonnent les paysages aux grands prédateurs qui régulent les écosystèmes, la protection des animaux sauvages contribue au captage du carbone, au maintien de la santé des milieux naturels et à la résilience face au changement climatique.
Cette résolution consacre une idée longtemps défendue par les organisations de protection animale dont Code Animal fait partie : protéger les animaux sauvages, c’est aussi protéger le climat !
Enfin, concernant la COP20 de la CITES, l’enjeu est de rendre les textes plus contraignants et de ne surtout pas assouplir les interdictions de commerce concernant certaines espèces clés, comme le réclament certains États.
Code Animal demande une liste positive pour les animaux !
Les décisions prises dans le cadre des grandes conférences internationales peuvent avoir un effet d’influence politique descendante : en renforçant la volonté des États de protéger les écosystèmes, elles encouragent l’adoption de mesures nationales plus ambitieuses, telles que les Listes Positives.
La CITES, quant à elle, sert souvent de cadre minimal : elle définit ce qui peut ou non être échangé au niveau international. Les États peuvent ensuite aller plus loin dans leur propre législation. La Liste Positive s’inscrit précisément dans cette logique : c’est un outil national ou régional permettant d’appliquer, voire de dépasser, les engagements internationaux en matière de protection des espèces.

Qu’est-ce qu’une Liste Positive ?
La Liste Positive est un système qui établit clairement quelles espèces peuvent être détenues ou commercialisées par des particuliers. Elle autorise uniquement les animaux dont les besoins sont le moins incompatibles avec la captivité et dont le commerce n’alimente pas le trafic.
Bien que plusieurs États membres de l’UE aient déjà adopté leur propre liste, il revient à la Commission européenne d’harmoniser ces cadres pour lutter plus efficacement contre les dérives du marché, notamment le commerce illégal d’animaux exotiques en ligne.
C’est l’un des combats de Code Animal !
En effet, le changement climatique fragilise la faune sauvage tandis que le commerce international rend certaines espèces plus vulnérables. Ainsi, la CITES lutte directement contre le commerce international illégal, la Liste Positive diminue la demande intérieure pour les espèces sauvages, et les politiques climat et biodiversité adoptées lors des COP renforcent la protection globale des écosystèmes.
Ensemble et lorsqu’ils sont appliqués, ces trois plans d’actions contribuent à réduire la pression sur les populations sauvages, en limitant leur capture et leur commerce, et en protégeant les espèces les plus vulnérables !
Marion Bigoin
SOURCES
COP30
Centre régional d’information des Nations unies (UNRIC). (n.d.). Les six points clés de la COP 30. UNRIC. https://unric.org/fr/les-six-points-cles-de-la-cop30/
ClimateSeed. (2024, 21 octobre). La COP sur la biodiversité : En quoi est-elle différente de la COP sur le climat ? ClimateSeed. https://climateseed.com/fr/blog/differences-cop-biodiversite-cop-climat
Confédération des Sœurs Dominicaines Internationales. (2025, 3 novembre). COP 30 : Les principaux sujets de délibération et les questions controversées. DSIC. https://dsiop.org/fr/nouvelles/2025/cop-30-les-principaux-sujets-de-deliberation-et-les-questions-controversees/
Connaissance des Énergies. (2025, 10 novembre). Climat : que faut-il savoir sur la COP30 à Belém ? Connaissance des Énergies. https://www.connaissancedesenergies.org/questions-et-reponses-energies/climat-que-faut-il-savoir-sur-la-cop30-belem
IFAW. (2025, 7 novembre). Can COP30 be a turning point for wildlife and climate? IFAW. https://www.ifaw.org/journal/cop30-turning-point-for-wildlife-climate
Le Monde. (2025, 18 novembre). À mi-parcours, la COP30 empoisonnée par la finance. Le Monde. https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/11/18/a-mi-parcours-la-cop30-empoisonnee-par-la-finance_6653808_3244.html
Le Monde. (2025, 18 novembre). La COP30, enjeu existentiel pour les peuples autochtones. Le Monde. https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/11/18/la-cop30-enjeu-existentiel-pour-les-peuples-autochtones_6653832_3232.html
World Federation for Animals. (2025, 10 octobre). Resolution passed at IUCN Congress elevates role of wild animals in climate change. WFA. https://wfa.org/resolution-passed-at-iucn-congress-elevates-role-of-wild-animals-in-climate-change/
World Animal Protection. (n.d.). Conference of the Parties (COP) Guide 2025. World Animal Protection. https://www.worldanimalprotection.org/climate-change/COP/
WWF France. (2025, 4 novembre). COP30 : En dépit des blocages et des tensions, la communauté internationale doit trouver un chemin. WWF France. https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/cop30-en-depit-des-blocages-et-des-tensions-la-communaute-internationale-doit-trouver-un-chemin
COP20
Born Free Foundation. (2025, 24 novembre). CITES CoP 20 – Key questions answered. Born Free. https://www.bornfree.org.uk/news/cites-cop-20-key-questions-answered/
CITES. (2025, 8 mai). L’Ouzbékistan accueillera la CoP 20 de la CITES dans la ville historique de Samarkand en 2025. CITES. https://cites.org/fra/news/uzbekistan_to_host_cites_cop20_in_historic_city_of_samarkand_in_2025
Fondation Franz Weber (FFW). (2025, 24 juin). La CoP20 CITES : Quel avenir pour les éléphants ? FFW. https://www.ffw.ch/fr/nouvelles/la-cop20-cites-quel-avenir-pour-les-elephants/
IISD Earth Negotiations Bulletin. (s. d.). 20th Meeting of the CITES Conference of the Parties (CITES CoP20). IISD ENB. https://enb.iisd.org/convention-international-trade-endangered-species-wild-fauna-flora-cites-cop20

