Les bêtes de Dechavanne, des émissions d’arrière-garde

Après « Bêtes de scène », « pas bêtes du tout », Christophe Dechavanne présente sur TF1 « une soirée de bêtes ». Emission dans laquelle l’animal serait mis à l’honneur…

L’émission diffusée le 28 mai 2010 sur TF1 et présentée par Christophe Dechavanne et Patrice Carmouze vise à « rendre hommage » aux animaux. Un hommage pour le moins étrange lorsque l’on sait que les animaux présentés vivent tous dans des conditions de captivité aliénantes. Présenter un animal sur un plateau, c’est lui imposer le transport, l’attente dans des cages dans les coulisses des studios, puis l’exposer en pleine lumière, face à un public et à des invités qui bien généralement l’excitent et l’apeurent encore plus. Le stress est inévitable.

Mais ce genre d’émission plutôt que nous sensibiliser à la fragilité de l’animal dans son milieu naturel, nous l’expose comme un bien de consommation, qui rappelle étrangement les zoos humains, il y a un siècle. En exhibant par exemple, l’ours de Jean-Philippe Roman, c’est la stature de l’animal que l’on nous montre, une forme de férocité néanmoins aliénée par la domination de l’homme sur le bête…

Ici, il n’est pas question d’hommage, mais bien au contraire d’une banalisation de l’acte de soumission et de négation de l’animal. Le fait que l’animateur Christophe Dechavanne soit également chasseur n’a dès lors rien d’étonnant.

La Fondation 30 millions d’amis a vivement réagi auprès de la direction de TF1 : « Je déplore qu’une grande chaîne comme TF1, première chaîne européenne qui a donné naissance à 30 Millions d’Amis et l’a fait grandir pendant 27 ans, puisse – en diffusant ce type de programme – se faire complice de tous ceux qui ne respectent pas les animaux »
> Voir le communiqué de la Fondation 30 millions d’Amis
Réagir

A l’instar de la Fondation 30 Millions d’Amis, Code Animal a vivement réagit auprès de la chaîne et vous invite à faire de même. Nous vous tiendrons bien entendu informé des réponses. Un modèle de message est proposé ci-dessous, mais un message plus personnel (aussi court soit-il) est toujours préférable.

Les messages sont à envoyer à l’attention de Monsieur Nonce Paolini, Président Directeur Général sur http://www.tf1.fr/tf1-et-vous/contact/ ou en envoyant un courrier à TF1 – 1 quai du Point-du-jour, 92656 Boulogne-Billancourt Cedex.

Monsieur le Président Directeur Général.

Je tiens à vous exprimer notre plus profonde indignation depuis la diffusion de l’émission de M.Dechavanne « une soirée de Bêtes », le 28 mai dernier.
Le concept même d’exhibition est difficilement acceptable lorsque l’on connait les besoins spécifiques des espèces sauvages. Que se soit la distance de fuite de l’animal qui est de toute évidence bafouée dans ce genre d’exercice ou les détentions en cage. Si votre chaîne tient à « rendre hommage » à l’animal, c’est en allant à sa rencontre, en évoquant les problèmes de trafic ou de déforestation et non pas en le trimbalant sur un plateau ou en cautionnant les dompteurs d’animaux.

Aussi, je vous invite à méditer cette phrase de Claude Levi Strauss sur les dangers que peuvent cacher cette annihilation du monde animal par l’homme.
« J’ai le sentiment que toutes les tragédies que nous avons vécues, d’abord avec le colonialisme, puis avec le fascisme, enfin les camps d’extermination, cela s’inscrit non en opposition ou en contradiction avec le prétendu humanisme sous la forme où nous le pratiquons depuis plusieurs siècles, mais, dirais-je, presque dans son prolongement naturel. Puisque c’est, en quelque sorte, d’une seule et même foulée que l’homme a commencé par tracer la frontière de ses droits entre lui-même et les autres espèces vivantes, et s’est ensuite trouvé amené à reporter cette frontière au sein de l’espèce humaine, séparant certaines catégories reconnues seules véritablement humaines d’autres catégories qui subissent alors une dégradation conçue sur le même modèle qui servait à discriminer entre espèces vivantes humaines et non humaines. Véritable péché originel qui pousse l’humanité à l’autodestruction. »

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de croire, Monsieur le Président Directeur Général, en nos cordiales salutations.

Karine