La viande de brousse, (bushmeat en anglais) correspond à la viande d’animaux sauvages destinée à la consommation humaine.

Sa principale caractéristique est d’être une activité écologiquement non durable et éthiquement répréhensible.

On la différencie de la chasse traditionnelle, locale et pérenne pratiquée par les tribus, même si les barrières sont de plus en plus ténues.

Tous les taxons sont concernés, mammifères, reptiles, amphibiens, oiseaux, arthropodes, scorpions, mygales et larves d’insectes.

Elle provient essentiellement du continent africain, mais aussi de l’Asie du Sud Est et de l’Amérique latine. La consommation locale de viande de brousse existe depuis toujours dans de nombreuses régions et de nombreuses communautés, mais les captures dans la nature se sont très fortement accrus ces dernières années, car la consommation n’est plus seulement locale. La mondialisation permet en effet de nos jours le transport de n’importe quelle marchandise par voie maritime, aérienne ou terrestre, dans des délais très courts. Les produits qui servaient autrefois avant tout à l’auto-approvisionnement familial et communautaire sont devenus des biens de plus en plus prisés dans les pays riches.

Travail photographique : Jessica Weinberg McClosky

Les principaux motifs de chasse

 L’alimentation humaine, pour une consommation locale rurale ou urbaine, et internationale : il est en effet de notoriété publique que de la viande de brousse est en vente sur des marchés new-yorkais, londoniens et parisiens et plus globalement dans toutes les grandes villes Européennes

– La Médecine traditionnelle chinoise, avec une inquiétude accrue depuis la 72ème assemblée mondiale de la santé qui s’est tenue à Genève du 20 au 28 mai 2019. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a en effet intégré la médecine traditionnelle chinoise dans sa « Classification internationale des maladies », une publication de l’OMS garantissant que tous les membres de la communauté de la santé font référence aux maladies et problèmes de santé de manière cohérente. Cette CIM est la norme de référence qui sert à définir et à notifier les maladies et les problèmes de santé. Elle permet au monde de comparer et de partager les informations sanitaires en utilisant un langage commun. De nombreux produits issus de la faune sauvage entrant dans la composition des médicaments chinois, la prudence est de mise.

Source

– Les animaux vivants pour la compagnie, localement et internationalement avec la mode des animaux sauvages exotiques chez les particuliers.

– L’utilisation ornementale qui nécessite une partie du corps de l’animal, sa peau, ses griffes, ses os, ses dents, ses sabots… , la fabrication de bijoux, meubles, statuettes, objets utilitaires…

La croissance démographique humaine exponentielle a entrainé la conversion de zones sauvages en zones habitées, la déforestation pour l’agriculture et le bétail, la construction de routes permettant un accès largement facilité à des zones autrefois inaccessibles.

L’efficacité des armes de chasse et notamment l’utilisation d’armes à feu, les exploitations minières de sociétés internationales qui emploient des travailleurs locaux pauvres qui se nourrissent des ressources sur place, un trafic et une organisation bien rodés sont également des causes majeures de l’augmentation des captures de faune sauvage.

Photo Code Animal 2016

LES RISQUES D’UNE TELLE CHASSE

– Conservation des espèces : Les captures d’animaux sauvages dans la nature afin de satisfaire la demande croissante de viande de brousse contribuent à pousser certaines espèces à la disparition. Ils menacent ainsi la survie de nombreuses espèces animales dans leur pays d’origine. Des projections ont par exemple montré que ces captures d’animaux sauvages dans la nature en Afrique sont six fois supérieurs à une alimentation basée sur des protéines animales normales.

Nous sommes dans la 6ème extinction de masse des espèces, mais la différence avec les précédentes est que celle-ci se déroule avec un taux moyen de perte d’espèces de vertébrés sauvages 1000 fois plus élevé que les taux de fond à cause de l’impact de nos activités humaines. Avec un déclin dramatique des mammifères de grande taille à l’échelle mondiale car les chasseurs ciblent les mammifères et surtout ceux de grande taille.

Ce phénomène n’est cependant pas récent puisque dès le pléistocène, on constate l’extinction rapide de la mégafaune concomitamment avec l’arrivée d’homininés, principalement Sapiens et Néandertal, sur les continents (même si le facteur climatique a aussi été mis en cause).

Aujourd’hui, la biomasse (Masse de matière vivante subsistant en équilibre sur une surface donnée du globe terrestre) de l’espèce humaine est presque dix fois supérieure à celle de l’ensemble des Mammifères sauvages (5 500 espèces connues) !

Et le bétail, bovins, ovins, porcins représente une biomasse environ 14 fois plus importante que celle des Mammifères sauvages. Les oiseaux d’élevage quant à eux, représentent une biomasse 3 fois plus importante que les oiseaux sauvages (70 % des oiseaux sont des oiseaux d’élevage).

C’est dire l’impact de l’humain sur la biosphère.

Graphique proposé par Wikipédia

Une étude publiée en octobre 2016 par la Royal Society Open Science a révélé que 301 espèces de mammifères terrestres étaient directement menacées par la chasse pour la viande de brousse, que ce soit pour la  consommation ou la médecine traditionnelle.

Et les grandes espèces de mammifères sont principalement ciblées alors qu’elles sont les moins aptes à supporter des captures en masse.

Les mammifères prédateurs et herbivores de grande taille font un contrôle descendant sur les écosystèmes, leur perte entraîne des changements rapides, généralisés sur le climat, d’autant plus qu’il n’y a pas d’équivalent grande taille dans les autres taxons. 

Il est évident aussi que certains grands prédateurs, même quand ils ne sont pas spécifiquement ciblés, sont en compétition pour les ressources et souffrent de la chasse intensive des humains sur les herbivores car la quantité de proies disponibles pour eux diminue.

Par voie de conséquence, les mammifères de moins d’1kg qui ne sont pas ciblés par les chasseurs prolifèrent avec une augmentation systématique du nombre de rongeurs. Or, ceux-ci sont particulièrement efficaces dans la transmission de zoonoses, car ils ont des cycles biologiques plus rapides et vivent souvent en contacts plus étroits avec les humains.

On a constaté depuis longtemps que la disparition accélérée d’une espèce a un impact environnemental dépendant de la place de cette espèce dans la chaine alimentaire. Il peut être relativement réduit ou au contraire entrainer des altérations irrémédiables et en cascade sur l’écosystème.

 

Image Code Animal

Les mammifères ont des rôles écologiques divers, qu’ils soient super prédateurs ou herbivores. Certaines chauves-souris par exemple, sont inféodées à une espèce d’arbre dont la dispersion des graines se fait via les fèces des consommateurs des fruits. Plus de chauve-souris signifie aussi la disparition à terme de l’espèce végétale en question, d’autant plus que la dispersion des graines par les petits mammifères frugivores chauves- souris et petits primates est rarement compensée par l’action des reptiles et oiseaux.

L’élimination de ces disperseurs de graines entraîne donc des changements radicaux et accélérés de la composition des sols et de la régénération des forêts.

On sait globalement que l’Ordre le plus menacé par la chasse est celui des primates qui paie un lourd tribut d’autant plus que leur population est déjà sévèrement diminuée par la perte de leur habitat.

Viennent ensuite les herbivores à doigts pairs, chauve -souris, marsupiaux, rongeurs et carnivores.

La menace pour une espèce dépend de sa capacité à se reproduire, s’adapter à de nouveaux contextes, à la multiplication des menaces qui pèsent sur elle, de l’interférence avec les autres espèces…

Entre 1996 et2008, l’état de conservation de 23% des espèces de mammifères fortement chassées s’est détérioré. 40 espèces étaient déjà classées en danger critique d’extinction en 1996 et force est de constater qu’il n’y a pas eu d’amélioration 20 ans plus tard malgré tous les sommets internationaux sur la conservation de la biodiversité et les aires protégées. Dans de nombreuses régions, l’utilisation de pièges non sélectifs comme les collets entraine un nombre très important de prises accessoires, la capture de jeunes et de femelles gestantes, avec un » gaspillage « d’un quart des captures et environ un tiers des animaux qui parviennent à s’échapper avec des lésions et surtout un taux de survie inconnu.

La détérioration des écosystèmes forestiers est un phénomène connu sous le nom de « syndrome des forêts vides », empty forest. Il est au dû au manque de financement pour les parcs, à la pénurie de gardes forestiers et la construction de nouvelles routes, la multiplication de projets de développement industriel par des puissances étrangères.

Les problématiques sanitaires

– Risque d‘épidémies : L’importation d’animaux sauvages tués à la chasse crée en outre un problème sanitaire. Il existe en effet de nombreuses zoonoses qui peuvent être transmises par contact avec la viande de brousse. Les premiers à risquer la transmission de maladies sont les chasseurs eux-mêmes qui dépècent et découpent leurs prises sans aucune précaution sanitaire, souvent au milieu de la forêt, à même le sol et sont donc susceptibles de se contaminer par les fluides et sécrétions animales lors de coupures, ce qui arrive relativement souvent.

Les animaux sauvages hébergent de nombreux agents pathogènes qui ne leur occasionnent pas toujours de symptômes ou peu, du fait de l’évolution et de l’adaptation physiologique des espèces. En revanche, ces agents pathogènes, parasites internes ou externes, les bactéries, virus ou protozoaires peuvent accidentellement infecter un humain et provoquer chez lui de graves symptômes, voir la mort. De ce fait, il devient primordial de connaitre l’histoire évolutive du pathogène en question, comment ce pathogène est maintenu au sein de l’espèces sauvage, comment il a franchi la barrière d’espèce, s’il est plutôt généraliste pouvant infecter plusieurs espèces différentes ou plutôt spécialisé, les taux de morbidité, létalité, s’il existe des hôtes réservoir ou intermédiaires, si l’animal qui a transmis la maladie est un hôte fortuit ou dit cul-de-sac…

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Tous ces agents n’entrainent bien sur pas de pandémies comme le virus Ebola, celui du Sida et aujourd’hui le coronavirus, mais trouver des réponses à ces questions est toujours nécessaire.

Ces transmissions de pathogènes ont toujours existé car la chasse pour la viande de brousse est une activité ancestrale qui perdure selon les mêmes modes opératoires et sans aucune précaution hygiénique, les chasseurs ont d’ailleurs souvent été contaminés. Mais avant, quand un membre d’une communauté était infecté par un agent contagieux, il pouvait à son tour contaminer sa famille, sa tribu, un village voisin au pire mais la contamination s’arrêtait à ce stade en général car les populations étaient dispersées.

Aujourd’hui, avec la mondialisation, les modes de transports et les interconnections rapides des individus, les virus se propagent comme une trainée de poudre, comme c’est le cas avec le Coronavirus responsable de la maladie du Covd-19. Comme tous les virus à ARN, il a la faculté de muter facilement, et une mutation lui a par hasard été favorable et lui a permis de proliférer dans les cellules humaines. Notre monde moderne hyperconnecté lui a ensuite largement facilité la tache en le propageant tout autour du globe en un temps record.

Le point de départ est le même, les conséquences beaucoup plus lourdes.

Commerce international

On suspecte déjà fortement que ce commerce est « spécialisé » et géré par des personnes conscientes des lieux de passages les plus surveillés. On sait aussi que, contrairement à d’autres produits illégaux, tels que la corne d’éléphants ou de rhinocéros, dont les passes commerciales sont limitées, la viande de brousse peut passer n’importe où et principalement là où les populations migrantes d’Africaines s’installent. Ce commerce s’étend aux marchés gastronomiques, et ce trafic est souvent fortement lié avec ceux de la drogue et des armes.

Le marché européen de la viande de brousse joue un rôle important car il représente un aspect très lucratif pour les trafiquants africains. Grâce au commerce illégal ils obtiennent des prix élevés pour des espèces africaines de plus en plus rares. Le transport illégal de la viande est rentable d’autant plus que les risques sont minimes en raison des contrôles laxistes. Dans la mesure où les espèces africaines deviennent de plus en plus rares, les prix flambent à l’étranger. Le Sud-est asiatique est un énorme marché pour ce genre de produits mais l’Europe et les États-Unis sont devenus des marchés à fort potentiel.

Ainsi, l’aspect de subsistance du commerce de la viande de brousse a changé et il s’est développé une véritable industrie pour approvisionner le marché des mégapoles africaines et de nombreux commerçants cherchent à faire de plus gros profits encore en exportant leurs marchandises au-delà de la Méditerranée.

Aussi, pour lutter plus efficacement contre cette menace, il est crucial que les organismes de réglementation et les forces de l’ordre sachent précisément quelle quantité de viande afflux aux frontières, de quelles espèces provient la viande, s’il s’agit d’espèces en voie de disparition, et si les quantités augmentent.

Pour l’instant seules existent les données de confiscation mais ces données ne permettent pas de distinguer quelles espèces sont touchées. Or, tant que l’envergure du commerce de la viande de brousse en Europe n’est pas connue, et quelles espèces sont commercialisées, la menace pour les espèces en voie de disparition, y compris les primates, restera un mystère.

Source

Travail photographique : Jessica Weinberg McClosky

Pour la Chine, le problème est encore plus compliqué car le gouvernement publie de nouveaux règlements pour montrer sa bonne volonté sur la scène internationale mais ces règlements sont peu appliqués car bien souvent, il n’y a pas de système légal indépendant, les responsables locaux du Parti communiste ou des comités locaux d’inspection d’hygiène sont soudoyés, et il n’y a pas de journalistes indépendants pour dénoncer ce type de pratiques. Toutes les dérives sont possibles, comme dans n’importe quel pays ou la corruption règne à tous les étages.       
Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la Recherche

L’Asie du sud-est est l’épicentre du commerce global de faune sauvage et joue un rôle clé comme source, consommation et transit de ce marché avec une variété  très importante d’espèces.     

De 2002 à 2015, 2 Millions de kg de viande, 1,39 Millions d’individus vivants, 1,58 Millions de peaux, de 975 taxons ont été exportés d’Afrique au sud est de l’Asie (Outhwaite and Brown, 2018).

Il existe un marché légal et un marché illégal mais le marché illégal est de plus en plus important, en absence de contrôle, de système de régulation et de pénalisation. De 1998 à 2007, 35 millions d’animaux et de plantes listés par la CITES et venant du Sud de l’Asie ont été commercialisés, 79% avait été déclaré capturé dans la nature.

Les trafiquants qui blanchissent leurs marchandises illicites par le biais de systèmes commerciaux légaux ont accès à des marchés de demande beaucoup plus importants que ceux qui dépendent exclusivement du marché noir (UNDOC, 2016). La situation empire par l’existence de syndicats internationaux hautement organisés de commerce d’espèces sauvages et l’expansion les plates-formes en ligne, qui deviennent rapidement un défi croissant pour les agences les organisations de conservation dans leur ensemble (Stoner et al., 2017)

La croissance du pouvoir d’achat de la population asiatique cette dernière décennie a contribué à ce que les consommateurs recherchent des produits de luxe, l’ivoire, la corne de rhinocéros mais aussi des mets considérés comme des symboles de richesse et de réussite sociale.

En réalité, la prévalence et les différentes motivations à se procurer, souvent illégalement, des produits issus de la faune sauvage, varient selon les communautés et les pays, mais sont globalement répertoriés comme suit :

 – émotionnels, désir de démontrer une richesse, un statut social, affirmer une réputation

 -fonctionnelle comme les traitements de médecine traditionnelle, mais aussi utilisé comme placement financier, ou en tant qu’objet de divertissement ou de récréation

 –Culturel, spirituel

Photo Code Animal 2020

Le trafic faunique

Aujourd’hui, la question du trafic d’espèces sauvages est considérée comme un problème aussi grave que le trafic des stupéfiants, des armes et celle des êtres humains car on sait combien tous ces crimes sont interconnectés (AGNU, 2015).  De nombreux accords internationaux, régionaux et des cadres sous-régionaux ont été établis au cours des dernières décennies pour gérer et réglementer commerce international des espèces sauvages. La CITES, entrée en vigueur en 1975, est considérée comme la plus importante (www.cites.org)

L’Asie du Sud-Est est un nœud de transit important, impliquant un large éventail d’espèces qui sont soit légitimement élevées en captivité, soit déclarées frauduleusement.

 

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Deux exemples précis pour illustrer la problématique :

Les quatre espèces de pangolins d’Asie et les quatre autres d’Afrique sont collectivement considérées comme les mammifères sauvages les plus trafiqués au monde. Entre août 2000 et juillet 2019, on estime que 895 000 pangolins ont été victimes de la traite dans le monde, impliquant des pangolins asiatiques et africains, principalement destinés aux marchés asiatiques, Chine et Vietnam (Challendar et al., 2019).

Des dizaines de milliers de pangolins ont été importés en Chine et ce commerce a contribué à une baisse de leur population de plus de 90%.

L’épuisement de la population en Asie en raison des niveaux commerciaux élevés a déclenché une augmentation du pangolin africain dès 2001, alors qu’auparavant, l’incidence du commerce des pangolins africains était négligeable.

L’analyse des itinéraires mondiaux de trafic de pangolins de 2010 à 2015 a montré que l’Indonésie, PDR, la Malaisie, la Thaïlande et le Viet Nam figuraient parmi les 10 premiers pays les plus impliqués dans trafic international de pangolins – ces cinq pays d’Asie du Sud-Est sont à eux seuls impliqués dans la contrebande de plus de 30000 pangolins (Heinrich et al., 2017). En octobre 2016, les huit pangolins africains et asiatiques ont tous été inscrits à l’Annexe I de la CITES et le commerce international dans les pangolins vivants ou dans l’une de leurs parties est interdite, bien que cela n’ait pas réduit les échanges.

Cependant, une analyse préliminaire des données sur les saisies montre encore que plus de 211 000 kg d’écailles de pangolin et plus 40 000 pangolins entiers (vivants et morts) ont été saisis dans le monde de 2012 à 2019 (TRAFFIC en préparation). Mis à part les saisies, la recherche de TRAFFIC sur les marchés ouverts de la région du Grand Mékong en 2019 met en évidence une disponibilité constante et ouverte des produits de pangolin.

Le commerce des amphibiens est très souvent négligé dans le contexte du commerce mondial des espèces sauvages.

Or la demande est extrêmement forte, pour la consommation mais aussi pour le marché du NAC Ce serait une cause majeure du déclin de la population d’amphibiens, après perte d’habitat (Rowley et al., 2016; Warkentin et al., 2008). Le commerce des amphibiens implique des milliards d’animaux chaque année, le commerce se faisant à la fois légalement (le commerce n’est pas interdit par les gouvernements) et illégalement (notamment blanchi par manque de réglementation gouvernementale ou par manque de protection des espèces d’amphibiens). L’Asie du Sud-Est a une grande diversité d’amphibiens, bien qu’une grande majorité d’entre eux ne soit pas protégée au niveau national et que leur commerce international ne soit pas réglementé. Ainsi, seules 25 espèces de grenouilles sont actuellement inscrites à la CITES, pour un nombre tout aussi faible d’espèces de tritons sont inscrit sur la CITES.

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Transport et contrebande

Le commerce des produits de la faune demande beaucoup de logistique, passe par de nombreuses mains et de nombreux pays avant d’arriver à destination. Les trafiquants utilisent généralement les mêmes réseaux de transport multimodal que les exportateurs et importateurs légaux, en falsifiant les documents et/ou s’appuyant sur la corruption qui sévit à tous les étages de la chaîne de transport.

TRAFFIC

Par mer

Les trafiquants profitent de l’impossibilité pour les services douaniers de vérifier les dizaines de millions de conteneurs qui transitent chaque année dans les ports importants, ce qui rend la détection des cargaisons illicites très difficile et ne repose souvent que sur des enquêtes préalables, de fortes suspicions ou des contrôles au hasard qui s’avèrent positifs.

Par air 

En ce qui concerne la viande de brousse, c’est une voie très empruntée, par les particuliers et les trafiquants organisés, les contrôles en fonction des aéroports d’arrivée sont parfois inexistants malgré la présence en bagage à main de grosses glacières pour chaque passager.

En extrapolant les chiffres, les chercheurs estiment qu’environ 270 tonnes pourraient traverser l’aéroport Charles de Gaulle chaque année. En faisant le calcul de ces totaux pour tous les principaux aéroports européens, l’ampleur du problème choque les chercheurs.

Source

Le manque de contrôle aux frontières et notamment dans les aéroports s est un problème majeur.

Manque de moyens humains, manque de formation du personnel, manque de moyens financiers et efforts portés sur d’autres trafics comme les armes, la drogue … alors que tout le monde sait que les réseaux sont interconnectés.

Problème aussi par le nombre de petits porteurs qui traversent les frontières en toute impunité, souvent avec des glacières remplies en guise de bagage à main.

Pour un œil novice, quand la viande de brousse est coupée et fumée, il est impossible de reconnaitre l’espèce dont elle provient, et c’est le cœur du problème. Il y a un manque de formation des agents douaniers, les restes fumés sont confisqués et classifiés de viande de brousse, sans que l’espèce animale et son statut CITES ne soit défini. Un manuel a été édité à l’attention des agents de douane pour les aider dans l’identification de la viande.

En fait, seule l’analyse de l’ADN permettrait d’identifier les espèces d’origine avec certitude, explique Kathy Wood, de l’association Tengerwood. Pourtant ces analyses ne sont pas pratiquées sur les saisies de viande de brousse dans les aéroports internationaux et dans d’autres points d’entrée. La peur des maladies infectieuses impose comme règle sanitaire la destruction rapide par incinération de la viande de brousse saisie et cela continue d’entraver l’évaluation scientifique des tendances du commerce européen. Or, toujours selon la même organisation, des échantillonnages de viande de brousse seraient faciles à effectuer aux points d’entrées nationaux car les test ADN sont bon marché et simples à utiliser. Cela permettrait d’identifier les espèces et leurs pays d’origine.

Photo Code Animal

Par route

Les contrôles aux frontières terrestres dans toute la région sont quasi inexistants et la corruption permet le passage de nombreuses marchandises illicites en cas de contrôle.

En fait, il faut bien avoir à l’esprit que la plupart des pays du sud est asiatique n’a pas de législation satisfaisante permettant de suivre les recommandations de la CITES.

Ces lacunes dans les cadres juridique et réglementaire, notamment en Indonésie, Laos, Thaïlande et Vietnam, l’application laxiste des lois quand elles sont votées, les niveaux élevés de corruption et les  faibles taux de poursuites ou de condamnations, sont les principaux facteurs permettant au commerce illégal d’espèces sauvages de prospérer. Le profit est élevé et le risque faible. Cela attire bien évidemment des acteurs du crime organisé, les contrebandiers sont ainsi aptes à tirer parti des faiblesses législatives qu’ils combinent avec la facilité d’organiser des expéditions illicites à travers les plaques tournantes de la région.

A cela s’ajoute le fait que de nombreux documents CITES sont falsifiés à différents niveaux du transit, souvent avec l’aide de fonctionnaires corrompus occupant des postes plus ou moins importants dans la hiérarchie.

 Des stratégies pour réduire les opportunités d’abus dans l’élaboration des permis et certificats CITES seraient donc :

  • La poursuite de fonctionnaires corrompus pour violation du droit national, des lois et conventions internationales.
  • L’introduction d’un système d’autorisation électronique, tel que eCITES, pour rationaliser et automatiser rapidement et numériquement les processus et les contrôles.

 -Un suivi adéquat et des sanctions pour les contrevenants à tout système d’autorisation

 -Une formation scientifique et technique adéquate pour les fonctionnaires concernés pour identifier les abus lors de la délivrance et de l’inspection des documents.

 – L’application des mesures pour rendre les documents papier plus sûr, compte tenu des mesures décrites dans la CITES.

(Résolution 12.3 sur les permis et certificats et autres orientations fournies par le Secrétariat CITES)

Communication auprès des populations

La lutte devrait se faire sur place, là où les animaux sont capturés, c’est à dire dans les pays en voie de développement qui ont donc besoin d’être aidés logistiquement et financièrement par les pays riches qui sont les importateurs.

L’éducation doit se faire dans les pays d’origine, au plus près des populations locales qui sont les premiers maillons de la chaine, dans les zones urbaines des pays d’approvisionnement où la consommation de viande de brousse est encore souvent considérée comme un signe de richesse, héritage culturel, pour les grandes occasions mais aussi et surtout dans les pays demandeurs, en faisant radicalement baisser la demande.

Les braconniers et trafiquants connaissent bien la mentalité humaine et sont forts en marketing ! Ils créent des besoins, inventent des vertus médicinales, spirituelles ou autres qu’ils attribuent à des animaux ou parties d’animaux.

C’est toujours le même principe, quel que soit le produit : les publicitaires au quotidien dans nos journaux, à la radio ou sur n’importe quel support médiatique nous vantent les vertus de leurs produits, les trafiquants font aussi en sorte de créer des besoins, de les entretenir, par d’autres voies moins frontales bien sûr, mais dans le même principe, pour que leur commerce perdure.

Cependant, grâce à l’information qui circule, notamment auprès des nouvelles générations, avec l’appui de « people », de chanteurs ou acteurs renommés, les mentalités évoluent maintenant rapidement dans les grandes villes asiatiques, notamment en Chine où les nouvelles générations sont beaucoup plus à l’écoute des problèmes environnementaux et rejettent maintenant nombre de coutumes ancestrales qui pourraient porter préjudice à la faune sauvage.

Code Animal

Une enquête sur la consommation et le commerce des animaux sauvages de Février 2020 mise en place par le Centre de recherche sur la conservation de la nature et le développement social de l’Université de Pékin, Friends of Nature, la Fondation Taohuayuan, la Fondation Alxa SEE, l’Université Duke Kunshan, la Jiangsu Rural Professional Technology Association, la Wilderness Sharing Volunteer Service Platform, Impression Hall, Shanshui Nature Conservation Center et d’autres agences ; a reçu 101 172 réponses, dont 4 078 questionnaires tibétains. La répartition est la suivante :

On apprend que 97% des répondants désapprouvent la consommation de viande sauvage et seulement 1% sont d’accord… Concernant la volonté d’interdire les marchés et les restaurants d’animaux sauvages, 94,8% des répondants souhaitent l’interdiction des marchés et restaurants d’animaux sauvages, 1,3% sont neutre et 3,9% sont contre.

Ces derniers temps, de nombreuses voix occidentales affirment que la Chine doit “discréditer les croyances culturelles ancrées” pour que l’interdiction du commerce des espèces sauvages par le pays soit réalisable (voir J. Ribeiro et al. Nature 578, 217; 2020). Cette perception stéréotypée de la société chinoise ne tient pas compte de l’énorme soutien du pays à l’interdiction, grâce aux efforts des écologistes et du gouvernement, ainsi que des preuves que la consommation traditionnelle de viande sauvage est en baisse – en particulier chez les jeunes et dans les grandes zones urbaines (voir, par exemple, go.nature.com/3d8za5i et go.nature.com/33qglzs; en chinois).

Ces appels à interdiction sont également relayés dans le média China Daily contrôlé par le Gouvernement en place mais également sur le réseau social Weibo contrôlé.

Comme toujours cependant, il faut être vigilant sur le fait qu’une fermeture des marchés humides et du commerce de la faune sauvages en général pourrait avoir des impacts contre-productifs comme l’augmentation du marché noir insoluble et incontrôlé-incontrôlable (DWS Challender et al. Front. Ecol. Environ. 17, 199–200; 2019).

Une grande partie de l’élevage et de la vente d’animaux sauvages a lieu dans les régions rurales ou pauvres sous la bénédiction des autorités locales qui voient le commerce comme bénéfique pour l’économie locale. Des programmes de télévision soutenus par l’État montrent régulièrement des personnes élevant des animaux sauvages pour la vente commerciale ou leur propre consommation.

Selon des experts comme l’ONG TRAFFIC, ce problème complexe doit être géré par des initiatives qui découragent la consommation, telles que des campagnes d’éducation judicieusement dirigées visant à discréditer les croyances culturelles ancrées.

Voir l’article Code animal du 17 avril 2020 https://www.code-animal.com/la-chine-et-le-commerce-des-animaux-sauvages-point-synthetique/?fbclid=IwAR2MnKxW4NWy_69OkeeS0U6_T29wshR2_66zpZEtKgInZ4zQRW9LqNp3bd0

La pression humaine

Aujourd’hui, la population humaine dépasse allégrement les 7 Milliards et ne cesse d’augmenter, avec une accélération très nette depuis le début du 20ème siècle.

Notre espèce empiète sur tous les territoires, détruit les sols, les sous-sols par des forages pétroliers et gaziers, déforeste pour planter des monocultures, des palmiers à huile ou du soja pour nourrir des animaux élevés intensivement, elle construit des barrages, transforme et appauvrit les écosystèmes marins et terrestres. Notre impact global sur la planète est si important qu’il est visible géologiquement : nous sommes à l’ère de l’anthropocène, l’ère de l’humain.

Nous sommes en grande partie responsables des changements climatiques et environnementaux actuels.

La gestion de la population humaine à terme est un sujet souvent énoncé par les scientifiques mais politiquement incorrect.

La Chine et l’Inde avaient mis en place des politiques de restriction des naissances avec les résultats que l’on sait, le reste de la classe politique mondiale ne s’est jamais risqué à se prononcer publiquement, le problème étant extrêmement complexe et soumis à de trop nombreux facteurs éthiques, nationaux, culturels, religieux moraux ou sociaux .

En résumé, on pourra retenir les aspects suivants

-Tenter de gérer le problème de la viande de brousse avec des mesures de durabilité à court terme est un combat perdu d’avance.

-Faire des études de terrain et adapter les stratégies en fonction du paysage local humain et non-humain ; des modèles ont été proposés pour calculer le taux de consommation biologiquement durable des différentes espèces. Ces modèles sont fondés sur le taux maximum théorique d’augmentation de la population de l’espèce concernée et la part de cette population qui peut être capturés sans effet néfaste sur la population. Mais ces modèles ne peuvent être généralisés et ne sont efficaces que lorsque les connaissances sur la biologie des animaux chassés sont détaillées, que la capacité de gestion de ces populations est élevée et qu’une surveillance continuelle est possible. En réalité ses conditions sont rarement rassemblées et n’existe pas dans la plupart des forêts tropicales. Sans parler du fait que ces méthodes ne prennent en aucune cas en compte l’individu animal posant des problématiques éthiques.

La stratégie de la défense des intérêts humains dans la lutte pour la conservation de la biodiversité est maintenant communément admise. No interests, No support !

(voir notre dossier Tacugama)

Aussi les acteurs de la conservation animale s’intéressent-ils au problème dans son ensemble. Pour faire de la conservation des espèces animales, il faut impérativement intégrer le comportement humain, faire intervenir écologistes, économistes et éthologues.

Ainsi, humains et autres animaux, le combat va dans le même sens, les intérêts des uns et des autres étant imbriqués. Pour cela, il faut avant tout une excellente connaissance du terrain, des populations, de leurs modes de fonctionnement.

En Afrique plus qu’ailleurs peut être, les coutumes, les modes de fonctionnement, les priorités peuvent différer d’un village à l’autre. Aussi, globaliser une stratégie peut être totalement contre-productif. Il est indispensable d’avoir une « photographie » de chaque village, chaque village doit avoir un plan local de développement, mis en place par des acteurs locaux qui partagent un temps le quotidien des communautés, sinon la méfiance est de rigueur et les populations peu enclines à s’engager dans une quelconque voie avec des interlocuteurs qui ne font pas partie de leur milieu.

Ceci d’autant plus que les braconniers, eux, font alliance avec les populations locales, marient leurs sœurs ou filles avec des locaux, leur apportent des avantages immédiats.

Sans programme de conservation avec des acteurs conscients de la manière de procéder sur le terrain, les locaux sont naturellement enclins à suivre la voie des braconniers qui sont en fait des membres de leur famille. Les retombées positives pour eux du trafic mis en place sont concrètes et immédiates et beaucoup plus attractives que les sanctions sans contreparties d’un gouvernement qui promulgue des lois.

Code Animal

Un autre point très important en Afrique est de connaitre les lignages entre les différents villages. Certains conflits « de voisinage » se gèrent quand les différents protagonistes se découvrent des liens de parenté, les problèmes territoriaux se règlent beaucoup plus facilement quand on se découvre une appartenance au même clan et cela a pour effet de booster l’économie locale. De manière générale, le management des ressources naturelles devrait être un équilibre entre une économie locale boostée et une meilleure stratégie gouvernementale.

Ainsi donc, dans les programmes de conservation, l’accent est mis sur les liens qui existent entre les 3 entités que sont :

  • Le social, c’est-à-dire les interactions entre les individus et les institutions (famille, religion, hiérarchie…)
  • L’environnement, les ressources naturelles (la flore, l’eau, les minerais : chrome, bauxite, fer, rutile, or, platine et surtout diamant…) ainsi que le respect des animaux
  • L’économie (les places de marché, les produits et leurs couts, le commerce en général, les sources de revenu globalement)

Des activités lucratives mises en place comme l’agriculture et la production de légumes, des emplois de guide, des commerces locaux à l’intention des touristes se créent, des programmes d’éducation et de sensibilisation dans les écoles se mettent en place, avec un véritable soutien gouvernemental dans certains pays mais aussi souvent international (par le biais d’ONG), tout en veillant à ce que les revenus issus du tourisme ne disparaissent pas de l’économie locale au profit des pays d’origine des touristes. On sait aussi parfaitement que la chasse d’animaux sauvages pour la consommation locale est pratiquée par les populations pauvres et reculées, c’est dans ce cas une chasse de subsistance qui ne peut cesser que si on met en place des alternatives concrètes et attractives.

Les alternatives protéiques peuvent d’ailleurs aussi être d’origine végétale, de nombreuses cultures du monde entier ont ainsi favorisé avec bénéfice la culture des protéines végétales comme les légumineuses, les céréales et les tubercules pour satisfaire leur besoin en protéine.

D’ailleurs, si on limitait la consommation de viande mondialement, la surface nécessaire à la production de céréales pour l’alimentation du bétail et donc la déforestation des forêts tropicales diminuerait drastiquement.

Travail photographique : Jessica Weinberg McClosky

Le plus grand défi reste cependant encore la pérennité des projets, les revenus dégagés par le tourisme étant encore parfois très modestes et ne touchant pas toutes les populations locales faute d’emploi à pourvoir. Des crises sanitaires comme celle du Covid-19 peuvent remettre en question un équilibre fragile, faire ressurgir le braconnage dans des zones où il commençait à disparaitre, faute d’autres moyens de subsistance immédiat pour les populations locales, et le favoriser dans d’autres où la surveillance a diminué, faute de moyens humains disponibles.

– En ce qui concerne les réserves privées avec droit de chasse, les avis sont partagés car même si elles permettent de limiter fortement le braconnage et permettent de donner du travail à des populations locales, le problème est que si elles sont mal gérées, elles entraînent une exacerbation de l’exploitation de certaines espèces rares , la fragmentation des populations animales à cause  des clôtures, un surpeuplement des grands herbivores sauvages et une  intolérance accrue des propriétaires de réserve envers les grands carnivores car ceux-ci entrent en compétition avec les touristes qui viennent chasser sur leurs terres moyennant finances. Elles posent également de graves problèmes éthiques.

– Nécessité absolue d’établir des banques de données des espèces présentes sur chaque site, planifier la gestion de la faune dans le contexte de la gestion des forêts.

– Traiter le commerce de la viande de brousse à fort rapport économique comme un aspect de l’économie nationale. Cette économie est en effet majoritairement invisible. Si elle était reconnue dans l’économie locale, elle bénéficierait sans doute d’une gestion plus durable et serait ensuite inclue dans les statistiques nationales officielles pour comprendre son rôle dans l’économie nationale. Connaitre et intégrer les chiffres sur la consommation de la viande sauvage aux statistiques nationales afin de valoriser cette ressource et lui donner du poids dans les politiques publiques.

 

-Il faudrait que les groupes locaux politiques participent à la planification et la gestion des ressources locales.

-Connaitre la part exacte de la viande de brousse dans la subsistance pour les stratégies de réduction de la pauvreté.

-Promouvoir la propriété aux populations locales pour stimuler l’intérêt de l’utilisation durable des terres. Il faudrait ensuite accorder aux utilisateurs locaux le droit exclusif d’utiliser la ressource de façon légitime, en pouvant exclure les chasseurs extérieurs.

De manière générale, le contrôle de la chasse doit profiter du plein appui des communautés locales qui ont intérêt à protéger leurs ressources ;

 – faire une vraie différence légale entre les termes d’utilisation à des fins de subsistance et utilisation commerciale.

 -les politiques de réduction de la pauvreté doivent être aussi importantes que l’élaboration d’un cadre législatif pour la chasse. Ces politiques devraient comprendre l’établissement de droits d’utilisation de la terre et la gestion des ressources naturelles, l’élevage de bétail à petite échelle, le développement d’autres sources de protéines, le tout en équilibre et sans pression supplémentaire sur la forêt. Le problème de l’élevage de bétail en remplacement de la chasse est qu’il existe rarement un lien direct entre l’activité de remplacement proposée et l’activité de chasse à remplacer. Souvent la population cible des deux activités n’est pas la même. La chasse attire les jeunes hommes travaillant à leur propre compte sans grand capital, l’élevage attire les jeunes plus riches capables d’engager des  travailleurs.

L’élevage a un coût alors que chasser des espèces sauvages est gratuit. Et certaines populations très pauvres n’ont pas toujours le luxe de pouvoir réfléchir sur le long terme, trop occupées à assurer la subsistance au quotidien.

Photo Code Animal

– Aide internationale dans les processus démocratiques, politiques et les relations commerciales avec plutôt des méthodes de renforcement positif sur les bonnes mesures prises que des mesures restrictives ou des sanctions qui encouragent plutôt le marché illégal.

– De même la surpêche pratiquée dans toutes les mers entraine une diminution des denrées maritimes pour les populations côtières humaines qui se tournent alors vers les ressources terrestres et donc la viande de brousse.

-Proposer des produits de remplacements, des alternatives moins onéreuses et abondantes à la consommation de la viande de brousse. C’est la meilleure façon de faire changer les habitudes car n’oublions pas que très souvent la viande de brousse est une viande de subsistance pour populations très pauvres. Il faudrait ainsi savoir dans quelle mesure la vente de viande de brousse se fait au détriment de l’alimentation du ménage, de la qualité de vie, du maintien du capital social par le partage et du bien-être psychosocial. En l’absence d’autres alternatives économiques, les populations locales s’exposent, en vendant de la viande de brousse, à la fois à être trompés par les acheteurs et à être considérés comme des braconniers et des cibles faciles par les éco-gardes.  La connaissance de la forêt par les populations locales est aujourd’hui de moins en moins négligée par les organisations de conservation de la faune sauvage, afin qu’elle ne soit pas mobilisée par des commanditaires très peu soucieux de la nature mais avides de gain dont les populations pauvres ne bénéficient d’ailleurs pas. Entre la capture dans la nature de l’animal et l’arrivée au destinataire, les prix peuvent avoir été multiplié par bien plus que 1000 parfois ! pour une économie de viande de brousse dont ils bénéficient peu. Souvent, les chasseurs sont les premiers fournisseurs d’un système, mais aussi comme les premiers perdants.

Pour la consommation pour des vertus médicinales, mettre à disposition une pharmacopée végétale efficace et à faible cout pour les populations.

Source

Photo Code Animal

Il n’existe pas de solution universelle au problème de la viande de brousse. Les mesures doivent être propres au pays, au site et au contexte, fondée sur des connaissances détaillées des habitudes de chasse et de l’écologie des espèces chasser, et adapter aux conditions culturels, sociaux économiques et politiques locales. Et peut-être une transformation vers de la protéine végétale ?

Peut-être va-t-il y avoir des changements dans le bon sens, pour le bien de tous, avec la crise sanitaire du Covid-19 et les crises sanitaires à suivre ?

Sophie Wyseur