Code Animal au sanctuaire Tacugama

Dans le cadre de la campagne sur la mise en place de structures d’accueil pour animaux sauvages exotiques en France, Code Animal s’est rendu en Sierra Leone en Afrique de l’Ouest, dans un sanctuaire pour chimpanzés.

Le chimpanzé est un primate, un hominoïde (ou grand singe) au même titre que les orangs-outans, les gorilles, les gibbons et les humains. Il en existe 2 espèces, le chimpanzé commun et le bonobo.

Il est classé En Danger sur la liste rouge de l’UICN. La sous-espèce Pan Troglodyte Verus, présente en Sierra Leone est, elle classée En Danger Critique d’Extinction depuis 2016.

https://www.iucnredlist.org/species/15935/102327574

Le sanctuaire de Tacugama se situe dans le Parc national de la péninsule de la zone ouest ( Western Area Peninsulina National Park ). En 2013, en effet, après une campagne soutenue de Mr Bala, en partenariat avec la NPAA, la Réserve forestière de la péninsule de Western Area (WAPFOR) a été mise à niveau au statut de parc national, offrant ainsi une protection supplémentaire vitale à la forêt.Ce changement de statut est très important car cela a renforcé la protection de la faune et de l’environnement en Sierra Leone et placé le chimpanzé comme symbole et attrait touristique majeur de la Sierra Leone à l’international.

Le sanctuaire de Tacugama a été créé en 1995 par Mr Bala Amarasekaran, sept ans après que sa femme et lui aient acheté pour moins de 30 dollars un bébé chimpanzé en très mauvais état dans un village au nord de Freetown.

Bala Amarasekaran

A l’époque, le couple n’avait pas de connaissance particulière sur les chimpanzés mais il se sont très vite rendu compte que ce bébé n’était pas un cas isolé et que de nombreux chimpanzés étaient victimes de trafics et de maltraitance.

Devant l’ampleur du problème, Bala Amarasekaran et sa femme décident alors d’ouvrir un sanctuaire, avec l’appui de l’État. Mais de mars 1991 à janvier 2002, le pays est en proie à une guerre civile dévastatrice, partiellement due aux activités non réglementées de l’industrie minière (d’où l’appellation de « diamants de sang »).

Les membres du personnel restent cependant sur place pour s’occuper des animaux au péril de leur vie, soutenus par la population locale.Le sanctuaire n’attend pas le désarmement total pour commencer à s’agrandir jusqu’à devenir la structure qu’il est aujourd’hui. En août 2007, une loi interdit la possession et le commerce des chimpanzés en Sierra Leone, tous les animaux doivent être conduits au sanctuaire. 

Malheureusement aujourd’hui encore, la loi est encore loin d’être respectée, les sanctions sont extrêmement peu dissuasives et l’état de pauvreté des populations favorise le trafic et la consommation de viande de brousse.

Tacugama recueille des animaux de tout âge dont beaucoup de très jeunes. Pour capturer un bébé, les braconniers tuent la mère et bien souvent tout le groupe. On estime ainsi qu’un bébé capturé est synonyme de la mort de 10 à 25 chimpanzés. Les dépouilles sont vendues et alimentent le marché illégal de la viande de brousse tandis que le bébé peut servir de mascotte aux enfants du village ou être vendu à des particuliers comme animal de compagnie ou substitut d’enfant.

Mais à la puberté, ces animaux deviennent ingérables et peuvent alors devenir extrêmement agressifs et dangereux. Ils sont alors bien souvent enchaînés ou enfermés dans des conditions extrêmement précaires. Grâce à son réseau, Tacugama est souvent averti de ces situations et récupèrent ces animaux.

Une étude récente de l’American Journal of Primatology estime que la sous-espèce Pan Troglodyte Verus, celle présente en Sierra Leone aurait chuté de 80% entre 1990 et 2014.

A gauche, chimpanzés tués et destinés à la consommation. A droite, bébé vendu comme animal de compagnie après extermination du groupe.

Crâne de chimpanzé tué par des braconniers.

Collets retrouvés dans la forêt, posés par des braconniers et retirés par la patrouille

PASA

L’Alliance panafricaine des sanctuaires (PASA) est la plus grande association de centres fauniques d’Afrique. L’objectif de PASA est d’assurer un avenir aux primates d’Afrique et à leur habitat en sauvant et en soignant les singes et les singes orphelins, en promouvant la conservation des primates sauvages, en éduquant le public, en responsabilisant les communautés et en travaillant à mettre fin au commerce illégal d’espèces sauvages.  

Fondée en 2000 en Ouganda, l’Alliance panafricaine des sanctuaires se compose actuellement de 23 sanctuaires membres dans 13 pays africains et d’un réseau de conseillers et de sympathisants du monde entier. PASA est un organisme de bienfaisance à but non lucratif enregistré aux États-Unis. PASA est partenaire du Partenariat pour la survie des grands singes du PNUE et membre du Species Survival Network . Tacugama est l’un des 7 membres fondateurs de l’alliance.

 Des centaines de singes sont secourus chaque année par les sanctuaires PASA, la majorité ayant été acquise par confiscation.  

PASA fournit un soutien d’urgence, y compris le financement et l’assistance technique nécessaires pour atteindre les normes établies de soins et de bien-être pour ces primates confisqués à des pratiques commerciales illégales.  Pour ce faire, PASA propose des ateliers de formation et de renforcement des compétences qui réunissent le personnel des sanctuaires membres à travers l’Afrique avec d’autres experts vétérinaires et médicaux du monde entier. PASA distribue de l’équipement, des fournitures et des médicaments qui permettent aux centres de la faune de fournir des services de soins de santé et de réadaptation experts aux primates confisqués et à d’autres animaux sauvages.  

L’Alliance panafricaine des sanctuaires fournit du financement, de la formation et du matériel pour aider ses centres fauniques dans leurs efforts de conservation au sein de leurs communautés. Les centres facilitent des projets qui visent à promouvoir des revenus durables et comprennent des activités, comme la plantation de cultures à faible impact qui n’attirent pas la faune, la création de pépinières d’arbres indigènes, l’élevage durable de bétail dans l’environnement local pour remplacer la chasse à la viande de brousse et le développement de coopératives artisanales féminines qui utilisent des produits locaux,  des matériaux renouvelables ou recyclés pour fabriquer des objets d’artisanat qui peuvent être vendus pour générer des revenus. 

L’ensemble des centres membres de PASA emploie plus de 500 personnes en Afrique et génère 5 millions de dollars de retombées économiques LOCALES.

Pépinière de Tacugama

  • Ape Action Africa (Cameroun)

  • Centre pour Conservation des Chimpanzés (CCC) (Guinée)

  • Orphelinat de la faune de Chimfunshi (Zambie)

  • Chimp Eden (Afrique du Sud)

  • Projet de réhabilitation des chimpanzés (Gambie)

  • Colobus Conservation (Kenya)

  • Drill Ranch (Nigéria)

  • Projet de gorille de Fernan-Vaz (Gabon)

  • HELP-Congo (Congo)

  • Jeunes Animaux Confisques au Katanga (JACK) (République Démocratique du Congo)

  • Lilongwe Wildlife Centre (Malawi)

  • Limbe Wildlife Centre (Cameroun)

  • Lola ya Bonobo (RDC)

  • Centre de réhabilitation des primates de Lwiro (RDC)

  • Île Ngamba (Chimpanzee Sanctuary and Wildlife Conservation Trust) (Ouganda)

  • Projet Protection des Gorilles-Congo (Congo)

  • Projet Protection des Gorilles-Gabon (Gabon)

  • Centre de sauvetage des chimpanzés de Sanaga-Yong (IDA Afrique) (Cameroun)

  • Sweetwaters Chimpanzee Sanctuary (Kenya)

  • Sanctuaire de chimpanzés de Tacugama (Sierra Leone)

  • Centre de réadaptation des chimpanzés de Tchimpounga (Congo)

  • Fondation Vervet Monkey (Afrique du Sud) 

Plus d’informations sur : https://pasa.org/

PROBLÈMES PSYCHOLOGIQUES CHEZ CHIMPANZÉS

Tous les chimpanzés qui arrivent à Tacugama sont des animaux qui ont subi des expériences traumatisantes et/ou des mauvais traitements physiques.

Bien souvent, ils ont été arrachés à leur mère, ont vu tout leur groupe décimé par les braconniers, ont ensuite été maintenus seuls, mal ou sous-nourris, avant d’être exposés pour être vendus comme animal de compagnie à des gens n’ayant aucune idée des véritables besoins psychiques et physiologiques de ces orphelins. Il n’est donc pas du tout étonnant que ces bébés, récupérés grâce à des signalements ou déposés au sanctuaire par des gens se rendant finalement compte de la difficulté d’élever convenablement ces animaux, développent des pathologies comportementales.

Dans les conditions normales, une mère apporte à son bébé des stimulations sensorielles permanentes, et tout le groupe en fait s’intéresse au nouveau-né. La mère, en fonction des rapports qu’elle entretient avec les autres femelles, les laissera progressivement le toucher, le prendre puis s’en occuper, cette permission sera accordée plus tardivement aux mâles du groupe.

Chez tous les primates, à part l’humain, on constate le réflexe du cramponnement (ou agrippement) à la fourrure maternelle, indispensable en regard du mode de vie de ces animaux. 

Bien que capable de commencer à ingérer des aliments solides vers 4 mois, le bébé est allaité en général jusqu’à ses 4 ans et garde par la suite des relations très fortes avec sa mère qui continue à le protéger. Un bébé chimpanzé arraché à sa mère aura d’abord une réaction de protestation, des cris et de l’agitation. S’en suit une période de dépression, principalement caractérisée par une hypoactivité, le bébé se replie sur lui-même (ces 2 phases sont plus ou moins longues en fonction de l’individu et surtout de l’âge et des conditions de séparation).

Pour certains individus, les troubles perdureront à l’âge adulte, les séquelles du traumatisme étant irréversibles, mais les animaux réintégrés dans des groupes sociaux manifesteront des troubles comportementaux moins marqués. Lorsque des individus subissent ce qu’on appelle une privation sociale en phase précoce du développement et notamment l’absence de la mère, on peut classiquement observer des stéréotypies.

Rappelons qu’une stéréotypie est un ensemble de comportements sans signification apparente, sans but, recommencé inlassablement. C’est le résultat d’une frustration devant l’impossibilité de reproduire des schémas de comportements naturels, d’une altération de la fonction cérébrale ou de tentatives répétées de résoudre certains problèmes.

  • Auto-agrippement (self clasping) : l’animal empoigne une partie de son corps avec ses mains ou ses pieds, ce qui est une manifestation d’anxiété généralisée
  • Auto-succion (self orality) : succion des doigts ou du penis
  • Self agression : l’animal s’inflige lui-même des blessures en se frappant ou en se mordant, on le rencontre fréquemment chez des chimpanzés ayant été élevés par des humains
  • Balancement ou rocking : mouvement d’avant en arrière, souvent en position assise 
  • Crouching : position ou toute la surface ventrale est en contact avec le substrat
  • Saluting : l’animal appuie son poing sur son globe oculaire ou effectue une sorte de salut militaire
  • Floating limbs : l’animal est assis et inactif, seule une de ses jambes se soulève soudainement et va reposer sur une autre partie du corps 

(Walsh et al 1982)

Exemple de Self Clasping

Il peut exister une combinaison aléatoire de tous ces comportements qui peuvent également se manifester de façon isolée, régulièrement ou quand l’animal est excité par une cause extérieure.

Les chimpanzés qui ont été élevés jusqu’à leur adolescence par des humains développent une forte dépendance par rapport à eux et une méconnaissance des codes relatifs à leur espèce.

Il peut dès lors devenir extrêmement compliqué de les réintégrer à un groupe, ils ne savent pas répondre convenablement aux sollicitations de leurs congénères, peuvent mimer des attitudes humaines qui ont des significations antagonistes dans le répertoire du chimpanzé.

Le meilleur exemple est celui du sourire dents découvertes de l’humain et celui du chimpanzé qui ne signifie pas du tout la même chose et qui peut générer stress et agressivité (joie pour l’humain, peur pour le chimpanzé). De même qu’un chimpanzé qui claque dans ses mains n’applaudit pas, c’est plutôt considéré comme un signal de menace…

Certains rescapés ne supporteront plus jamais la présence d’autres congénères à leurs côtés et sont condamnés à une vie à l’écart. D’autres manifestent des séquences de comportements anormaux en rapport avec leurs expériences acquises.

Sur la vidéo par exemple, on peut voir le cas de Solo qui a été gardé dans un camp de militaires pendant des années. Il reproduit une séquence stéréotypée de plusieurs minutes à la moindre contrariété. Sa « danse » militaire pourrait prêter à sourire si elle ne révélait pas un mal-être profond chez lui, du aux conditions de vie dans lesquelles il a été maintenu pendant toute son enfance avant d’être recueilli par Tacugama.

Exemple de 4 expressions faciales chez le chimpanzé

Pancarte explicative sur quelques expressions faciales chez le chimpanzé

Il existe aussi des déviances dans les comportements sexuels et des problèmes de maternage.

Mais dans les sanctuaires comme à Tacaguma, la reproduction n’est absolument pas souhaitée et le problème est résolu par la pose d’implant sous cutané (voir le chapitre sur le healthcheck) ou la prise quotidienne de pilule contraceptive chez les femelles en âge de procréer.

Le fait d’avoir été élevé seul, en absence de contacts tactiles avec des congénères, les ont donc privés du grooming (épouillage mutuel), moyen de communication extrêmement important chez les chimpanzés qui permet tour à tour de se réconcilier, d’obtenir des privilèges, de souder le groupe, de créer des alliances…

L’agressivité naturelle du chimpanzé peut aussi être exacerbée par les conditions de détention qu’ils ont subi au départ. Tous les chimpanzés récupérés ne gardent cependant pas forcément des séquelles lourdes de leur expérience passée et peuvent vivre au milieu de leurs semblables dans les sanctuaires, le but étant de retrouver un jour une liberté totale dans des zones sécurisées.

Epouillage mutuel (grooming) 

DIFFICULTÉS D’INTEGRATION DE NOUVEAUX MEMBRES DANS UN GROUPE

Les chimpanzés vivent en communauté de 50 à 150 individus, 35 en moyenne. Ce sont des animaux grégaires, chaque individu tirant profit des relations sociales qu’il entretient avec ses congénères du même groupe. Les interactions interindividuelles sont constantes dans le groupe, à base de contacts tactiles, visuels et auditifs, ces derniers étant surtout très importants dans la communication à distance, les cris et vocalisations pouvant être entendus à plus d’un km à la ronde.

Mais au sein du groupe, la communication est majoritairement visuelle, par le biais de mimiques et de postures, ou tactile, avec l’existence du grooming (épouillage mutuel). Celui-ci a également une fonction sanitaire car il permet l’élimination mutuelle des parasites cutanés mais surtout une fonction sociale, c’est une sorte de monnaie d’échange.

Les groupes de chimpanzés sont des structures flexibles de type fission-fusion, composées de sous-groupes en perpétuel remaniement, en fonction de facteurs extérieurs comme la disponibilité alimentaire, la réceptivité hormonale des femelles…

Cependant, si les remaniements internes sont très fréquents et nombreux, l’ensemble est relativement stable, ce sont les femelles qui quittent le groupe dont elles sont issues à la puberté et rejoignent d’autres communautés, ce qui évite la consanguinité. En effet les chimpanzés sont des animaux extrêmement territoriaux et la notion d’amitié entre groupes n’existe absolument pas.

Les groupes sauvages ne se mélangent pas, se signalent de loin par vocalisation et évitent de se croiser, les rencontres étant extrêmement violentes et sanglantes. Les chimpanzés ignorent tout lien d’amitié entre groupes. Ce qu’ils connaissent, ce sont des degrés variables d’hostilité (Frans de Wall le singe en nous). 

Au sein du groupe, les rapports de nature agonistique (agression, attaque, menace ou comportement craintif avec postures de soumission et vocalises de peur) sont la norme, mais ils sont régulés par différents mécanismes (signaux d’apaisement, mimiques et plaintes de subordination, grooming…), la cohésion du groupe primant sur les intérêts individuels.

De plus, lorsque des conflits apparaissent au sein du groupe, mâles et femelles alpha agissent en médiateurs impartiaux, conscients par nature de l’importance du maintien d’une paix globale au sein de la communauté. Ce maintien ou rétablissement de la paix est une compétence sociale acquise et non un instinct qui relève de la culture sociale. Chaque groupe parvient ainsi à un équilibre entre la rivalité et la coopération (Frans de Wall le singe en nous).

De par la nature même des chimpanzés, on comprendra donc aisément la difficulté dans les sanctuaires d’introduire de nouveaux individus dans des groupes déjà constitués.

Le but est de réunir des individus de sexes et d’âges différents afin de recréer des communautés homogènes et hiérarchisées, où les comportements naturels peuvent s’exprimer.

Dans les sanctuaires, l’intégration de nouveaux individus dans un groupe se fait selon un protocole établi :

  1. Les nouveaux arrivants (après une période de quarantaine pour raisons sanitaires) sont placés dans une cage satellite pendant la journée pendant que les résidents sont dans leur enclos (cas le plus classique dans les sanctuaires ou les animaux sont rentrés la nuit, principalement pour des raisons de sécurité).
  2. La mise en contact des individus se fait d’abord par les biais visuel et auditif, avant de passer à l’étape suivante. On sait cependant parfaitement qu’une relation de dominance peut se mettre en place dès cet instant, de façon parfois difficile à repérer pour un observateur non averti.
  3. Vient ensuite la possibilité d’un contact physique protégé, grâce à un quadrillage serré par exemple, afin d’éviter de graves blessures.
  4. Il s’agit ensuite de laisser la possibilité de contacts physiques par groupe de 2, le nouveau et un résident. Quand les vies ne semblent pas être mises en jeu, le mieux est de laisser se battre les 2 individus, en se gardant toujours la possibilité de séparer les 2 protagonistes de l’extérieur (par un système de trappe ou autre en fonction de la configuration des lieux), la réconciliation étant une étape cruciale dans la vie en société.
  5. La dernière étape consiste à réunir tout le groupe. Les présentations individuelles ayant été menées avec chaque membre du groupe, le système est ensuite de mettre le nouveau avec 2 résidents, d’attendre un ou plusieurs jours en fonction des comportements manifestés, d’ajouter un 3ème résident… et ainsi de suite jusqu’à réunion de tout le groupe.

Le succès de ces intégrations est une question d’individus mais aussi d’âge et de sexe de l’animal qu’on désire intégrer au groupe déjà constitué.

Il faut avant tout bien se souvenir que l’on parle d’intégrer à un groupe des individus qui ont majoritairement subi des mauvais traitements de la part des humains, des individus au lourd passé, souvent traumatisés qui ont été pour la plupart maintenus seuls en captivité sans rapport avec leurs congénères. Ils n’ont donc pas forcément les codes inhérents à leur espèce, ont acquis des modes de fonctionnement « humains », ou ont été isolés de tout contact dans des caves ou des lieux à l’écart.

Les bébés arrachés à leur mère et dont tout le groupe a été décimé sous leurs yeux par les braconniers gardent également souvent des séquelles psychologiques et n’ont pas eu le loisir d’être éduqués par leur mère et la communauté.

Les chimpanzés sont définis comme une espèce « porteuse », la mère gardant sur son ventre, puis sur son dos puis dans son entourage immédiat son bébé jusqu’à ses cinq ans environ, lui offrant donc l’opportunité d’un apprentissage des us et coutumes du groupe auquel il appartient. Le groupe entier, quand il est stable, participe d’ailleurs à l’éducation des bébés avec la notion d’alloparentalité.

Concrètement, le cas le plus facile pour les intégrations est celui d’une femelle pubère car il correspond au schéma naturel. C’est beaucoup plus complexe quand il s’agit d’un jeune mâle car il est perçu comme un rival par les mâles en place. Dans la nature, les mâles ne quittent pas le groupe d’origine, ce sont les femelles qui rejoignent de nouvelles communautés. Une femelle adulte plus mature doit être intégrée hors période d’œstrus car elle peut aussi être une rivale pour les autres femelles résidentes. Dans ce cas, il est d’usage dans un premier temps d’isoler la femelle avec le mâle dominant afin qu’elle bénéficie ensuite de sa protection. Le plus difficile est bien sûr l’intégration au groupe d’un mâle adulte mais le succès dépend aussi des caractères individuels.

Le cas des bébés n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire non plus, il faut dans un premier temps trouver une femelle qui le prenne sous son aile et le défende en cas de besoin, une femelle maternante et influente dans le groupe, même s’il arrive aussi parfois que la figure protectrice soit incarnée par un mâle. 

À Tacugama, il existe plusieurs groupes :

  • Des bébés qui vivent entre eux 

  • Des ados qui sont regroupés ensemble 

  • Des groupes homogènes, dont la structure est beaucoup plus proche des conditions naturelles

Cette répartition n’est pas idéale mais le problème est qu’il y a beaucoup de bébés (saisis ou confisqués) beaucoup d’ados (des bébés qui ont grandi ensemble) et un espace non extensible !

DIFFICULTÉS DE LA VIE EN CAPTIVITÉ ET ENRICHISSEMENT

Le but d’un sanctuaire est de recueillir des animaux blessés, traumatisés, abandonnés ou saisis.

La préoccupation principale du sanctuaire est le bien-être des animaux, contrairement aux zoos qui sont avant tout des entreprises commerciales principalement orientées vers les bénéfices financiers qu’ils peuvent dégager de la captivité des animaux. Dans les sanctuaires, les installations sont pensées pour les animaux, pas pour que le public puisse les contempler à loisir. À Tacugama, 2 visites guidées sont organisées tous les jours.

L’aspect didactique est primordial. Lors du tour, l’accent est mis sur les circonstances d’arrivée des animaux dans le sanctuaire, la nécessité absolue de protéger l’environnement, le mode de vie dans la nature des chimpanzés, les enjeux d’une conservation des espèces.

Les bébés ne sont pas visibles, pour leur propre équilibre mais aussi pour éviter de céder au côté « peluche » du bébé chimpanzé, ce n’est pas l’image que veut véhiculer le sanctuaire.

En effet à Tacugama, l’arrivée d’un nouvel animal, surtout l’arrivée d’un bébé, est toujours teintée de tristesse car tout le monde peut facilement imaginer le parcours dramatique que ce petit être a dû endurer avant d’arriver au sanctuaire.

Si des groupes bénéficient de plusieurs hectares de forêt pour s’ébattre toute la journée, se balancer d’une branche à l’autre, interagir dans des conditions très proches des conditions du milieu naturel, les bébés nécessitent plus de soins et de surveillance, d’interactions avec les humains dans un premier temps. En effet certains sont biberonnés, doivent recevoir des traitements topiques, être pesés régulièrement afin de surveiller leur courbe de croissance.

Pancarte d’accueil avec explications

 Leur espace de détente est donc beaucoup plus restreint. D’autre part comme expliqué précédemment, l’adoption d’un nouvel individu par un groupe déjà constitué n’est pas toujours évidente, même s’il s’agit d’un bébé. À Tacugama, les jeunes orphelins sont regroupés ensemble, ils créent des liens entre eux, fraternisent, se rassurent, jouent ensemble. Après une période de quarantaine, ils sont progressivement mis en contact avec leurs compagnons d’infortune.

Panneau explicatif sur les raisons de la quarantaine

Groupe de bébés

Mama P (Posseh Kamara) s’occupent quotidiennement des bébés depuis plus de 15 ans

La vie en captivité pour une espèce sauvage est toujours une souffrance. Dans le cadre d’un sanctuaire, l’animal captif est un animal recueilli, issu du trafic, de son utilisation comme animal de compagnie. Contrairement aux zoos qui maintiennent des animaux captifs pour le plaisir des humains, les sanctuaires ont pour but principal de relâcher les animaux dans leur milieu naturel quand cela est possible. À Tacugama, pour des raisons de sécurité, les animaux ont été habitués à rentrer tous les soirs dans leurs loges de nuit.

Sortie des groupes tous les matins vers 7 heures

Chimpanzés en haut des branches

Plusieurs groupes bénéficient toute la journée d’enclos de plusieurs hectares où ils évoluent en totale liberté, dans des conditions les plus proches des conditions naturelles, ils rentrent le soir (sauf quand ils l’ont décidé différemment, impossible de les forcer, ils passent alors la nuit à l’extérieur). Pour ces groupes, pas de problème d’ennui ou de distraction, ils vivent leur vie de branches en branches, font leur sieste à la cime des arbres, recherchent leur nourriture, se querellent, s’accouplent, s’interpellent et s’épouillent comme leurs congénères libres.

En revanche, pour les plus jeunes ou les individus qui ne peuvent plus être remis en groupe à cause de leur agressivité, de leurs problèmes psychologiques ou de leur état d’état de santé, le temps peut paraître beaucoup plus long et des dispositifs d’enrichissement du milieu leur sont proposés tous les jours. L’équipe fait au mieux mais chacun est bien consciente que rien ne peut remplacer une vie en liberté dans la nature. 

C’est toujours avec un pincement au cœur que l’on regarde ces animaux si intelligents passer quelques minutes de leur temps à jouer avec les jeux qu’on leur met à disposition alors qu’ils devraient être ensemble et loin de nos regards dans la forêt à vivre librement leur vie. C’est pourquoi Tacugama travaille avec autant d’acharnement en amont, afin d’éviter que de nouveaux animaux traumatisés et abîmés par la bêtise, l’ignorance, la pauvreté ou la corruption humaine, n’arrivent dans le sanctuaire. 

Les accueillir n’est pas une fin en soi pour eux, ce qu’ils veulent, comme tous les sanctuaires dignes de ce nom dans le monde, c’est sécuriser des zones dans les pays d’origine des animaux afin qu’ils vivent en paix et libres. À Tacugama comme partout où les gens luttent véritablement pour la sauvegarde des espèces, le plus grand souhait de chacun est qu’il n’y ait plus d’animaux captifs, que les populations humaines locales vivent en harmonie avec les autres animaux non humains.

Les chimpanzés qui ont été élevés comme des enfants humains et n’ont pas été mis en contact de leurs congénères pendant des années peuvent développer des troubles post traumatiques dus au stress. Dans la majorité des cas, les animaux s’infligent des blessures et notamment des morsures souvent dirigées vers des point corporels en rapport avec des points d’acupuncture analgésique (Novak, 2001).

Ces animaux deviennent émotionnellement dépendants des humains, ne savent pas interagir avec leurs congénères et sont très difficilement réintégrables à des groupes. Un trouble extrêmement commun chez les chimpanzés captifs est la coprophagie. Les selles deviennent un élément de leur environnement, ils jouent avec, l’étalent sur les murs, les jettent sur les humains qui passent, les mangent…

L’absence de contact physique chez une espèce tactile comme le chimpanzé, où le toilettage réciproque est un moyen de cohésion du groupe, est extrêmement délétère sur la santé psychologique des individus, et la possibilité de contacts visuels ou olfactifs n’améliore pas les conséquences d’un tel manque. L’ennui est également source de nombreuses manifestations anormales ; le manque de stimulations extérieures se compense par des phénomènes d’automutilation, des bâillements à répétition, du grattage, des mouvements de va et vient, l’ingestion d’éléments non digestibles, la tricophagie, la coprophagie et l’urophagie mais aussi la régurgitation/réingestion (Struck et all, 2007).

Exemples d’enrichissement : ballons en guise de chaussures et utilisation d’outils (morceau de bois ici ) pour obtenir la nourriture convoitée

Les chimpanzés adorent s’examiner dans un miroir sous toutes les coutures, ils peuvent y passer des heures !

HEALTHCHECK

En janvier, chaque chimpanzé a pu bénéficier d’un bilan de santé complet. Cette opération, qui demande une organisation importante en amont, a mobilisé une bonne partie de l’équipe de Tacugama ainsi que des intervenants extérieurs, des vétérinaires spécialistes venant de pays voisins. Ainsi, étaient présents entre autres, les vétérinaires de :

– Tchimpouga, situé en République Démocratique du Congo et qui fait partie de l’institut de Jane Goodall, c’est le plus grand sanctuaire pour chimpanzés sur le continent africain

https://www.janegoodall.org.uk/our-programmes/tchimpounga-chimpanzee-rehabilitation-centre

 – Chimfunshi wildlife orphanage en Zambie

https://chimfunshiwildlife.org/

 – CCC (Chimpanzee Conservation Center) en Guinée

https://www.projetprimates.com/centre-de-conservation-pour-chimpanzes/

Tous ces sanctuaires sont membres de PASA et sont des supports logistiques, humains et scientifiques les uns pour les autres. Il existe une collaboration à distance en ce qui concerne les avancées médicales, éthologiques et biologiques.

Chaque vétérinaire amenait une compétence particulière (échographie cardiaque, pathologies de la reproduction, maladies infectieuses…) et chaque chimpanzé a donc pu bénéficier d’un haut niveau d’expertise médicale.

Grâce à la dextérité de l’équipe de soigneurs, chaque animal a d’abord été anesthésié, par fléchage, injection directe ou par voie orale en fonction des cas. Chaque animal a ensuite été pesé puis examiné consciencieusement par l’équipe de vétérinaires et de soignants.

Toute une batterie de tests a été effectué sur eux, des prises de sang, des bilans cardiaques, des échographies, des recherches de maladies infectieuses (tuberculose par exemple), des biopsies ou raclages cutanés… Chaque animal a aussi été vacciné, vermifugé par injection et certaines femelles ont reçu un implant contraceptif (ces implants doivent être renouvelés tous les 3 ans environ).

En moyenne, chaque individu a nécessité ¾ d’heure à une heure d’attention pour être examiné entièrement, de l’injection d’anesthésique au réveil.

Par mesure de sécurité pour l’équipe soignante, le réveil des adultes s’est toujours effectué directement dans les cages, grâce à un « antidote » injecté en intramusculaire. Respiration, taux d’oxygène dans le sang, température corporelle étaient étroitement surveillés jusqu’à ce que le patient soit cliniquement complètement réveillé. 

En tant que vétérinaire et pour faire partie de l’équipe sur place, il a fallu au préalable montrer « patte blanche » et se faire vacciner contre plusieurs maladies : Tétanos, Fièvre jaune, Hépatites A et B, Rage, Polio, Tests négatifs VIH et Tuberculose. De plus le port de gants et de masques était obligatoire.

En effet, notre proximité phylogénétique fait que chimpanzés et humains sont sensibles aux mêmes agents pathogènes et que le risque de zoonose est très élevé dans un sens comme dans l’autre.

Monitoring du réveil

VOLONTARIAT

   Il y a plusieurs profils de volontaires à Tacugama.

  • Certains restent seulement quelques semaines et ‘autres plusieurs mois. C’est une opportunité pour développer son expertise et mettre en pratique ses capacités, passer de la théorie à la pratique, comprendre sur le terrain   les défis de la conservation de la vie sauvage et de son habitat.
  • Les volontaires peuvent être des étudiants vétérinaires, des étudiants en biologie, en sciences environnementales, en conservation mais aussi en éducation, en marketing et communication pour la promotion du sanctuaire et la recherche de sponsors et partenariats.
  • Tacugama propose aussi des opportunités de recherche, des sujets de thèse et du travail de terrain sur d’autres sites en rapport avec le sanctuaire (Jaibui Island ou Mobondah conservation).

Les bénévoles qui se rendent à Tacugama participent aussi financièrement, ce qui est une source de revenus pour le fonctionnement du sanctuaire (précisons que cette mission effectuée dans le cadre de la campagne de mise en place de sanctuaires et refuges pour animaux sauvages en France a été financé par nos deniers personnels et non par l’association Code Animal).

Rowena est bénévole tout au long de l’année (en plus de son travail régulier) dans différents sanctuaires pour des missions précises en rapport avec les médias et la coordination des équipes, elle était à Tacugama principalement pour coordonner le healthcheck.

Elle vit aux pays bas et est bénévole 2 jours par semaine chez AAP, notre partenaire.

VIANDE DE BROUSSE (bushmeat)

C’est la viande d’espèces animales sauvages chassées, principalement en Afrique centrale et de l’Ouest mais aussi parfois d’Amérique latine ou de pays asiatiques, qui est destinée à la consommation humaine. Il peut s’agir de mammifères, d’oiseaux, de reptiles ou d’amphibiens.

La consommation est locale, par les populations rurales où elle représente une grande partie des apports protéiques mais aussi urbaine, pour les populations pauvres car la viande de brousse est vendue moins chère localement qu’une viande d’animal domestique d’élevage quand il s’agit de porcs épics, chauves-souris, serpents, petits singes… 

En revanche, les ménages aisés recherchent plutôt de la viande de brousse d’espèces menacées, éléphants, gorilles, il s’agit alors de « produits de luxe ».

Mais cette viande de brousse ne transite plus seulement de la forêt aux marchés locaux car il existe également un trafic international, de plus en plus important, la viande de brousse étant recherchée par la diaspora africaine en Europe ou par des personnes en quête d’exotisme dans certains restaurants parisiens ou d’autres grandes villes européennes.

https://www.rtbf.be/info/societe/onpdp/enquetes/detail_la-viande-de-brousse-a-cote-de-chez-vous?id=10035374

Il existe ainsi un important marché illégal d’exportation, commandité et couvert par ceux censés faire appliquer les lois. D’une consommation locale familiale et communautaire, la viande de brousse est devenue un bien de consommation extrêmement prise sur le marché mondial. L’équilibre de l’exploitation durable est ainsi rompu, mettant en péril la survie de certaines espèces.

À cela s’ajoute le fait que les animaux de la forêt comme les singes et les chauves-souris sont des porteurs sains du virus Ebola. Ce virus qui provoque chez l’homme et les autres primates des fièvres hémorragiques avec un taux de mortalité élevée, a provoqué une épidémie en Guinée, Liberia et Sierra Leone entre 2013 et 2015 (la Sierra Leone a comptabilisé la moitié des cas de l’épidémie en Afrique de l’Ouest, l’OMS a déclaré la fin de l’épidémie en Sierra Leone le 7 Novembre 2015).

Le réservoir naturel serait une espèce de chauve-souris, porteur sain qui contaminerait l’humain directement ou via un hôte intermédiaire, le virus ayant était retrouvé chez plusieurs espèces de singes, d’antilopes et de rongeurs. La transmission de l’animal a l’homme se fait surtout par la manipulation de primates morts ou vifs infectés par le virus, d’un humain à l’autre par les liquides les plus infectieux tel le sang, les selles et le vomi, le sperme, la sueur, le pus…

D’après les experts, la consommation stricto sensu de la viande de brousse ne comporterait aucun risque pour les humains à partir du moment où la viande est bien cuite. En effet, le virus est inactivé par la chaleur. Cependant, les modes de cuisson locales, principalement par enfumage ou sur foyer découvert ne chauffent pas suffisamment la viande et le virus n’est pas tué.

Il s’avère en fait que c’est surtout lors du dépeçage que le risque de contamination est important, lorsqu’il y a contact avec les organes et les fluides, les gens travaillant à mains nues.

Lorsqu’elle est exportée en Europe, cette viande l’est soit sous forme fraîche, presque crue (ou brièvement fumée pour enlever le poil et permettre une conservation à court terme) soit fumée longtemps à des températures élevées pour la sécher (la viande est alors noire voire carbonisée).

Aux frontières dans les saisies, les caractéristiques d’identification de la viande de brousse sont principalement la présence de poils ou de fourrure, de peau et d’os (qui donnent traditionnellement du goût aux soupes), une odeur putride, de la moisissure et des signes de putrescence… Cependant, la viande de grand singe comme celle du chimpanzé fait partie des viandes de luxe et se présente principalement sous forme de viande fraîche (filet). Les agents des douanes sont amenés à interpréter ces différents indices.

https://cites.unia.es/cites/file.php/1/files/bushmeat-FSVO-fr.pdf

Un programme pour mettre un terme à la chasse non durable des animaux sauvages a débuté fin 2017. Financé par l’Union européenne à hauteur de 45 Millions d’euros sur 7 ans, il a été lancé par le groupe des pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique). Le but étant de fournir aux communautés rurales des sources de protéines alternatives comme le poulet, le bétail ou le poisson d’élevage.

D’autre part, on estime que 75% des nouvelles maladies émergentes sont des zoonoses, principalement issues d’animaux vivants à l’état sauvage (Ebola, SRAS, Charbon = anthrax, Sida et récemment le coronavirus. L’empiètement de l’humain sur des territoires jusqu’alors vierges de sa présence le met en contact avec des agents pathogènes qui sont disséminés allègrement dans le monde entier.

MODE DE FONCTIONNEMENT DE TACUGAMA

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NIVEAU ÉQUIPE

Fondateur et Directeur : Bala Amarasekaran

Directeur du développement : Aram Kazandijan, il est en connexion permanente avec des acteurs locaux et mondiaux, ce qui permet d’augmenter notablement l’efficacité du travail sur le terrain mais aussi de créer des partenariats financiers et logistiques, d’augmenter la visibilité de l’association sur le plan international et de faire bouger les lignes dans le bon sens au profit de la faune sauvage et des populations.

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Directeur de la conservation : Laurent Mavinga, il se rend sur le terrain avec son équipe dans les différents parcs du pays pour faire les états des lieux, il forme également la nouvelle génération aux problématiques et solutions environnementales, établit le plan à court, moyen et long terme pour la conservation des espèces, calcule les budgets, relève les défis au quotidien et répond aux questions des bénévoles sur tous ces sujets ! Il est en effet une source de connaissances incroyable sur le sujet !

Répartition des espèces en Sierra Leone

Personnel de soins aux animaux : Pastor Kamara, le senior des soignants. Indispensable à Tacugama, il est comme tous les membres de l’équipe, très impliqué dans son travail et la cause qu’il défend. Toujours disponible et souriant, il sait tout faire et dans la bonne humeur !

Il connaît tous les chimpanzés du sanctuaire, leur histoire personnelle et leur caractère.

Avec respect, bienveillance et rigueur, il remplit son rôle de chef d’équipe maintenance mais c’est aussi un as pour le fléchage des animaux qu’il faut anesthésier (voir chapitre Healthcheck).

Pastor Kamara, en fléchage pour l’anesthésie des chimpanzés

Collaborateur de Pasteur : Morie Lamin, il est aussi très investi pour son travail. Il s’intéresse beaucoup au côté médical du travail sur le sanctuaire et est un collaborateur très efficace de l’équipe vétérinaire. Passionné des questions environnementales, il a pris conscience il y a quelques années de l’importance de la vie sauvage dans son pays et de la nécessité absolue de la protéger.

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Soignant du sanctuaire : Sheriff Koroma, arrivé en 2013, il s’occupe des procédures d’intégration des chimpanzés et travaille aussi de plus en plus avec les vétérinaires.

Sheriff Koroma, un des soignants de Tacugama

La personne incontournable sur le sanctuaire : Mama Posseh Kamara, elle fait office de mère de substitution et tous les orphelins ont bénéficié de son attention, de sa patience, de son savoir-faire à un moment donné de leurs vies. Avec sa collègue Mary Kargbo, elle redonne goût à la vie aux bébés chimpanzés qui arrivent traumatisés et affaiblis.

Sheriff Koroma, un des soignants de Tacugama

Mama Posseh Kamara

Mary

Les vétérinaires résidents :

  • Le Docteur Andrea Pizarro, la responsable médicale
  • Le Docteur Alejandra Romero Forero dont j’ai eu la chance de partager le quotidien pendant tout le temps de mon volontariat a Tacugama

Préparation des médicaments et des vitamines pour chacun au quotidien. Savoir piler des comprimés pour les mélanger à une boisson lactée ou du jus de fruit car les chimpanzés sont méfiants !

Il faut savoir qu’en Sierra Leone, il a très peu d’universités, et celles qui existent sont plutôt accès sur le commerce international. Impossible de ce fait de poursuivre des études vétérinaires dans le pays sauf directement sur le terrain, par apprentissage, au contact des vétérinaires diplômés qui ont d’ailleurs extrêmement à cœur de transmettre leur savoir.

Il faut avoir à l’esprit en permanence que les chimpanzés sont des animaux sauvages. Les bébés sont très attendrissants, sont demandeurs de soins et d’affection mais il faut penser à leur avenir avant tout. C’est pourquoi seules 2 ou 3 personnes sont autorisées et habilitées à manipuler ces bébés. Le but est de servir un temps de maman de substitution mais très rapidement, après la période de quarantaine sanitaire, de les habituer à être entre eux et de limiter ensuite au maximum le contact avec les humains.

Tout se fait avec patience et bienveillance mais pas question que les bébés ne deviennent dépendants affectifs de l’humain, leur avenir dans la nature en liberté en dépend.

Soins des malades, injections et perfusions, anesthésies, radiographies

Préparation du matériel pour le healthcheck dont la récupération des tests sanguins de Tuberculose dans un des hôpitaux de la ville, du petit matériel comme des seringues, aiguilles, tubes à prélèvements, compresses et tant d’autres choses de base indispensables mais pas si évident à collecter, recharge des bonbonnes d’oxygène dans un centre au fin fond de Freetown.

MODE DE FONCTIONNEMENT DE TACUGAMA NIVEAU FINANCIER

Pour subvenir aux besoins de chaque chimpanzé du sanctuaire, lui assurer des soins et une nourriture de qualité, il faut environ 1500 US dollars par an.

Déchargement du camion de nourriture

À Tacugama, les fonds proviennent :

  • De sponsors comme des chaînes hôtelières, des compagnies aériennes…

Panneaux de remerciement aux sponsors

Rallye 2020 Budapest-Bamako

  • D’agences comme l’UNICEF Sierra Leone, de fondations comme celle de la primatologue Jane Goodall (jane Goodall’s Roots & shoots Programm)
  • D’aides en nature par les entreprises locales qui peuvent fournir gracieusement le lait en poudre, des matériaux de constructions, des vêtements de travail pour le personnel…
  • Des programmes de parrainages des animaux moyennant une somme forfaitaire par an

https://www.tacugama.com/adopt/

  • De l’écotourisme avec la construction d’écolodges sur une partie du site

https://www.tacugama.com/ecolodges/

  • De la participation financière des volontaires 

https://www.tacugama.com/volunteer/

  • Il existe aussi une participation financière de zoos mais elle n’est pas essentielle et soumise à condition de la part des responsables de Tacugama qui tiennent à l’éthique de leur travail

TRAVAIL AVEC LE GOUVERNEMENT POUR LE CHANGEMENT DES LOIS

Aram et son épouse sont en rapport direct avec le gouvernement, ils influencent les politiques, les conseillent, leur rôle est national et international, Tacugama étant connu et reconnu pour son travail dans de nombreux pays.

Grâce à leur persévérance et leur solide argumentaire, ils ont réussi à convaincre le président de déclarer le chimpanzé comme animal national .Le déclin et l’extinction potentielle du chimpanzé occidental en danger critique d’extinction peuvent précipiter le déclin d’autres espèces qui sont importantes sur les plans culturel, économique et écologique ainsi que de l’écosystème dans lequel ils vivent. L’annonce du chimpanzé en tant qu’animal national du pays a déclenché les premières étapes de la révision de la loi de 1972 sur la conservation de la faune du pays et Tacugama aide à montrer la voie avec une formation et un soutien législatif pour lutter contre le braconnage illégal.

 IMPORTANCE DE L’EDUCATION

Cette notion est indispensable et incontournable dans le monde actuel si on veut avancer dans le bon sens. La Sierra Leone fait partie des pays les plus pauvres au monde (189ème rang mondial sur 197 en 2018) selon l’indice de développement humain calculé au travers 3 données que sont la santé, l’éducation et le niveau de vie de la population.

Conscient de l’enjeu de l’éducation dans le développement et l’émancipation de la Sierra Leone, le nouveau président Julius Maada Bio, élu en 2018, a mis en place la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire dans tout le pays, plus de la moitié de la population âgée de plus de 15 ans étant analphabète (chiffres Unesco).

Tacugama a mis en place 2 programmes spécifiques s’adressant pour l’un aux enfants : TKEEP, Tacugama Kids Environment Education Programm, pour l’autre aux communautés : TCOP Tacugama Community Outreach Program.

D’autre part, le sanctuaire a rejoint les rangs de Roots and shoots, un programme éducatif international, humanitaire et environnemental, créé pour et par les jeunes, initié en 1991 par la primatologue Jane Goodall. Cette organisation est active dans 140 pays et encourage ses membres à identifier et travailler sur les problèmes qui affectent leurs propres communautés, en ce qui concerne les animaux, les humains et l’environnement. https://rootsandshoots.fr/

En juillet 2018.https://youtu.be/wTSQhzAatQU

En ce qui concerne les 17 objectifs de développement durable édictés par l’ONU, Tacugama est extrêmement fier d’en suivre 16 d’entre eux au niveau du sanctuaire. La notion 7 relative à l’énergie est encore à améliorer, en témoignent entre autres les coupures d’électricité récurrentes et intempestives sur le site !

LA CONSERVATION DES ESPÈCES NE DOIT PAS ÊTRE UN BUT EN SOI

En juin 2019, des primatologues du monde entier tirent la sonnette d’alarme en insistant sur le fait que les chimpanzés ne vivent désormais plus que dans des « guettos forestiers », les populations étant de plus en plus isolées, compromettant à terme la survie de l’espèce.

https://www.mpg.de/13537199/wild-chimpanzees-face-extinction 

Cependant, il est complètement illusoire et illogique de demander à des populations de prendre soin de leur environnement alors que leur propre subsistance quotidienne n’est pas assurée. Le développement durable est une notion de pays riche, devenue indispensable ces dernières années à cause de l’impact des activités humaines sur l’environnement et la biodiversité.

Mais les populations locales très pauvres quand elles n’ont pas d’aide, de soutien logistique et financier de leur gouvernement, qu’elles n’ont que très peu accès à l’éducation, doivent faire face au problème de leur survie au quotidien et n’ont pas forcément conscience de leur impact sur leur environnement ou n’ont tout simplement pas d’autre choix que de se servir de la forêt comme garde-manger.

Tous ceux qui travaillent sur le terrain pour la protection des espèces animales dans leur milieu naturel savent que rien n’est possible si les populations locales ne peuvent tirer un bénéfice direct de leurs actions. D’autant plus qu’un phénomène fait rage dans tous les pays pauvres, c’est le problème de la corruption à tous les étages, 

En 2017,  Transparency International plaçait cet État ouest-africain en 130position sur 180 dans son classement de la perception de la corruption dans le monde

Comme le souligne cette ONG « la corruption est un facteur qui contribue à la crise de la démocratie », produisant « un cercle vicieux en sapant les institutions démocratiques » ; lesquelles, à leur tour, ne sont plus « en mesure de contrôler la corruption ».

Dans la plupart des pays en développement, la corruption est banalisée, quotidienne.

Tous la considèrent avec fatalisme et comme partie intégrante de leur culture. Tout peut se négocier sous le manteau, les décisions publiques et les règles officielles, mais bien souvent aussi l’accès à un service public ou l’exercice d’un droit. Les fonctionnaires qui refusent de jouer le jeu sont écartés des postes importants.

L’organisation et la gestion des administrations publiques dans les pays en développement souffrent souvent de lourdeurs et de dysfonctionnements qui vont les rendre particulièrement vulnérables à la corruption. La multiplication des réglementations contraignantes et complexes et la faiblesse des contrôles favorisent d’autant plus le recours à la corruption.

Ces pratiques sont étroitement liées au mode de gouvernement, mais quel que soit le cas de figure, l’équilibre politique se trouve cimenté par ces échanges de privilèges contre un soutien politique ou une allégeance. La corruption est favorisée par la condition de sous-développement et vice versa. Il est évident aussi que le faible niveau d’éducation maintient les citoyens dans l’ignorance de leurs droits.

Pour lutter contre la corruption, il faudrait pouvoir s’appuyer sur le processus de développement même et viser une politique d’amélioration de l’efficacité du secteur public, de la gestion des ressources budgétaires et de l’aide sociale. Prendre bien en considération aussi que toute réforme va se heurter aux intérêts des bénéficiaires de la corruption. Les dirigeants politiques mêmes ayant pu avoir à « jouer le jeu » pour accéder à leurs positions.

Élu en avril 2018 à la tête de la Sierra Leone, Julius Maada Bio a aussitôt entamé une campagne de lutte contre la corruption. Une campagne de reddition des comptes qui touche principalement les membres du gouvernement de son prédécesseur qui a dirigé le pays pendant 10 ans. Dans son programme, le nouvel élu a promis un « leardership efficace, de l’intégrité et de la transparence ». Une orientation qui, selon lui, dicte l’ouverture d’une campagne de lutte contre la corruption.

« La corruption n’est pas seulement un problème de gouvernance, mais pour le cas précis de la Sierra Leone, il s’agit d’une menace à la sécurité nationale »

a souligné le président Maada Bio, devant le parlement en mai 2018. Cependant, des accusations de corruption plane sur lui également. Cette corruption à tous les étages, du plus petit fonctionnaire aux dirigeants de l’état est bien entendu un problème majeur en ce qui concerne le trafic des espèces animales.

Exemple d’affichette sur un mur dans les bureaux 

Quoi qu’il en soit, la stratégie de la défense des intérêts humains dans la lutte pour la conservation de la biodiversité est maintenant communément admise. No interests, No support ! Aussi les acteurs de la conservation animale s’intéressent-ils au problème dans son ensemble. Humains et non humains, le combat va dans le même sens, les intérêts des uns et des autres étant imbriqués.

Pour cela, il faut avant tout une excellente connaissance du terrain, des populations, de leurs modes de fonctionnement.

En Afrique plus qu’ailleurs peut être, les coutumes, les modes de fonctionnement, les priorités peuvent différer d’un village à l’autre. Aussi, globaliser une stratégie peut être totalement contre-productif. Il est indispensable d’avoir une « photographie » de chaque village, chaque village doit avoir un plan local de développement, mis en place par des acteurs locaux qui partagent un temps le quotidien des communautés, sinon la méfiance est de rigueur et les populations peu enclines à s’engager dans une quelconque voie avec des interlocuteurs qui ne font pas partie de leur milieu.

Ceci d’autant plus que les braconniers, eux, font alliance avec les populations locales, marient leurs sœurs ou filles avec des locaux, leur apportent des avantages immédiats.

Sans programme de conservation avec des acteurs conscients de la manière de procéder sur le terrain, les locaux sont naturellement enclins à suivre la voie des braconniers qui sont en fait des membres de leur famille. Les retombées positives pour eux du trafic mis en place sont concrètes et immédiates et beaucoup plus attractives que les sanctions sans contreparties d’un gouvernement qui promulgue des lois.

Un autre point très important en Afrique est de connaitre les lignages entre les différents villages. Certains conflits « de voisinage » se gèrent quand les différents protagonistes se découvrent des liens de parenté, les problèmes territoriaux se règlent beaucoup plus facilement quand on se découvre une appartenance au même clan et cela a pour effet de booster l’économie locale. De manière générale, le management des ressources naturelles devrait être un équilibre entre une économie locale boostée et une meilleure stratégie gouvernementale.

Ainsi donc, dans les programmes de conservation à Tacugama, l’accent est mis sur les liens qui existent entre les 3 entités que sont :

  • Le social, c’est-à-dire les interactions entre les individus et les institutions (famille, religion, hiérarchie…)
  • L’environnement et les ressources naturelles (la flore, la faune, l’eau, les minerais : chrome, bauxite, fer, rutile, or, platine et surtout diamant…)
  • L’économie (les places de marché, les produits et leurs couts, le commerce en général, les sources de revenu globalement)

Si par exemple il existe dans une communauté des liens très forts entre l’économie du village et les ressources issues de la forêt, il faudra proposer et mettre en place des alternatives fiables et durables au fait de couper du bois, chasser des espèces menacées pour se nourrir…

Dans cette optique, travailler sur la notion d’écotourisme responsable semble une des solutions majeures.

Cependant, pour parvenir à de bons résultats, plusieurs conditions doivent être réunies et avant tout s’assurer que les revenus issus du tourisme ne disparaissent pas de l’économie locale au profit des pays d’origine des touristes.

Dans le cas de la Sierra Leone, après 4 années de développement de l’écotourisme, on a noté que la population locale s’investissait de plus en plus dans la protection de la forêt et s’en sentait responsable. Des activités lucratives mises en place comme l’agriculture et la production de légumes, des emplois de guide, des commerces locaux à l’intention des touristes ont été créés, des programmes d’éducation et de sensibilisation dans les écoles sont maintenant actifs.

Le plus grand défi reste cependant encore la pérennité des projets, les revenus dégagés par le tourisme étant encore modestes et ne touchant pas toutes les populations locales faute d’emploi à pourvoir.

Dans le cas particulier de la Sierra Leone, le pays a également dû faire face coup sur coup a une guerre civile dévastatrice puis à l’épidémie du virus Ebola. L’instabilité politique, les changements de mode de pays de destination, les désastres naturels et climatiques… n’ont pas joué en faveur du développement économique et touristique du pays.

LES RÉINTRODUCTIONS

La notion de « réintroduction « est relativement ancienne car depuis des millénaires, l’homme déplace et relâche dans la nature des animaux domestiques ou captifs d’un endroit à un autre.

Mais c’est récemment que la réintroduction d’espèces à des fins conservatoires ou dans un but de restauration a été mise en place (Seddon & al, 2007), suite à la prise de conscience de la nécessité de conserver la diversité biologique, pour faire face aux extinctions d’espèces. 

Il existe différents niveaux et méthodes de réintroduction d’animaux sauvages :

La réintroduction proprement dite : il s’agit d’essayer d’implanter une espèce dans une zone qu’elle occupait autrefois mais d’où elle a été éliminée ou d’où elle a totalement disparu.

Le transfert : il s’agit dans ce cas d’un déplacement délibéré d’individus sauvages vers une population existante de la même espèce.

Le renforcement : Apport d’individus à une population existante de la même espèce.

La conservation /introduction bénigne : quand il n’existe plus de terrain disponible dans l’aire de répartition de l’espèce, essai de réintroduction dans une autre aire compatible.

L’introduction/colonisation assistée : elle concerne les espèces dont l’aire de répartition s’est déplacée suite aux changements globaux et surtout climatiques.

L’UICN a établi une liste de recommandations sur les éléments qui doivent être considérés lors d’un programme de réintroduction. Il s’agit notamment de :

  • Vérifier la taxonomie des individus réintroduits qui doivent appartenir à la même sous-espèce et être proches génétiquement de la population historique 
  • Mener des recherches sur les réintroductions antérieures de la même espèce
  • Vérifier que le site de lâcher fait partie de l’aire de répartition historique de l’espèce et qu’elle était présente encore récemment
  • Vérifier que le site de réintroduction bénéficie d’une mesure de protection assurée à long terme
  • Recenser les causes antérieures du déclin de l’espèce et veiller à ce qu’elles ne soient plus présentes 
  • Veiller à ce que le prélèvement d’individu pour la réintroduction ne mette pas en danger la population source ou le stock en captivité  
  • Vérifier que les individus soient indemnes de toute maladie pour éviter toute propagation de germes dans le nouvel environnement 
  • Sensibiliser la population locale dont l’opinion en faveur du relâcher doit être acquise
  • Effectuer un suivi des individus relâchés

La plupart des programmes de réintroduction concernent des espèces « porte-drapeaux » ou clés de voûtes possédant un capital sympathie auprès du public, permettant de mobiliser des fonds importants. Ces espèces sont généralement de grandes tailles et longévives (Sarrazin & Legendre, 2000).