Des extinctions massives des animaux sauvages sont les conséquences directes de l’activité humaine et ce, depuis des décennies. Ainsi, 40 000 espèces menacées sont répertoriées en 12 grandes catégories par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dans la Liste rouge des espèces menacées. Néanmoins, les chiffres réels des espèces en voie d’extinction, comprenant celles non découvertes, s’établissent à près d’un million, selon les scientifiques.
Cette extinction des animaux s’accompagne d’une altération significative de la surface terrestre à hauteur de 75% et de la disparition des zones humides à concurrence de 85%.
Cette situation démontre la plus grande perte, en tant que 6ème extinction de masse, depuis celle des dinosaures, soit près de 66 millions d’années plus tard. Ce dangereux déclin de la nature conforte l’urgence d’agir et de protéger la biodiversité.
De nombreuses stratégies ont vu le jour pour lutter contre ce phénomène par les gouvernements. Au départ, il s’agissait du traité international non contraignant intitulé la Convention sur la diversité biologique (CDB), signé le 5 juin 1992 lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Il reconnaissait pour la première fois la conservation de la biodiversité comme étant une «préoccupation commune à l’humanité ».
Photo credit : Unsplash
D’autres CDB ont permis d’avancer sur la question. Ainsi en est-il de l’Objectif 15 de développement durable des Nations Unies en 2015 sur la préservation et la restauration des écosystèmes et de l’Objectif 12 d’Aichi du Plan stratégique 2011-2020 de la CDB.
Ces premiers objectifs permettant d’arrêter les extinctions n’ont pas eu l’effet escompté. À titre d’illustration, les stratégies n’ont pas permis de lutter contre l’extinction de la tortue géante Pinta (Chelonoidis abingdonii). Une volonté d’engagement politique plus forte et plus efficiente a conforté les différents gouvernements engagés à établir un nouveau cadre mondial, par la mise en place d’une nouvelle Convention sur la diversité biologique.
C’est ainsi que la 15ème conférence des Parties, intitulée plus couramment la COP15, s’est tenue du 7 au 19 décembre 2022 à Montréal, pour adopter ce nouveau cadre mondial de préservation de la biodiversité. Il se veut ambitieux, réaliste et réalisable et il porte sur des solutions différentes, mais connexes à la COP27 relative à la lutte contre le changement climatique.
Ce cadre comprend quatre objectifs, avec 21 cibles pour les atteindre, dont celles prévoyant la protection de 30% des terres et de 30% des mers d’ici 2030. Ces objectifs internationaux ne sont pas sans rappeler les objectifs suivis en parallèle, car la France continue de porter ses engagements nationaux et internationaux, notamment auprès de la Coalition pour la Haute Ambition pour la nature et les peuples (HAC).
Photo credit : Unsplash
Au sein de la nouvelle CBD, l’objectif A implique que tous les participants se destinent à réduire au minimum dix fois leur taux d’extinction et à réduire de moitié ce risque d’extinction d’espèces dans tous les groupes taxinomiques et fonctionnels.
Les cibles ont, elles, pour but d’assurer l’aménagement du territoire et la restauration des écosystèmes endommagés, tout en permettant une connectivité de ces derniers (cibles 1 et 2), les efforts de conservation efficaces axés sur les zones terrestre et maritimes critiques (cible 3) ou encore, la chasse, le commerce et autres techniques d’utilisation d’animaux devant être « durables » et « sûrs » (cible 5).
Aucune cible ne doit être remise en cause car chaque animal en bénéficie de deux au minimum, mais certaines sont plus efficaces que d’autres.
Une étude de Faunalytics a démontré que les cibles 1 à 3 concernent 95% des espèces menacées, alors que les cibles 7 sur la réduction de la pollution et 8 sur le changement climatique ne leur profitent qu’à 21%.
De plus, elle estime que l’objectif 6 sur la lutte contre les espèces exotiques envahissantes pourrait bénéficier qu’à 1999 espèces, soit seulement 26% des espèces menacées, mais que ces résultats seraient sous-estimés au titre du grand nombre d’espèces non répertoriées par l’UICN.
Les actions de rétablissement doivent ainsi être ciblées afin d’empêcher l’extinction, et ne doivent plus seulement être axées sur la conservation par zone et sur l’atténuation des menaces. L’idée étant que les espèces sont menacées par plusieurs causes (par exemple, la pollution, la surexploitation des ressources et le dérèglement climatique) et que ces menaces peuvent être combattues par plus d’une cible.
Photo credit : Unsplash
À ce titre, la conservation ex-situ, les réintroductions et les vaccinations des espèces ciblées sont des objectifs que les États doivent suivre pour avoir une meilleure efficacité et répondre de manière efficace aux objectifs.
De façon concrète, le fait d’« Assurer une gestion active de la conservation pour restaurer et maintenir la diversité des espèces » (Objectif 4) est nécessaire pour l’ensemble des espèces concernées par des actions de rétablissement supplémentaires.
De ce point de vue, il contribuerait à atteindre l’objectif provisoire de 2050 de réduction du nombre d’espèces menacées. Cet objectif est en cours d’élaboration par l’UICN dans le cadre d’un « Plan d’action mondial pour les espèces » afin de définir les actions clés nécessaires et de créer un lien vers les outils et ressources capitales pour les soutenir.
Des actions individuelles sont fondamentales à la survie de nombreuses espèces d’animaux sauvages. La nouvelle CDB est sur ce point encourageante, même si seule une fraction de 5% des espèces menacées sera protégée par ce nouveau dispositif.
L’apport de ce dernier peut aider à protéger les espèces non connues des scientifiques, car les objectifs suivis par les différents États permettraient de prévenir d’autres dommages d’origine humaine. Ceci aurait alors des conséquences effectives sur la survie des espèces animales et végétales.
Ainsi, pour une efficacité réelle de cette nouvelle Convention, tout citoyen de tout État, à titre individuel ou collectif, devra s’assurer que les gouvernements et la CDB accordent la priorité à la conservation des espèces de manière urgente, la préservation des espèces animales et végétales étant intimement liée à la survie de notre propre espèce.
Anne-Caroline Grall
Photo credit : Unsplash
Sources.
https://faunalytics.org/how-can-we-avoid-mass-extinctions/#
https://faunalytics.org/how-can-we-avoid-mass-extinctions/#
https://inpn.mnhn.fr/espece/listerouge/W
https://www.ecologie.gouv.fr/strategie-nationale-biodiversite
https://www.cbd.int/doc/strategic-plan/2011-2020/Aichi-Targets-FR.pdf
https://www.ecologie.gouv.fr/cop15-biodiversite-aboutit-accord