Incendies en gironde et vie animale : comment le réchauffement climatique et les activités humaines empiètent une fois de plus sur la vie sauvage  

Du 12 juillet au 14 août 2022, de graves incendies ont ravagé la gironde, carbonisant plus de 32 000 hectares de forêt dans le massif des landes de Gascogne. Si par chance, aucune perte humaine n’a été déplorée pendant cette période, nous ne pouvons malheureusement pas en dire autant des animaux.

Bien qu’il soit impossible d’établir le nombre de victimes animales causées par ces incendies, nous pouvons affirmer que les animaux sauvages et comme nous le verrons, les animaux captifs, ont été les grandes victimes de ces incendies.

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Origines des incendies en gironde et impact sur la vie sauvage

De juillet à septembre, plusieurs incendies ont ravagé la gironde. Ces incendies ont eu lieu en plusieurs phases et ont affecté différents secteurs :

Le premier feu aurait semble-t-il été déclenché de manière accidentelle le 12 juillet dans l’après-midi près de la Teste-de-Buch en raison d’un problème électrique. Il aura fallu une dizaine de jours afin de mettre sous contrôle ce premier feu. Le second s’est déclenché le même jour dans le sud du département, aux environs de Landiras. Contrairement au premier départ de feu, la piste criminelle était ici à privilégier.

Le dernier a eu lieu quelques semaines plus tard dans le sud du Médoc. A noter que les conditions climatiques durant cette période ont accentué la propagation des incendies puisque qu’ils sont intervenus dans un contexte de canicule où les précipitations étaient rares depuis plusieurs semaines

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Les grandes victimes de ces incendies

Si donc aucune vie humaine n’a été à déplorer pendant ces incendies, leurs impacts sur la faune et la flore ont été catastrophiques. Si nous nous penchons sur la faune, plusieurs espèces ont été victimes des flammes :  

Premièrement, il y a les victimes qui n’ont pas pu fuir. Il s’agit notamment de certains insectes, des jeunes animaux qui n’étaient pas assez rapides pour fuir, de jeunes oiseaux qui n’avaient pas encore pris leur envol ou tout simplement ceux qui se sont retrouvés piégés au milieu des flammes pendant leur fuite. Les grands mammifères comme les sangliers et les renards ont souvent perçu le danger assez tôt et ont pu agir. En revanche les petits mammifères comme les rongeurs (qui ont tendance à se réfugier sous les sols dans leur terrier), se sont bien souvent retrouvés pris au piège.

Bien que certains animaux aient réussi à prendre la fuite, cela ne leur a pas pour autant automatiquement sauvé la vie. En effet, paniqués et désorientés face à la situation, un grand nombre d’entre eux ont été moins vigilants qu’en temps normal et se sont fait percuter sur les routes des environs.

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Ceux qui ont survécu aux flammes et à la circulation n’ont pas tous pour autant été tirés d’affaire. Un grand nombre d’entre eux se sont retrouvés affamés et assoiffés, totalement privés de leur environnement et de leurs repères. Les écureuils roux ont été particulièrement touchés par ce phénomène. Pour ceux qui ont survécu à la faim et à la soif, leurs pattes étaient parfois tellement brûlées que l’euthanasie était la seule issue possible.

Il est également important de noter que pour les animaux survivant au drame, des séquelles à plus ou moins long terme ont pu être engendrées. En effet, les particules inhalées entrainent souvent une inflammation de longue durée dans l’organisme et peuvent même parfois entrainer des répercutions sur la progéniture des animaux impactés. Une étude russe menée sur des rats ayant inhalé de la fumée a démontré que leurs progénitures étaient davantage stressées et présentaient souvent des troubles de la fonction cognitive.

Enfin, le véritable drame concerne peut être ceux qui n’ont même pas eu la chance de tenter de s’échapper puisqu’ils étaient derrière des barreaux. En effet, une dizaine d’animaux du zoo de la Teste de Buch ont trouvé la mort à la suite des incendies. En raison des incendies qui se rapprochaient, une partie des animaux a été évacuée et certains n’ont malheureusement pas survécu « au stress et aux fortes chaleurs » selon un communiqué de presse établi par le ministère de la transition écologique.

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Concernant les espèces non captives qui ont survécu aux flammes, elles vont progressivement revenir à leur habitat naturel et repeupler les zones qui ont été ravagées. Cependant, la flore elle aussi a été touchée et il faudra attendre de nombreuses années afin que la forêt puisse se reconstruire et qu’un écosystème semblable à celui qui existait auparavant puisse se réinstaurer.

Ces incendies à répétition sont particulièrement dangereux pour les espèces en voie de disparition. Dans le cas des incendies de Gironde, plusieurs espèces protégées ont été touchées. Ce constat est un véritable drame puisque c’est la disparition totale de certaines espèces qui est accélérée par ces phénomènes.

De plus, certaines études australiennes réalisées après les incendies ayant touché l’île il y a 3 ans ont démontré que certains animaux vont modifier leur métabolisme à la suite d’un incendie de sorte à économiser de l’énergie. Cela a notamment été le cas de certaines chauves-souris et marsupiaux qui ont opté pour cette solution afin de pallier au manque de nourriture provoqué par les flammes. Ce phénomène couplé au stress engendré par les évènements engendre bien souvent une baisse de la reproduction pour certaines espèces. Partant de ce constat, les incendies peuvent également jouer négativement sur la reproduction des espèces et donc accélérer leur disparition.

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Les animaux inégaux face aux incendies et leurs dangers

Plusieurs études ont démontré que les animaux n’étaient pas tous égaux face aux conséquences des incendies. A titre d’exemple, bien que chaque animal respirant de l’air soit vulnérable lors de l’inhalation de fumée durant un incendie, les caractéristiques intrinsèques de chacun vont également entrer en ligne de compte. Selon l’écologiste américaine Olivia Sanderfoot, les oiseaux, étant donné leurs structures pulmonaires particulièrement fines, seront plus vulnérables lors de l’émission de fumée car ils ingéreront plus aisément les toxines présentes dans l’air.

Il est également intéressant de noter que les animaux qui sont habitués à ce type de phénomène ont également plus de chance de s’en sortir que les autres car ils anticipent le drame dès les premiers signaux. Par exemple, dès qu’ils sentent les premières fumées d’un incendie, ils prennent la fuite. 

Aujourd’hui, les impacts et manières de réagir des différentes espèces face aux incendies sont encore trop peu connus. Il est donc primordial de récolter le maximum de données possibles à chaque incendie et de les partager entre pays afin d’avoir une idée plus claire des conséquences de chaque incendie sur la faune et donc d’adapter les protocoles d’aide à cette faune.

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Conclusion

Qu’ils soient criminels, accidentels ou naturels, les incendies ont été de plus en plus fréquents ces dernières années et ce, dans plusieurs pays autour du globe. Entre 1960 et 2008, les feux de forêt auraient augmenté de près de 20%. L’impact de ces phénomènes à répétition est dramatique pour la flore et la faune des habitats concernés et peut accélérer la disparition de certaines espèces déjà protégées et particulièrement fragiles.  

Le lien entre réchauffement climatique et incendies est aujourd’hui clairement établi et engendre des incendies plus intenses et surtout plus longs en raison du manque de pluie. C’est un réel cercle vicieux qui se met en marche puisque ces feux vont à leur tour augmenter la pollution atmosphérique et donc participer au réchauffement. Ce réchauffement étant en grande partie causé par les activités humaines, il est donc légitime d’affirmer qu’une fois de plus l’Homme empiète sur la vie sauvage et son territoire.

Selon le rapport Planète Vivante établi par l’association WWF en 2018, 60% des populations d’animaux sauvages auraient disparu durant les 40 dernières années. Ce rapport, établi tous les deux ans, vise à faire le bilan sur l’état de la planète et l’impact des activités humaines sur cette dernière. Le constat est alarmant : entre 1970 et 2014, les populations de vertébrés ont diminué de 60% à l’échelle mondiale. Nous n’avons jamais connu un rythme de disparition si soutenu et les activités humaines en sont la cause. Agriculture intensive, dérèglement climatique, pollution, dégradation des sols… Autant d’éléments responsables de ce terrible constat. Les espèces sauvages se retrouvent souvent privées de leurs habitats naturels, perdant leur territoire qui sont dégradés et parfois même totalement détruits. Si nous ne souhaitons pas que cette accélération suive son cours et que le reste des espèces sauvages disparaissent définitivement de la surface de la planète, il est encore temps d’agir. Il est de notre devoir d’agir pendant que nous le pouvons.  

Johanna Nief

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Sources

https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/incendies-en-gironde/incendies-en-gironde-et-dans-les-landes-les-animaux-victimes-collaterales-des-feux_5310142.html

https://www.30millionsdamis.fr/actualites/article/22520-incendies-en-gironde-la-faune-sauvage-en-proie-aux-flammes/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Feux_de_for%C3%AAt_de_2022_en_Gironde

https://www.nationalgeographic.fr/animaux/a-quel-point-les-feux-de-foret-affectent-ils-la-faune-sauvage

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-billet-vert/incendies-en-france-comment-la-faune-va-se-readapter-tant-bien-que-mal_5230735.html

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/le-lien-entre-rechauffement-climatique-et-feux-de-foret

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/incendies-en-gironde-une-dizaine-d-animaux-du-zoo-du-bassin-d-arcachon-sont-decedes-1658233352

https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/rapport-planete-vivante-2018