Cirques et animaux non domestiques en France en 2025 : état des lieux et questionnements après la loi de 2021

Depuis l’adoption de la loi du 30 novembre 2021 relative à la lutte contre la maltraitance animale, la place des animaux dans les cirques en France est plus que jamais au cœur des débats. Malgré ce cadre législatif renforcé et le décret d’aides aux cirques destiné à accompagner la transition vers des spectacles sans animaux sauvages, la réalité du terrain montre une situation complexe.

Une loi ambitieuse pour mieux protéger les animaux dans les cirques

La loi 2021-1539 contre la maltraitance animale entrée en vigueur en 2021 marque une étape importante en interdisant progressivement l’utilisation d’animaux sauvages dans les spectacles itinérants. En parallèle, un décret publié le 30 avril 2025 prévoit des aides financières spécifiques destinées aux cirques pour les accompagner dans leur transition vers des modèles sans animaux sauvages, favorisant ainsi le développement de spectacles modernisés, respectueux du bien-être animal. Code animal a d’ailleurs fait une analyse de ce décret, il en ressort que les aides sont majoritairement données sur simple déclaration sur l’honneur de la part des cirques et qu’aucun centime ne sera attribué aux structures d’accueil malgré la nécessité absolue d’encourager leur création et pérennité.

 

État des lieux en 2025 : 165 cirques itinérants et 8 structures fixes

Malgré ces mesures, le suivi réalisé par Code Animal en 2025 recense 165 cirques itinérants, soit une légère augmentation par rapport à 2022 où ils étaient 155, ainsi que 8 structures fixes, incluant notamment les dresseurs Edelstein et Bauer.

59 cirques encore détenteurs d’animaux non domestiques

Sur l’ensemble des cirques fixes et itinérants, 59 détiennent encore des animaux non domestiques, dont une partie continue à les utiliser dans leurs spectacles, tandis que d’autres semblent les avoir abandonnés récemment.

  • 25 cirques utilisent toujours des animaux sauvages (suivi 2024-2025).
  • 28 cirques ont exploité des animaux non domestiques entre 2022 et 2025, mais ne les présentent plus dans leurs récents spectacles.
  • 7 cirques n’ont pas pu être localisés en 2025, bien qu’ils détiennent encore des animaux non domestiques, ce qui soulève des questions quant à la transparence et au suivi de ces établissements.

 

Une diversité de fauves toujours présente dans les cirques

Le suivi terrain met en lumière la diversité des fauves encore détenus par les cirques en France en 2025. Plusieurs établissements continuent d’exploiter des tigres et des lions, souvent en petits groupes répartis de manière très variée. Par exemple, le cirque Ethan et Shanly (Seneca) possède à la fois des tigres et des lions, tandis que le cirque Boletti (Europa) compte quatre tigres. Europe International détient cinq tigres, tandis que le Franco-Belge en accueille trois tigres et deux lions.

D’autres cirques comme Hartini ont deux tigres et deux lions, et Muller détient plusieurs lions, avec au moins sept spécimens, ainsi que deux tigres. Le Ritz Romane, Star Circus et Rolph Zavatta possèdent plusieurs lions, tandis que Zavatta Sébastien en déclare deux lions et deux tigres. À l’inverse, certains cirques comme Micheletty Henri disposent d’un seul tigre.

Ces chiffres sont tirés du suivi de Code Animal entre 2024 et 2025. Nous avons tenté de compter les animaux lorsqu’ils étaient visibles dans les remorques ou lors des spectacles. Ces données ne sont pas exhaustives et doivent être comprises comme une tendance générale. En ce sens, le décompte officiel du Ministère de la Transition Écologique, qui recense environ 300 félins, paraît plausible, puisque cela correspondrait à une moyenne de 5 à 6 fauves par structure.

Cette répartition montre que, même si la tendance générale va vers une diminution progressive du nombre d’animaux sauvages dans les spectacles, une variété importante de fauves reste en circulation dans différents établissements. Cela témoigne de la difficulté à généraliser la transition vers des cirques sans animaux sauvages, notamment pour ces espèces.

 

Combien d’animaux non domestiques dans les cirques ? Les chiffres officiels de février 2024

Selon les données du Ministère de la Transition Écologique datant de février 2024, on dénombre notamment :

  • 328 fauves (tigres, lions, panthères, etc.)
  • 58 primates (singes de différentes espèces)
  • 26 zèbres
  • 9 ratites (autruches, nandous, émeus)
  • 6 éléphants
  • 2 hippopotames

Ces chiffres donnent une idée plus précise de l’importance des populations animales concernées, qui dépassent largement le millier d’individus lorsqu’on prend en compte d’autres espèces moins visibles ou moins déclarées.

 

Notre suivi terrain : une réalité plus réduite et inquiétante

En parallèle, notre suivi terrain révèle une réalité parfois bien différente, notamment concernant les animaux encore utilisés dans des spectacles itinérants :

  • 1 éléphante actuellement présente et utilisée : Samba (Europe International).
    • Bridget et Nelly, toujours exploitées en Hongrie avec usage d’ankus (famille Falk).
    • Cyndha et Maya, toujours vivantes et détenues dans des safaris en Italie (Pinder et Falk).
    • Baby, une éléphante détenue dans un zoo à Tunis, en mauvais état, avec une malformation aggravée (Bauer).
  • 2 hippopotames : Jumbo (Cirque Muller) et Bouly (Cirque Royal).
  • 1 hyène : Shakira (Seneca).

 

Un suivi indispensable pour garantir le respect de la loi et la sécurité des animaux

Le constat est sans équivoque : malgré les avancées législatives et le dispositif d’aides financières mis en place, la mise en œuvre concrète de la loi de 2021 et du décret d’accompagnement reste largement incomplète sur le terrain, et ce, 3 ans avant l’interdiction définitive. En effet, plusieurs constats préoccupants émergent de notre suivi.

D’une part, certains cirques continuent d’exploiter des animaux sauvages dans leurs spectacles, parfois sans que cela soit toujours clairement visible ou déclaré. D’autre part, plusieurs établissements ayant détenu des animaux non domestiques ont disparu ou changé d’identité, rendant leur suivi et leur contrôle très difficiles. Ce « mystère » autour des cirques « disparus » soulève de sérieuses questions sur le devenir des animaux concernés et sur la transparence des structures.

Bien que la loi de 2021 stipule précisément que les cirques avant 6 mois à compter de l’entrée en vigueur de la loi pour enregistrer tous leurs animaux dans le fichier national (IFAP), le constat est clair : la mise en œuvre de la loi et du décret est encore incomplète sur le terrain. Pour preuve, certains animaux ne sont pas présents dans la base de données comme la hyène du cirque Seneca. Aussi, le Gouvernement ne manquera certainement pas de mentionner les registres d’entrées et sorties des animaux que les établissements doivent tenir à jour pour procéder à la traçabilité des animaux. Or, dans toutes les procédures engagées par Code animal à l’encontre d’un cirque, aucun de ces registres n’était tenu à jour, laissant un vide béant dans le suivi précis des animaux. Pire encore, le MTE a suspendu le fichier national d’enregistrement des animaux (IFAP) pour une durée indéterminée et sans aucun fichier remplaçant. Ces actions laissent craindre le pire, d’autant plus que le décret sanction pour faire application l’interdiction de reproduction et de nouvelles acquisitions des animaux sauvages dans les cirques n’a toujours pas été publié et ce, 2 ans après son entrée en vigueur. Autrement dit, certains cirques, peu scrupuleux, continuent de faire reproduction singes et fauves sans être inquiétés et de manière totalement illégale. Pour preuve, Code animal a réussi, à force de détermination, à faire saisir les 12 lions du cirque Claudio Zavatta parmi lesquels 9 lionceaux nés à l’été 2024, soit 6 mois après l’entrée en vigueur de l’interdiction. Sans compter sur le fait que ces animaux, très prisés et chers, peuvent alimenter un trafic faunique néfaste pour le bien être de ces animaux et pour la sécurité publique.

Ces mêmes cirques pourraient donc bénéficier des aides engagées par le Gouvernement ?

Ce suivi est crucial pour s’assurer que la loi ne reste pas lettre morte et que les aides versées aux cirques aboutissent réellement à une amélioration concrète du bien-être animal. Il est réellement temps d’engager sérieusement la transition pour des cirques sans animaux sauvages !

 

Vers un avenir sans animaux sauvages dans les cirques ?

La bonne nouvelle tout de même, la tendance observée, avec de nombreux cirques qui arrêtent progressivement d’utiliser des animaux sauvages, est encourageante. Nous tenons à féliciter les cirques qui font d’énormes efforts pour se mettre en conformité avec la réglementation en vigueur.

Mais il reste encore beaucoup à faire pour assurer une transition complète et durable, en protégeant pleinement les animaux et en garantissant la transparence des pratiques.

Sources officielles

  • Loi n° 2021-1539 du 30 novembre 2021 relative à la maltraitance animale :
    https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044529540
  • Décret relatif aux aides pour la transition des cirques vers des spectacles sans animaux sauvages :
    https://www.legifrance.gouv.fr (référence à préciser)
  • Ministère de la Transition Écologique, données sur les animaux non domestiques dans les cirques (février 2024)

Bryan dans le refuge de notre partenaire AAP profitant des rayons du soleil <3