Le Parc Dierking, parc animalier en Charente, suscite de vives inquiétudes depuis février 2020, date de l’annonce de son projet de création. David Allart,le responsable, a présenté son parc comme une « maison de retraite pour animaux » où les visiteurs pourraient découvrir une centaine d’espèces, allant des lions et tigres aux hyènes, wallabys, macaques ou perroquets. Le site prévoyait également des hébergements touristiques, un restaurant de 300 places et des spectacles dont la nature était floue, laissant planer de nombreuses questions sur le type de divertissement proposé.
Des animaux de tous horizons… sans garantie de sécurité
Avant même d’obtenir une autorisation administrative, le fondateur appelait le public, via ses réseaux sociaux, à lui donner tout type d’animal, domestique ou sauvage. Les associations Code Animal, Charentes Nature et Aves France avaient immédiatement tiré la sonnette d’alarme : comment garantir le bien-être de ces animaux ? Qui serait capable de s’occuper de lions, tigres ou jaguars ? De plus, les plans des enclos fournis, imprécis et incomplets,n’explicitaient pas où le public pourrait se trouver en toute sécurité et comment les animaux seraient isolés ou protégés.
Les zones prévues pour l’accueil des animaux domestiques et exotiques étaient confondues sur certains documents, et aucune indication claire n’était donnée sur la gestion des espaces de reproduction ou de quarantaine, essentiels pour prévenir les maladies et le stress animal.
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Des effectifs trop ambitieux et des coûts sous-estimés
Le projet prévoyait la détention de dizaines d’animaux, y compris des espèces dangereuses, et même la reproduction de certaines pour maintenir les populations. Pourtant, l’étude financière annexée au dossier ne prenait pas en compte des postes essentiels :
- frais vétérinaires pour des dizaines d’animaux, dont beaucoup exotiques,
- alimentation spécifique selon les espèces,
- équipement de sécurité pour protéger le personnel et les visiteurs.
L’entretien quotidien de ces animaux devait être confié à seulement deux employés, alors que seul le fondateur se disait capable de gérer les animaux dangereux. Une situation jugée très préoccupante par les associations pour la sécurité des animaux et du personnel.
Un recours porté par nos associations
Le 18 décembre 2020, un arrêté autorisant l’ouverture du parc est cependant signé, avec des limitations toutefois comme l’interdiction pour le public d’accéder aux animaux sauvages.
Les associations Code Animal, Charentes Nature et Aves France avec leur avocat Andréa RIGAL-CASTA, du cabinet GéoAvocats, saisissent alors le Tribunal administratif de Poitiers, qui annule l’autorisation en mai 2023, citant de nombreuses irrégularités, l’imprécision des plans, le manque de garanties pour le bien-être des animaux et les risques pour la sécurité des visiteurs.
Le Ministère de la Transition écologique interjette alors appel de cette décision et défend l’ouverture du parc, considérant que les documents fournis sont en conformité avec les textes en vigueur. Selon le ministère, le projet permettait de préserver certaines espèces et de promouvoir des activités touristiques et éducatives.
Les associations ont été particulièrement surprises que le MTE soutienne un projet présentant de si nombreuses lacunes aussi manifestes : des plans d’enclos imprécis, des effectifs insuffisants pour l’entretien des animaux dangereux, des coûts sous-estimés, et des risques sérieux pour le bien-être des dizaines d’animaux exotiques, des standards minimaux de sécurité et de bien-être non respectés…
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Victoire définitive : La Cour d’appel nous donne raison !
Aujourd’hui, nous pouvons l’affirmer haut et fort : NOTRE IMPACT EST RÉEL.
La Cour administrative d’appel de Bordeaux a tranché en notre faveur en rejetant l’appel du Ministère de la Transition Écologique ! Cette victoire juridique majeure confirme l’annulation définitive du Parc Dierking.
Cette décision historique n’est pas qu’un succès judiciaire ; c’est un message clair envoyé à tous ceux qui tentent de créer des zoos de fortune sous prétexte de « sanctuaire » ou de « maison de retraite » sans respecter les standards minimaux de sécurité et de bien-être.
Grâce à notre mobilisation et votre soutien, nous avons empêché l’ouverture d’un lieu qui aurait mis en danger des dizaines d’animaux exotiques et le public.
Nous continuons le combat ! L’affaire Dierking prouve l’importance de notre travail de surveillance et d’influence, notamment pour faire évoluer la loi. C’est pourquoi Code Animal a contribué à l’insertion d’une définition précise des structures d’accueil dans la loi contre la maltraitance animale de novembre 2021, afin d’éviter que ces dérives ne se reproduisent.
Sources : Dossier juridique de Code animal
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