Le 24 mai dernier, de bien tristes découvertes ont été faites au mini-zoo de Santander, dans la région espagnole de Catabrie : le corps de Lucas, un lion de mer, inerte à moitié recouvert d’un sac en plastique ; un bassin des phoques vide et un autre dans lequel nagent ces derniers dont le corps est recouvert de vase ; l’enclos des pingouins surpeuplé sous une chaleur étouffante…

Le constat fait froid dans le dos. Si l’humain a été la première victime visible du Covid-19, les animaux placés derrière les barreaux et dont la survie dépend de l’homme ont également subi les conséquences de la pandémie mondiale.

Code Animal a été contacté par Andréa, une citoyenne espagnole qui nous a remonté les difficultés du zoo ainsi que des images intolérables des animaux encore présents sur place. Depuis nous sommes en contact et suivons avec elle la situation sur place.

Voici son témoignage (traduit de l’espagnol avec Google Trad) :

« Ils sont en très mauvais état, l’eau de leur piscine est verte et criblée d’algues dans tous ses coins et sur le rivage, à tel point que l’un des lions de mer (les moins actifs) a son corps complètement recouvert d’algues jusqu’à la tête, le ventre et le dos. Les quatre autres qui l’accompagnent ont également des algues collées sur leur dos, bien qu’en moindre quantité.
Je vous informe que j’ai parlé avec le responsable là-bas lorsque j’ai enregistré les vidéos que je vais vous envoyer. Je lui ai demandé s’ils allaient nettoyer les animaux des algues de leur corps, il a répondu NON, qu’ils n’ont pas d’interaction avec ces animaux (c’est un mensonge).
L’année dernière, j’ai vu comment, dans cette enceinte, ces animaux sont obligés de quitter leurs piscines en appâtant de la nourriture pour les utiliser comme spectacle quotidien et touristique, où ils les dressent et les exploitent comme divertissement pour les gens comme des clowns.
De plus, je vous informe que dans une autre piscine parallèle à celle-ci, il y a deux autres lions de mer et il y a aussi une troisième petite piscine où ils ont isolé un bébé lion de mer Aa le dressage, qui en raison de la petite taille de la piscine ne fait que circuler compulsif dans les cercles sans pouvoir exercer son corps comme un animal de ces caractéristiques le devrait. »

Depuis, notre contact est entré en contact avec la garde civile (police espagnole) qui suit le dossier.

D’autres lanceurs d’alerte ont également dénoncé ces conditions de détention.

« Le sable était complètement sec, le conduit où est censée entrer l’eau était bouché. Cela faisait des jours voire des mois que ça n’a pas été changé. Les normes ne sont clairement pas respectées » Laura Gangoso[1], influenceuse espagnole, a lancé l’alerte pour dénoncer l’état critique dans lequel se trouvent les animaux retenus captifs de la ville de Santander.

 L’agonie des phoques, dans leurs structures inadéquates et au vu du manque de soins prodigués est on ne peut plus évidente. Malgré cela, l’administration espagnole reste stoïque et affirme que les installations ne comportent « aucune irrégularité »[2].

En effet, le zoo relevant de la propriété publique de Santander, c’est à la ville de répondre de ces accusations de négligences. Celle-ci, bien que s’excusant, mène une politique de défense

quelque peu suffisante, et a déclaré que le décès de Lucas était d’origine « naturelle » et assure que les phoques immobiles sont en réalité « un peu endormis. »[1]

L’indifférence de la mairie face à la situation alarmante a laissé dubitatives plusieurs associations luttant pour le bien-être animal. Il est en effet difficile d’imaginer que les précautions nécessaires aient été prises pour assurer la santé et le confort des phoques quand on peut très clairement les voir revêtis d’une robe d’algues vertes ou quand un animal qui d’ordinaire vit dans l’eau baigne dans une mer de sable.


[1] https://www.30millionsdamis.fr/actualites/article/19444-otarie-morte-phoque-moribond-pingouins-en-nage-vague-dindignation-contre-un-zoo-espagnol/
[2] https://pacma.es/exigimos-al-ayuntamiento-de-santander-responsabilidades-sobre-el-zoo-de-la-magdalena/

Toutefois, la municipalité de Santander n’est pas la seule à être pointée du doigt, le gouvernement de Cantabrie est lui aussi compétent, s’agissant de la conservation de la faune sauvage dans les jardins zoologiques de la communauté.[1]

L’historique du mini-zoo de la Magdalena n’en est pas à son premier décès. Un ours polaire avait il y a quelques années déjà suscitées l’intérêt public et associatif, les associations avaient alors demandé la fermeture du zoo. En janvier 2020, un autre lion de mer, nommé Baby, a lui aussi été victime de négligence.

En 2019, un bébé phoque avait été enfermé et mis à l’écart de ses congénères pendant ses premiers 6 mois. Bien qu’il soit aujourd’hui encore vivant, et partageant à présent le même enclos que ses semblables, une telle pratique n’est pas sans conséquence pour l’animal (comme elle le serait pour l’homme).

[1] https://pacma.es/exigimos-al-ayuntamiento-de-santander-responsabilidades-sobre-el-zoo-de-la-magdalena/

Les animaux de divertissement sont victimes, une fois de plus, de la désinvolture humaine. La captivité démontre une fois de plus sa cruauté pour unique résultat.

Le Parti animaliste espagnol (PACMA), dans un article sur leur site internet, conclu très clairement à ce sujet en affirmant qu’« Il faut arrêter avec ces prisons à ciel ouvert.» 

N’oublions pas que si les zoos ont pour dialectique la préservation des espèces et la valeur pédagogique, ces arguments sont aujourd’hui désuets.

Les conditions en captivité sont souvent peu adaptées et ne répondent pas aux impératifs biologiques des animaux sauvages. Il est en effet difficilement concevable d’imaginer vivre non loin les uns des autres un éléphant d’Asie, un ours polaire et lion alors que dans leur habitat naturel ces derniers se situent sur trois continents différents.

L’association barcelonaise AnimaNaturalis s’est entretenue avec la conseillère municipale pour l’environnement de Santander, Margarita Rojo. Le zoo a également fait l’objet d’une visite dont le constat s’aligne avec les témoignages cités ci-dessus.

La conclusion établie par Aïda Gascòn (directrice de l’association) est glaçante, pour elle, « il semble que l’on laisse mourir »[1]. Elle salue toutefois la volonté de la municipalité à résoudre ce litige qui dure depuis plusieurs années. En effet, Margarita Rojo a partagé avec AnimaNaturalis son envie de transformation du mini-zoo en « sanctuaire, avec la porte ouverte à la participation des associations de protection des animaux. »[2]

 
[1] https://www.animanaturalis.org/n/45527/animanaturalis-visita-el-minizoo-de-santander-junto-a-un-equipo-del-ayuntamiento
[2] https://www.animanaturalis.org/n/45527/animanaturalis-visita-el-minizoo-de-santander-junto-a-un-equipo-del-ayuntamiento

Pénélope Ehles

Dans sa lutte contre la captivité, Code Animal se joint aux organisations en s’adressant à l’Ambassadeur d’Espagne, pour demander qu’une enquête soit menée afin de déterminer de l’état de santé des phoques, qui est à l’heure actuelle la plus préoccupante.

 
Lire la lettre adressée à l'Ambassage espagnole