États-Unis : Queen, emprisonnée et vendue à un cirque itinérant

Queen
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Tous les éléphants aimaient QUEEN, l’éléphante la plus âgée de tous les éléphants du Cirque. Queen connaissait ses tours, appris par force, encore mieux que son dresseur lui-même.

Avec un plumeau rouge sur la tête, elle charmait le public. Ni les enfants hilares, ni leurs parents ne voyaient la fatigue dans ses yeux ou la multitude de cicatrices qu’avaient laissés, année après année, les coups de bâton et de piques acérées. 30 ans plus tôt, Queen avait été un éléphanteau de deux ans qui vivait avec sa maman et une autre éléphante.

Celles ci avaient pris soin d’elle et répondu à tous ses besoins. Elles lui avaient appris à se servir de sa trompe autant pour s’amuser que pour travailler. Elles lui avaient également inculqué le sens de la loyauté envers la famille. Mais un matin, la vie de Queen changea dramatiquement et irréversiblement lorsque des hommes armés de fusils et de fouets la capturèrent. En criant, un homme la poussait de son fouet pendant qu’un autre abattait la maman de Queen qui luttait courageusement pour protéger son bébé, jusqu’à ce que les balles du fusil anéantissent sa vie à jamais.

Les mois qui suivirent furent consacrés à « briser » Queen par la violence et les railleries. Elle n’avait pas le droit de manger à sa faim ni de boire suffisamment pour apaiser sa soif.

Attachée à un poteau, elle ne pouvait ni se défendre, ni se protéger des coups, ni chercher à manger. Les mauvais traitements et la faim continuèrent jusqu’à ce que Queen, épuisée, cesse de lutter.

Transportée sur un paquebot de son pays d’origine, la Thaïlande, aux USA, Queen fut alors vendue à un grand cirque itinérant, et son véritable entraînement commença.

Son dresseur pensait indubitablement que les animaux sauvages devaient être « éduqués » par la force et dans la terreur, sinon on risquait de se faire soudainement attaquer. Il la battait au bâton et la fouettait là où sa peau est la plus sensible : autour des yeux, derrière les oreilles et au dos de ses pattes arrières. La peau fissurée de par ces sévices, Queen agitait sa tête tout en hurlant sa douleur à chaque coup reçu. Mais cela lui valait plus de coups encore.

Même si Queen apprenait de plus en plus de tours, les coups ne cessaient jamais. Dès que son dresseur approchait, elle se raidissait. C’est seulement une fois seule que Queen pouvait quelque peu se détendre…, du moins, autant que les fers et les chaînes le lui permettaient.

En dehors de son entraînement brutal et de ses apparitions sous le chapiteau, Queen avait cependant la compagnie d’autres éléphants.

Les éléphants voyageaient à travers les USA à bord de camions sans chauffage ni climatisation. La température pouvait atteindre + 45° et plus en été, et descendre en dessous de zéro en hiver. Les éléphants préfèrent un climat chaud, mais ont besoin avant tout d’avoir un constant accès à un point d’eau. Il n’y avait ni nourriture, ni eau dans les camions et Queen était souvent désespérée tant elle était déshydratée lorsque le Cirque atteignait enfin sa destination.

De cette manière, Queen et les autres éléphants voyageaient 11 mois par an. Derrière eux, ils laissaient des milliers de kilomètres et pour chaque nouveau lieu, ils apparaissaient sous le chapiteau une à deux fois par jour. Le reste du temps, ils restaient enfermés dans une sorte de hangar.

La vie de Queen se composait de voyages entrecoupés de nombreux arrêts pour les représentations. Et puis, davantage de trajet, sans repos aucun, année après année. Parfois, un nouvel éléphant se joignait au groupe, parfois aussi un éléphant disparaissait.

Pendant un show, un éléphant qui se balançait sur un cône perdit soudain l’équilibre et tomba lourdement. Sa vessie écrasée dans la chute, l’éléphant meneur de la troupe venait de perdre la vie. D’autres animaux se blessaient également : durant un transport, le cou d’une antilope fut brisé.

Une autre fois, pendant l’entraînement, un dresseur frappa coup sur coup, à l’aide d’un lourd tabouret, un ours en pleine tête. Tous les ours du Cirque avaient eu le museau brisé durant les « entraînements disciplinaires ». Les robustes cordes autour du cou des lions et des tigres étaient serrées selon le besoin de manière à les forcer à obéir.

Plus les années passaient et plus Queen était témoin de la douleur et des blessures de ses compagnons d’infortune, et plus les parades, de ville en ville, devenaient insupportables.

Dans son milieu naturel, la jungle thaïlandaise, Queen aurait pu vivre jusqu’à 60 ans et plus. Mais à 32 ans à peine, Queen se sentait lasse, vieille et fatiguée.

Le froid dans le camion devenait trop éprouvant et Queen n’avait plus la force de continuer à vivre dans les dures conditions de la vie de cirque.

Un soir d’hiver particulièrement froid, alors que le Cirque arrivait enfin à New York après un long et pénible voyage, les circassiens trouvèrent Queen, pour la première fois de sa vie d’adulte, totalement paisible. Sa longue et intolérable souffrance était finie : ce voyage dans le froid avait été son dernier.

Source : The PETA, USA, Juillet 2000 – traduction Eve Willberg.