Les mygales : Victimes de la captivité & du trafic.

Il existe dans le monde environ 43 000 espèces d’araignées, dont 1600 vivent en France.

Les mygales dont le nom vient du grec mūs (rat/souris) et de galē (belette / putois) et signifie musaraigne, appartiennent à un sous ordre qui compte 2651 espèces à ce jour dont une vingtaine vivant en France.

Elles peuvent être arboricoles, souterraines ou terrestres et peuvent vivre entre 5 et 20 ans.

Comme toutes les araignées, la mygale a un exo-squelelette et sa croissance lui impose donc des mues régulières, les femelles adultes continuent à muer une fois par an (pas les mâles).

Le groupe des mygales compte les plus grosses araignées au monde, de nombreuses espèces sont colorées. C’est pourquoi elles sont très souvent vendues comme dits « animaux de compagnie exotiques » dans de nombreux pays (NACS).

Les Brachypelma sont particulièrement prisées en raison de leurs couleurs et de leur docilité (CCE, 2017 ; Rojo, 2004 ; West, 2005). D’ailleurs, entre 2007 et 2016, environ 40 000 mygales Brachypelma vivantes ont fait l’objet d’un commerce international licite.

Plus de 6 000 spécimens ont été vendus en 2015, puis de nouveau en 2016 (Cooper, 2018).

Mais la détention des mygales est soumise à réglementation puisque c’est un animal non domestique et venimeux (même si Atrax robustus, espèce australienne, est la seule mortelle pour l’Homme).

Les mygales importées en France légalement viennent principalement d’Amérique du Sud, d’Afrique ou d’Asie.

Elles sont par nature toutes venimeuses puisque leur mode de nutrition consiste à injecter leur venin dans leur proie pour les paralyser et des enzymes afin de les prédigérer. Elles aspirent ensuite la bouillie obtenue.

Chez l’humain mordu, on peut observer un œdème local, une fièvre, une douleur voire une infection secondaire à l’inoculation de microbes présents sur les crochets.

Certaines espèces possèdent des poils urticants qui peuvent être libérés en cas de menace et peuvent provoquer érythèmes et conjonctivites, problèmes respiratoires sur sujets prédisposés…

C’est pourquoi, pour pouvoir légalement posséder une mygale chez soi, la réglementation française impose l’obtention d’un certificat de capacité et une autorisation d’ouverture d’établissement.

Pour le certificat de capacité, il faut justifier de 3 ans d’expérience auprès d’un capacitaire ayant obtenu son autorisation d’ouverture d’établissement ou faire un stage de 20 heures de théorie et 70 heures de pratique avec un capacitaire ayant une autorisation d’ouverture d’établissement.

Pour l’autorisation d’ouverture, les capacitaires doivent en faire la demande en préfecture pour valider leurs installations.

Cela peut paraître long et rébarbatif et nombre de gens sont tentés d’acquérir et de conserver une mygale de façon illégale.

L’achat via les bourses et les expositions dans les pays limitrophes n’ayant pas la même législation est facile, l’animal passe alors sans difficulté dans d’un territoire à l’autre, même si les contrôles s’intensifient ces dernières années aux abords de ces manifestations.

Les ventes illicites par internet sont aussi fréquentes, de même que les échanges par les forums, réseaux sociaux… Malgré des contrôles de plus en plus importants aussi.

Cependant régulièrement aussi, des animaux sont saisis par les douanes.

En effet, beaucoup de mygales sont classées à l’annexe II de la CITES, leur commerce international est donc réglementé.

Quelques exemples de saisies :

Mygales dans un paquet cadeau (2019 – Canada)

Une centaine de mygale dans un bagage ( 2019 – Cayenne)

Mais chaque année, un nombre inconnu de spécimens est capturé illégalement dans la nature et exporté du pays d’origine par des contrebandiers ( notamment du Mexique).

La mygale à genoux rouges, ou Brachypelma smithi, est devenue un animal de compagnie populaire à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Ainsi, de nombreux spécimens capturés dans la nature ont été exportés à partir du Mexique pour répondre à la demande (R. West, obs. pers.). Les préoccupations relatives à l’impact de ce commerce sur les populations sauvages ont fait que la B. smithi est devenue la première espèce d’araignée listée dans l’Annexe de la CITES (CITES, 1985). En 1995, toutes les espèces du genre Brachypelma  figuraient à l’Annexe II de la CITES (CITES, 1994a, b).

Etude à ce sujet 

À la dernière cession de la Cites en août 2019, 15 espèces du genre Poecilotheria ( originaires du Sri Lanka et de l’Inde ) ont été ajoutées à l’annexe II du traité .

Etude scientifique à ce sujet

En effet , ces  mygales sont également en voie d’extinction, leur grande taille et leurs couleurs vives les rendant très prisées en tant qu’animal sauvage détenu chez les particuliers.

Menaces pour l’espèce

La déforestation, le morcellement de leurs territoires, un  taux de reproduction faible et un taux  de mortalité élevé des juvéniles sont les principales raisons de leur déclin mais leur commerce en plein essor est aussi un facteur très important de leur raréfaction.

Ainsi, entre 2006 et 2017, plus de 23 000 Poecilotheria auraient été importées aux États-Unis.

La plupart des mygales commercialisées aux USA sont nées en captivité mais certaines sont extrêmement difficiles à élever en captivité , des prélèvements en quantité se faisant alors directement dans la nature et préférentiellement des femelles gravides, ce qui est fortement préjudiciable à la survie de l’espèce dans le milieu naturel.

Le trafic de ces animaux n’entraine pas chez le grand public le même élan de contestation qu’un trafic de lionceaux, cependant , les répercussions sur l’environnement peuvent être très importantes et  la survie de certaines  espèces gravement compromises .

Les particuliers ont  de plus en plus envie d’exotisme, envie de se démarquer, envie d’épater leur entourage.

Une araignée ne fait  pas de bruit, semble ne demander aucun soin, n’est pas cher à l’achat …

Elle sera d’autant plus facilement considérée comme un objet, un gadget par une personne non avertie .

Mais n’oubliez pas et faites savoir  que sa détention illégale est passible de la loi, 15 000 euros d’amende et jusqu’à un an d’emprisonnement, que les agents de l’ONCFS veillent et que la délation n’est pas rare de la part des voisins ou même de la famille.