Le cirque avec animaux n’a plus sa place en France !

Alors que la Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire Elisabeth Borne doit annoncer ses fameuses mesures depuis maintenant des mois, Code Animal souhaite faire un point sur le sujet que nous avons – avec d’autres associations – fait émerger dans notre pays : les animaux sauvages dans les cirques.

Code Animal travaille depuis 20 ans sur ce sujet, aujourd’hui nous avons pu démonter un à un les arguments des personnes et entreprises exploitant ainsi des animaux souvent en voie de disparition dans leur milieu naturel.

Nous avons édité un livre : Derrière les paillettes, le stress : un rapport sur les animaux dans les cirques qui est aujourd’hui l’ouvrage de référence pour les autres citoyens qui souhaiteraient travailler sur ce sujet.

Nous avons été la première association à entrer en contact avec des élus locaux via l’adoption d’un arrêté municipal – retoqués en tribunal administratif par le collectif des cirques avec animaux. Nous avons su rebondir via la création d’un vœu symbolique, aujourd’hui repris par près de 400 villes en France. Nous avons mis à disposition toutes nos informations à destination des citoyens

Nous avons siégé à la commission faune sauvage captive mise en place par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire dans les groupes de travail cirques et zoos – nos domaines d’expertise. Nous voulons purement et simplement une loi d’interdiction de l’utilisation des animaux sauvages dans les cirques en France. Notre association avec l’aide précieuse de Céline Paterre et du collectif Les Pisteurs a pu rendre un dossier complet qui s’appuie sur nos expériences respectives ainsi que sur les analyses du rapport Derrière les paillettes, le stress : un rapport sur les animaux dans les cirques, Franck Schrafstetter, Julie Lasne, Céline Paterre.

Nous souhaitons faire le point sur les principaux arguments qui montrent que les animaux sauvages aujourd’hui n’ont plus leur place dans les cirques en France. Ce post est le premier d’une série de 10 arguments contrant les fausses justifications qu’avancent les circassiens. Et, nous espérons, cela ouvrira les yeux à nos chers dirigeants politiques.

Le cirque traditionnel a été inventé par l’écuyer Phil Astley en 1768 avec la construction de la première piste circulaire. Les animaux sauvages sont arrivés massivement dans les cirques au 19-20eme siècle avec la capture et l’importation des animaux en Europe. Il y avait également des numéros avec des humains : freaks.

L’animal dans les cirques n’est là qu’au service d’une recherche de sensationnel et de supériorité forcée de l’humain sur l’autre animal. Au moment de la sixième extinction de masse que nous connaissons actuellement dans les milieux naturels, l’utilisation des derniers représentants d’espèces en voie de disparition pour faire des numéros contre-nature et détenus dans des conditions misérables est purement et simplement insupportable.

Dans les cirques, les animaux sont captifs et placés en condition d’asservissement – privés de leur liberté d’action et de leur indépendance, les animaux sont soumis aux humains. Les animaux dans les cirques passent 90% de leur temps confinés (Nevill & Friend, 2006). Ils sont détenus dans des véhicules de transport et des enclos minimalistes. L’espace pour un lion par exemple représente généralement 9m² (3m sur 3m), alors qu’un lion mâle mesure 1.72 à 2.50 mètres de long.

De nombreux rapports ont été rendus dans les pays d’Europe afin de légiférer sur le sujet. La vaste majorité des conclusions est sans appel : il ne peut y avoir bien-être animal dans les cirques itinérants. Le confinement, la faim, le bruit, l’itinérance répétée, la séparation des petits et de la mère, les relations sociales pauvres voire inexistantes, le dressage, les spectacles, etc. sont autant de causes pour le développement d’un mal-être profond chez l’animal. Mal-être visible sous la forme des stéréotypies (« répétitions des mêmes actions, sans grande variation et sans fonction ni buts apparents » (ZecchiniA. 2002 et Mason GL 1991)). Par ces mouvements répétitifs anormaux, l’animal tente de réduire le stress dû à cet environnement aversif qu’est la captivité : le balancement des éléphants, les cent-pas des fauves, etc.

Dans les cirques, les groupes sociaux naturels ne sont pas respectés.

Pour les animaux grégaires, les groupes constitués sont artificiels et plus petits que dans leur environnement naturel (Agoramoorthy and Hsu, 2005).

En France :

– Les éléphants sont détenus seuls ou à deux : Samba – Cirque d’Europe // Mina et Kamala – Cirque Médrano, alors qu’un groupe d’éléphants peut aller jusqu’à 50 individus.

– Les hippopotames vivent en groupe de 10 à 100 individus mais dans les cirques ils sont seuls : Muller ou Royal.

– Les aras sont également souvent tous seuls ou par deux ou trois (Médrano) alors que les groupes sociaux peuvent aller jusqu’à plusieurs centaines d’individus. 

– Parfois même on retrouve des groupes d’espèces antinomiques comme des lions avec des tigres.

Aujourd’hui il existe des témoignages d’anciens dresseurs qui expliquent les manières avec lesquelles ils ont réussi à soumettre les animaux devenus marionnettes.

– Dresseur d’ours Vladimir Deriabkine

– Samuel Dewitt Haddock Jr – dresseur Ringling Bros

Les dresseurs continuent d’utiliser les outils de dressage pour contraindre les animaux et exercer une domination par la crainte ou la contrainte. L’ankus ou bâton terminé d’une pique ou le bâton électrique sont utilisées sur les éléphants (plantée dans les parties sensibles de l’animal) – Janvier 2019 : Médrano. Le fouet ou le bâton en métal sur les fauves – 2019 fauves de Fréderik Edelstein.

La réalisation de numéros contre-nature est une souffrance pour les animaux. Exemple, pour les éléphants, la position assise sur un tabouret (dog-sit) peut entrainer de graves problèmes, notamment un prolapsus (descente d’organes). Cette pression excessive sur le diaphragme peut causer une hernie. Ces postures ne sont pas naturelles et mettent à rude épreuve les muscles et articulations, entrainant douleurs et handicap. Ces risques sont bien connus des circassiens qui infligent fréquemment aux éléphants des coups de fouets sur les parties génitales des éléphants pour les obliger à faire leurs besoins avant d’entrer sur scène afin d’éviter la pression du poids du corps sur les organes comme la vessie.

L’itinérance est une problématique majeure du bien-être animal : les animaux montrent davantage de troubles du comportement lorsqu’ils voyagent (Montes et al. 2004). Selon Nevill and Friend et leurs études sur les fauves en 2006, les mouvements déambulatoires des animaux étaient plus présents lorsque le cirque était en itinérance.

Plusieurs éléments peuvent également avoir un impact négatif sur les animaux sauvages en itinérance : exposition aux conditions météorologiques (pluie, neige, froid, vent), la circulation des transports, les sons (ultrason – infrason), les lumières et longueurs d’onde (ultraviolet, infrarouge), la pollution.

L’exploitation des animaux pose aussi de graves problèmes de santé publique puisque les emplacements -souvent illégaux – des cirques avec animaux sauvages ne sont pas étudiés pour leur accueil :

– Disposition quant au fumier et déchets rejetés par le cirque,

– Risque de zoonoses par la proximité humains (public ou cirque) – animaux ou animaux sauvages – animaux endémiques.).

– Propreté du terrain avant et après installations des animaux de cirque,

Danger des plantes endémiques pour les animaux de cirque : Médrano à Orléans en 2018 – 2 animaux morts d’infections liées à leur alimentation.

– Selon nos recherches, la vaste majorité des éléphants seraient atteints de tuberculose, les reptiles peuvent être porteur de la salmonelle.

Les risques d’évasion et de vagabondage des animaux sur la voie publique sont également de graves dangers : On se rappellera toutes et tous de l’histoire de Mévy. En 2019, Code Animal dénombre une dizaine d’accidents connus incluant des animaux sauvages dans les cirques.

A l’heure où l’exploitation des animaux sauvages est de plus en plus décriée dans nos sociétés, tout le monde à l’exception du Gouvernement français a déjà pris position pour des cirques sans animaux.

Ainsi :

– la Fédération des Vétérinaires d’Europe,

– 24 pays de l’UE sur 28,

– des vétérinaires français,

– des parlementaires français et européens,

– près de 400 villes françaises,

– 67% de la population françaises,

– etc.

ont déjà pris position.

Il ne manque que Elisabeth Borne et le Gouvernement français pour l’interdiction de l’utilisation des animaux sauvages dans les cirques en France !

Plus d’infos : Derrière les paillettes, le stress : un rapport sur les animaux dans les cirques, Franck Schrafstetter, Julie Lasne, Céline Paterre, Code Animal, février 2018.

En commande via : info@code-animal.com