Humains et animaux sauvages : l’inévitable cohabitation

De nos jours, humains et animaux sont contraints de se partager les mêmes espaces, et bien souvent, il est difficile pour chacun de percevoir et de respecter les frontières nécessaires à une cohabitation pacifique. En effet, il ne reste que très peu d’endroits dans le monde où les animaux sauvages peuvent encore déambuler en toute liberté sur des terres non-protégées.

De l’Afrique au Canada, des félins aux ours polaires, cette coexistence forcée et croissante avec les populations humaines n’épargne aucun endroit du globe, ni aucune espèce animale. Inévitablement, les affrontements pour les ressources naturelles, la nourriture et l’espace vital se multiplient, ce qui engendre représailles et actions de prévention de la part des hommes à l’encontre des animaux. Ces derniers demeurent aujourd’hui les grands perdants de ce conflit et la menace qui pesait déjà sur les espèces en voie d’extinction s’alourdit encore davantage.

Pourtant, des solutions existent.

L’augmentation de la population et l’expansion des terres agricoles

Nous sommes aujourd’hui 7,7 milliards d’êtres humains sur notre planète.

En 1900, nous n’étions que 1,6 milliard.

En 2050, nous serons près de 10 milliards.

Ces seuls chiffres suffisent à résumer la situation… et à faire froid dans le dos.

A travers le monde, et plus particulièrement dans les pays en voie de développement, la nourriture et le carburant que les humains consomment ont un impact direct et néfaste sur les populations, le climat, la flore et la faune, engendrant déforestation, pauvreté, pollution… et conflits entre hommes et animaux sauvages.

Les félins

Au fil des siècles, l’homme s’est accaparé des terres, auparavant sauvages, pour les aménager au profit de l’agriculture. Résultat : les grands félins du monde entier ont perdu leur habitat ou ont vu celui-ci être fragmenté par l’homme, obligeant ainsi les deux parties à se rapprocher l’une de l’autre. D’inévitables conflits sont alors apparus, notamment liés à la perte de bétail, devenu la nouvelle proie des félins en quête de nourriture.

Pour protéger ses moyens de subsistance, l’homme est désormais près à tout, et il n’hésite pas à mettre au point des techniques, souvent létales, pour se débarrasser de ses « ennemis ».

Les populations de félins sont déjà fragilisées par la chasse (pour leur peau ou d’autres parties de leur corps) et la surchasse de leurs proies naturelles par les hommes. Cela contribue non seulement au déclin des populations de félins, mais obligent également ces derniers à s’attaquer au bétail et aux animaux domestiques, ce qui amplifient alors les conflits avec les hommes.

Les ours

En Russie et au Canada, les affrontements entre les hommes et les ours polaires ont également augmenté. En effet, les rencontres sont aujourd’hui plus fréquentes entre ours et communautés de l’Arctique et deviennent de plus en plus difficiles sur les routes migratoires des ours polaires.

L’activité humaine croissante aggrave également le problème, notamment avec l’implantation de nouveaux sites industriels sur les zones de mise bas et de repos des ours.

Sans parler du dérèglement climatique qui perturbe l’habitat des ours polaires. Ces derniers passent en effet davantage de temps dans les terres, les étendues de glace disparaissant autour d’eux, et il n’est plus rare aujourd’hui de croiser ces animaux dans des zones qu’ils ne fréquentaient pas auparavant.

De même que pour les félins, les ours polaires sont, dans la majorité des cas, tués par les populations, désireuses de se défendre contre ceux qu’elles considèrent comme des envahisseurs menaçant à la fois leur sécurité et leurs ressources.

Nous observons également des conflits dans notre pays entre les humains et les ours bruns.

Les solutions

Pourtant, une cohabitation est véritablement possible.

Certaines populations utilisent déjà des outils spécifiques, en fonction de l’espèce avec laquelle elles doivent partager leur territoire.

Pour les ours, il convient d’utiliser des poubelles sécurisées, d’installer des clôtures électriques pour protéger les biens et le bétail, ou bien de garder en permanence sur soi un vaporisateur à ours, pour se défendre sans pour autant tuer l’animal.

Pour vivre en harmonie avec les loups, les éleveurs s’appuient quant à eux sur des moyens de dissuasion, tels que les feux clignotants ou des patrouilles d’hommes à cheval accompagnant les troupeaux, permettant ainsi de séparer prédateurs et bétail, et de garder ce dernier en sécurité.

Au Kenya, des clôtures faites de ruches ont été testées avec succès, leur but étant d’éloigner les éléphants, qui ont peur des abeilles, des habitations. Grâce à cette méthode, le nombre d’attaques de cultures et celui des décès d’éléphants ont chuté, et les villageois peuvent même vendre le miel issu des ruches.

En Colombie, les éleveurs ont introduit des vaches de San Martineros dans leurs troupeaux, une race particulièrement résistante, capable de se battre contre les jaguars. Les attaques de ces derniers ont ainsi diminué, tout comme les représailles menées par les hommes à l’encontre des félins.

En Afrique, des programmes d’indemnisation ont été mis en place pour aider les éleveurs à faire face à la perte de leur bétail, et certaines communautés profitent désormais des bénéfices du tourisme lié à la faune sauvage.

Partout dans le monde, de nombreux centres de conservation de la faune sauvage voient le jour, et certaines espèces menacées sont à présent sur une courbe ascendante, comme le chien sauvage, le rhinocéros noir et blanc ou encore le phacochère.

Quel avenir ensemble ?

Tous les pays du monde sont concernés par l’explosion démographique et les problèmes qu’elle engendre en termes de protection de l’environnement.

Actuellement, seuls 22,2% des terres et des océans de la Terre sont protégés.

Il y a 10 000 ans, l’homme représentait seulement 1% de la vie terrestre, le reste demeurant sauvage.

Aujourd’hui, nous en représentons 36%, seuls 4% des mammifères vivant sur la planète sont des animaux sauvages, et 60% sont des animaux d’élevage (vaches et porcs principalement).

Pour de nombreux spécialistes, le moyen le plus efficace pour freiner l’augmentation de la population est de réduire la pauvreté. En effet, cette dernière s’accompagne inévitablement d’une baisse de la natalité, la taille des familles diminuant lorsqu’elles se sentent suffisamment à l’abri du besoin.

Permettre à certains pays de se développer économiquement devient ainsi un enjeu majeur.

Des continents comme l’Afrique possèdent en effet une grande valeur grâce aux animaux extraordinaires qu’ils sont les seuls à abriter. L’essentiel étant de veiller à ce que l’argent ainsi récolté retourne directement dans les communautés, qui seront alors en mesure de percevoir concrètement les avantages de la protection de l’environnement sur leur qualité de vie.

Ces populations ne verront alors plus les animaux comme des ennemis, mais comme de véritables alliés dans leur développement, les dissuadant ainsi d’entrer en conflit avec eux et de privilégier des méthodes pacifistes pour se partager l’espace.

Julie Guinebaud