Deux espèces de loutres enfin protégées !

Belle victoire de la CITES CoP18 aujourd’hui ! Les loutres centrées et à pelage lisse entrent à l’Annexe I de la CITES, ce qui veut dire que leur commerce est interdit au niveau international !

Qu’est-ce que la CITES ?

La CITES est la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Cette convention internationale, signée par plusieurs pays, est entrée en vigueur en 1975. Son but est de veiller à ce qu’aucune espèce sauvage, animale ou végétale, ne devienne ou ne reste soumise à une exploitation non durable par suite du commerce international.

Annexe I Etant menacées d’extinction, la CITES en interdit le commerce international de leurs spécimens sauf lorsque l’importation n’est pas faite à des fins commerciales (voir l’Article III) mais, par exemple, à des fins de recherche scientifique.
Annexe II Les espèces ne sont pas nécessairement menacées actuellement d’extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n’était pas étroitement contrôlé. Le commerce international des spécimens des espèces inscrites à l’Annexe II peut être autorisé et doit dans ce cas être couvert par un permis d’exportation ou un certificat de réexportation.
Annexe III Les espèces inscrites à la demande d’une Partie qui en réglemente déjà le commerce et qui a besoin de la coopération des autres Parties pour en empêcher l’exploitation illégale ou non durable.

Pourquoi les loutres ?

Les effectifs de la population de la loutre cendrée (Aonyx cinereus) et de la loutre à pelage lisse (Lutrogale perspicillata) ont chuté de 30% en 30 ans.

Le braconnage est considéré comme une menace importante. Les loutres ont longtemps été exploitées pour leur fourrure et pour des parties de leur corps utilisées dans la médecine traditionnelle asiatique, ce qui a été identifiée comme l’une des causes principales du déclin historique de la population. Le commerce d’animaux de compagnie et les cafés à la loutre serait, selon l’association TRAFFIC (et repris par la CITES) une cause émergente de cette disparition, le Japon et la Thaïlande étant désignés comme principales destinations.

On craint que le commerce illégal de loutres comme animaux de compagnie constitue une menace croissante depuis quelques années. Des annonces en ligne ont été compilées par l’association TRAFFIC dans plusieurs pays, dont la Chine, l’Indonésie, le Japon, la Malaisie et la Thaïlande. Les bébés nouveau-nés et les jeunes loutres sont les plus demandés dans le commerce des animaux de compagnie et sont souvent proposés à la vente comme une portée complète plutôt que comme des individus (Phassaraudomsak & Krishnasamy, 2018; Siriwat & Nijman, 2018). Ils semblent y avoir des taux de mortalité élevés lorsqu’ils sont extraits de leurs habitats naturels (Gonzalez, 2010), mais ils sont préférés lorsqu’ils sont plus jeunes car ils sont plus faciles à apprivoiser (Feeroz et al., 2011) et conviennent mieux aux animaux de compagnie.

Les cafés à loutre ?

Ce sont des endroits dans lesquels les clients peuvent prendre un thé ou un café et toucher ou donner à manger aux loutres (et autres animaux exotiques parfois). Les animaux souvent importés illégalement au Japon sont ensuite gardés dans des cages ou enclos non adaptés à leurs impératifs biologiques (peu ou pas d’accès à l’eau, mauvais régime alimentaire, séparation avec un groupe social). Les premiers cafés du pays auraient ouvert en 2015 et des dizaines ont ensuite suivis.

Le facteur mignon

Les loutres ont la malchance d’être des animaux charismatiques au capital mignon très important. Cela les conduit à l’extinction. Les humains ont ce désir de possession qui tue littéralement des individus, combien de fois avons-nous entendu « c’est trop mignon, j’en veux ! » devant les cages des zoos ou devant des images postées sur les réseaux sociaux ?

Les selfies postés sur les réseaux comme Instagram ou Facebook pèsent très lourd sur l’avenir des loutres. Elles cachent souvent des réalités dramatiques pour les animaux, comme nous l’avons vu précédemment. Un bébé loutre, pour lequel les adultes auront été massacrés vaut 9000€ environ sur le marché. Une manne d’argent pour les trafiquants.

Décision de la CITES – CoP18

La majorité des pays de la CITES ont donc décidé aujourd’hui de passer les deux espèces de loutres à l’annexe I de la CITES, interdisant ainsi le commerce. Même si la majorité du commerce était déjà fait illégalement – ce qui ne change pas vraiment les choses pour les animaux – la reconnaissance de la CITES sur les dangers qui pèsent sur les populations de loutres est en soi une bonne nouvelle et une petite victoire pour ces animaux.

A vous de jouer !

Pensez aux animaux avant de penser à vous : faire un selfie avec un animal sauvage et le poster sur les réseaux c’est cool. Pour vous. Votre sourire cache pourtant des réelles menaces sur les animaux et les likes encouragent les autres à en faire de même.

Les animaux ne sont pas des marchandises ou des objets à disposition pour les humains. Les animaux sauvages doivent rester sauvages.  

Aller plus loin :

Rapport de l’ONG Traffic