Des captures aux saisies de Nacs

Tortue de Floride
Tortue de Floride

Suite à une récente série de saisies d’oiseaux et de reptiles, importés illégalement, aux douanes et par les polices municipales, il est évident que ni le caprice de posséder un animal exotique, ni les mesures que les gens sont prêts à poursuivre pour les amener en Europe, ne vont bientôt cesser. En 2005 l’UE était le plus grand importateur de reptiles vivants, dont le commerce a une valeur de sept millions d’euros *

Avec les articles irresponsables publiés, du genre de celui intitulé ‘Et vous, vous prendriez bien un NAC à la maison’ qui est paru dans le Nord éclair du 16 septembre, ainsi que la nouvelle popularité des foires de reptiles et d’oiseaux, à peine réglementées, la situation est loin de s’améliorer. Surtout quand on considère que tout individu, sans avoir aucune connaissance des besoins spécifiques de ces créatures, puisse répondre à n’importe quelle petite annonce ou rentrer dans n’importe quelle animalerie et sortir avec un NAC sous le bras, il parait qu’il y aurait une longue attente avant que nous puissions convaincre le public français que ces animaux sont mieux laissés dans la nature.

Du point de vue de la préservation des espèces, la capture de NAC dans la nature est biensûr catastrophique, et environ 80% de ces animaux meurent pendant la capture ou lors du transport vers leur nouveau foyer. Et ce n’est pas seulement les environnements natifs qui en souffrent, mais ceux tout près de chez nous aussi. Certaines espèces exotiques relâchées dans la nature, où accidentellement ou intentionnellement, peuvent menacer directement la faune et les environs locaux. Il est estimé que l’Europe dépense plus de 12 billions d’ Euros par an sur les dégâts causés par ces espèces envahissantes.

Et l’élevage en captivité est loin d’en être la solution. Des animaux élevés en captivité souffrent de la même négligence et abandon, et ceux qui ne meurent pas souffrent souvent de l’auto mutilation ou renoncent à manger, en raison d’une manque de compréhension de leurs besoins sociales telles que la nourriture, l’enrichissement environnementale, l’espace et la température environnementale. Une enquête sur les tortues importées dans des animaleries a montré que dans la première année chez les particuliers une moyenne de 26,5% décèdent. Apres 4 ans, ce chiffre monte a 92% ; des morts provoqués par le fait que les propriétaires ont été incapables de fournir les conditions environnementales qu’il faut pour survivre, alors que les tortues peuvent vivre plus longtemps que les humains.

Il y a une absence totale de mise en œuvre de réglementation aux foires et dans les animaleries et il est de la responsabilité de chaque pays européen à introduire des listes positives telles que celles de la Belgique ou des Pays-Bas (des listes qui indiquent le peu d’espèces exotiques autorisées à être gardées chez les particuliers). Mais encore plus important, il faut apprendre à tous les individus, à toutes les nouvelles générations, que tous les animaux ne sont pas adaptés à être des animaux de compagnie et ce que cela implique comme menaces sur la nature. Il est sûrement de la responsabilité des zoos et d’autres institutions semblables, qui prétendent exister à des fins éducatives, de le faire.

Katie Chabrière

* Les statistiques viennent d’Eurogroup for Animals

http://peruwelz.blogs.sudinfo.be/archive/2013/10/19/bernissart-30-tortues-tropicales-dans-maison-sociale.html

http://www.sudouest.fr/2013/09/06/biriatou-les-douanes-interceptent-un-trafic-d-oiseaux-proteges-1161069-4018.php