Notre civilisation occidentale a établi comme une évidence la supériorité de l’homme sur l’animal. L’homme pourrait disposer de la bête à sa guise pour se nourrir, s’habiller, se divertir ou encore se soigner. Cette vision verticale se base pourtant sur des énoncés arbitraires, posés par un homme à la fois juge et partie.

« Un point de vue est une vue à partir d’un point. »
Saussure

Premier point de départ arbitraire

Différencier, l’homme de l’animal, c’est déjà exclure l’homme de son animalité en tant que mammifère. L’arbre phylogénétique nous montre clairement que l’homme n’est pas une finalité de l’évolution, mais bien une « branche » parmi d’autres.

Mais c’est aussi inclure toutes les espèces animales (fourmi, crabe, pinson ou chimpanzé) dans la catégorie « animale » sans même faire de distinction entre elles, chacune ayant pourtant ses propres spécificités, tout comme l’homme.

Second point de départ arbitraire

Les philosophes tels que Platon et Aristote ont attribué comme critère de distinction entre l’homme et l’animal, la raison, l’âme et l’esprit. L’animal ne serait dès lors que « corps » contrairement à l’homme qui serait « esprit » et « âme spirituelle » .

Cette distinction, qui aujourd’hui, à la lumière de l’éthologie, ne cesse d’être remis en cause, est toutefois arbitraire. Car elle pose la raison comme critère absolu de départ. Alors que si l’on prend pour critère un autre point de départ (tout aussi arbitraire), la pyramide peut être radicalement différente.

En plaçant la raison comme critère de hiérarchisation, on obtient la pyramide ci-dessous (contestable aujourd’hui). Pyramide raison

En prenant la capacité d’être dans l’instant présent (reconnu comme « qualité spirituelle ») comme critère, la pyramide s’inverse.Pyramide instant présent

On pourrait créer d’autres pyramides selon d’autres critères tout aussi arbitraire, la capacité d’adaptation au milieu, le nombre d’individus, la stature selon les strates terre/ciel, la capacité de destruction, etc.

De la même manière, les pays sont aujourd’hui hiérarchisés selon leur PIB, leur puissance économique. Les G8, G9… vont décider de l’orientation du reste du monde parce ce qu’ils sont, selon ce critère, en haut de la pyramide. Alors que si l’on change le critère de départ en remplaçant la puissance économique par la puissance spirituelle, la pyramide s’inverserait.

Classement selon la puissance économique des paysPyramide puissance économique

Classement selon la puissance spirituelle des paysPyramide puissance spirituelle

On pourrait créer d’autres pyramides selon d’autres critères tels que la richesse des sous sol, la richesse en biodiversité, la richesse linguistique…

Quelques soit les illustrations, ces critères comme point de départ d’une hiérarchisation, sont arbitraires. Rien ne semble les justifier si ce n’est que c’est l’homme qui les a édictés afin d’asseoir sa domination.

Troisième point de départ arbitraire

Il a été déclaré comme une suite logique que le fait d’être en haut de la pyramide justifiait l’exploitation de ceux du dessous.

« Les animaux n’ont pas conscience d’eux-mêmes et ne sont par conséquent que des moyens en vue d’une fin. Cette fin est l’homme. Aussi celui-ci n’a-t-il aucun devoir immédiat envers eux. On peut se demander pourquoi les animaux existent, mais on ne peut poser cette question à propos de l’homme. Les devoirs que nous avons envers les animaux n’en sont que des devoirs indirects envers l’humanité. »
(Leçon d’éthique, Kant)

En quoi cette hiérarchisation suppose t-elle une exploitation ? Le parent (dont on peut trouver des critères de supériorité sur son enfant) va t-il pour autant acquérir le droit d’exploiter ce dernier ? De même le pays du haut de la pyramide (donc une puissance économique selon les critères actuels) va t-il de fait pouvoir exploiter un pays non développé ? C’est pourtant ce que l’on fait avec l’animal.

Une vision verticale du monde qui s’étend au-delà de l’animal

Cette position hiérarchique et dominante posée notamment par Platon, Aristote puis reprise par les pères de l’Eglise (Thomas d’Aquin, St Augustin) puis par Descartes ou Kant a permis d’asseoir d’autres dominations telles que celle des noirs et des femmes.

Une erreur reconnue en partie

Cette vision verticale et dominante de l’homme (blanc) a permis d’asseoir pendant des siècles le Géocentrsime, théorie selon laquelle la Terre serait au centre du système solaire, l’esclavage humain, mais aussi l’animal machine de Thomas d’Aquin à Descartes…

Pourtant ce qui a été engendré par cette conception verticale a été contredit au cours des siècles :

  • Copernic et Galilée ont démontré que c’est la Terre qui tournait autout du soleil (système héliocentrisme) remettant ainsi l’homme hors du centre de l’Univers.
  • Abolition de l’esclavage, disparition des zoos humains, et déclaration universelle des droits de l’homme, abolissant cette suprématie de l’homme blanc.
  • Etude démontrant la douleur et la souffrance de l’animal contredisant ainsi la réduction à un simple mécanisme de la bête.

Malgré la reconnaissance des absurdités qu’a engendré ce système tournant autour de la suprématie de l’homme (divinité de raison), le système lui-même demeure afin de soumettre l’animal à notre bon vouloir…