Le Roi Lion : derrière le grand écran, un massacre.

Alors que Disney et Jon Favreau sortent une nouvelle version du Roi Lion, les derniers représentants meurent dans leur milieu naturel. C’est le constat catastrophique qui ne peut être ignoré.

Le film

Affiche du film de Jon Favreau / Distribution The Walt Disney Company France

Sorti dans les cinémas français le 17 juillet, le Roi Lion 2.0 est l’adaptation « live action » du dessin animé de 1994 et a été entièrement fait en images de synthèse. Autrement dit, aucun animal n’a été exploité pour réaliser les images du film !

Nous sommes allées voir par nous-même !

Avec 3 millions de spectateurs en une semaine selon diverses sources journalistiques, ce film pourrait être une source gigantesque de sensibilisation. Cependant, il ne s’agit que d’un copié-collé de l’original et non d’une version mise à jour avec le contexte actuel. Quelques phrases sous-entendent le respect du vivant mais pas de post-credit (hey on parle tout de même du réalisateur de plusieurs Marvel) qui pourrait expliquer rapidement ou donner d’avantage d’informations sur le sujet environnemental et animal.

Nous devons avouer que la multitude des animaux dans la savane dans quelques scènes nous a fait mal au cœur lorsque nous connaissons la réalité derrière la magie du divertissement.

Bref, la nostalgie était omniprésente.   

Sur les images, effectivement c’est assez bluffant ! Les animaux semblent vrais et tout droit sorti d’un film documentaire.

Quand les nouvelles technologies imitent la réalité, quelle est l’excuse pour continuer d’utiliser des animaux vivants ? Comme le souligne d’ailleurs France Inter dans son article du 19 juillet 2019 « Avec un avantage non négligeable : il n’y a pas besoin de dompter des animaux sauvages, ce qui exclut les risques de maltraitance, mais aussi d’attaques de l’équipe technique. »

Le dressage d’un animal sauvage ne peut pas se faire dans la douceur. Il faut enlever l’animalité dans l’individu pour le transformer en marionnette, autrement dit, briser mentalement l’animal jusqu’à ce qu’il se résigne et obéisse. Plus d’informations sur nos articles.

L’état des lieux dans la vraie vie

Depuis la réalisation du classique de Disney en 1994, la population des lions d’Afrique a été réduite de moitié en raison de diverses menaces, notamment le braconnage et la destruction d’habitats. Il ne reste que entre 20 000 et 40 000 lions dans les milieux naturels.

Il existe un horrible business juteux autour des lions et fauves en général en Afrique. Notamment en Afrique du Sud. Selon divers rapports, ce pays est le plus gros exportateur mondial d’os, de dents et de griffes de lions en captivité – entre autres. Ce business aurait débuté dans les années 1990, le nombre d’individus prisonniers n’est pas officiel mais divers ONG estiment à 8 000, peut-être plus. Selon Conservation Action Trust dans son excellent rapport The Extinction Business – South Africa’s ‘Lion’ Bone Trade (2018), il y aurait 9 100 lions en Afrique du Sud, 68% d’entre eux sont captifs.

Les lions sont utilisés dans les parties de chasse en boîte, pendant lesquelles de riches occidentaux ou asiatiques viennent se payer du bon temps en tuant à bout portant des animaux, ou bien dans le commerce « médicinal » à destination du marché asiatique principalement. Avec les os, on fait du vin qui vient remplacer le vin de tigre (animal en voie de disparition en Asie et moins cher à produire), des produits dits médicinaux (baume de lion, gâteaux, etc.) ou des objets décoratifs afin de montrer la puissance et la richesse. D’autres achètent des animaux pour remplir les cages dans les zoos ou leurs chapiteaux (poke à F. Edelstein).

Les « Simba » / lionceaux disposent d’un capital mignon utilisé dans les fermes à selfie ou autres activités touristiques qui consistent à promener en laisse ou donner le biberon aux bébés lions. Lorsqu’ils grandiront ils rejoindront les enclos remplis de dizaines de congénères avant de finir à l’abattoir.

Un article plus complet sera publié dans les prochaines semaines. En attendant, si le sujet vous intéresse, Code Animal vous suggère le rapport Bones of Contention de Vivienne Williams, David Newton, Andrew Loveridge et David Macdonal pour l’ONG Traffic (en anglais).

Boskoppie Lion and Tiger Reserve © EMS Foundation

Les actions de la Fondation de Disney ?

Dans le cadre de nos recherches pour cet article, nous nous sommes rapidement penchées sur le Disney Conservation Funds, une Fondation créée par Disney dans les années 1990 pour sensibiliser aux problématiques écologiques et animales et qui aurait déjà fait don de 75 millions de dollars à la sauvegarde de la faune, dont 13 millions pour la protection de la faune africaine couvrant plus de 30 pays.

Dans le cadre de la sortie du film, Disney collabore avec des ONG et des spécialistes autour de la campagne internationale « The Lion King | Protect The Pride » afin de sensibiliser à la crise que vivent les lions et les autres espèces sauvages en Afrique.

Parmi les ONG on retrouve Wildlife Conservation Network’s (WCN) et Lion Recovery Fund (LRF) qui a pour objectif de doubler la population de lions en Afrique d’ici 2050 et de s’associer avec les communautés locales pour assurer un avenir à la vie sauvage africaine et à ses habitats.

Disney a déjà fait don de plus de 1,5 million de dollars à la LRF et à ses partenaires, et prévoit de doubler ce montant grâce à des subventions supplémentaires et à la participation de fans, pour une contribution totale pouvant atteindre 3 millions de dollars.

Pour comparaison, Le budget du Roi Lion avoisine les 250 millions de dollars.

Quelques questionnements autour de tout cela

Selon l’article du Monde du 20 juillet 2019, « Repoussant les limites du professionnalisme, l’équipe du film annonce avoir longuement enquêté sur le comportement des animaux et leurs habitats. Elle a même entrepris un voyage de deux semaines en Afrique, photographiant décors et animaux sous toutes les coutures. ».

Selon l’article de France Inter du 17 juillet 2019, « Des ordinateurs ultra-puissants qui engloutissent et digèrent des centaines de milliers de photos prises au Kenya, mais aussi dans des zoos aux États-Unis… Résultat : des paysages et des animaux littéralement « plus vrais que nature ». »

L’industrie des animaux sauvages en Afrique est très controversée. Entre fermes d’élevages, fausses réserves et réels sanctuaires les différences sont assez minces. Nous nous demandons quelles étaient les destinations et dans quelles conditions.

Aucune mention de la campagne de sensibilisation sur les lions n’est faite dans les médias en France. Une fois de plus notre société qui met en avant les problématiques environnementales ne fait aucune pédagogie autour des horribles réalités derrière les paillettes.

Tout aussi important, Disney tient un zoo en parallèle de ces beaux discours, le Parc d’attraction « Animal Kingdom » avec les animaux présents principalement dans les films. Captivité que Code Animal condamne.

Cirque – France 2019

Aller plus loin / références

Lien vers la campagne « Protect the Pride »

Lien vers the Lion Recovery Fund

Lien vers Fondation Leonardo di Caprio

Article France Inter du 19 juillet 2019