Ours

Sur la vie des ours à l'état sauvage, nous vous conseillons une visite au site de nos amis Isabelle et Alain Boyaval : Faune Explo.

Montreur d'ours : le commerce de l'apparence

Alors que le ministère de l'Ecologie, en bon samaritain, s'évertue à réintroduire des plantigrades dans les Pyrénées, ce même service de l'Etat accorde le droit à une dizaine de dresseurs et de montreurs d'exhiber leurs bêtes aux quatre coins du pays. Paradoxe ?

Sur la forme, probablement. D'un côté, l'Etat se montre préoccupé et actif pour une sauvegarde des ours, s'émeut publiquement des attaques proférées contre tel ou tel ursidé persécuté par les antis mais, dans l'ombre des bureaux de l'avenue de Ségur, apporte son soutien sans réserve - ou si peu - à l'exploitation de plusieurs dizaines d'ours en accordant des certificats de capacité...

Sur le fond, la démarche semble plus vicieuse. L'Etat défend l'image mais dédaigne l'individu. L'ours des Pyrénées n'est rien d'autre qu'une image d'Epinal, une carte postale pastorale, valorisante en premier plan pour cacher les mutilations que ce pays a infligées à sa flore et à sa faune. Cette vitrine est à l'opposé de la réalité dissimulée dans l'arrière-boutique, c'est ce qu'on pourrait appeler une sorte d'enrobage marketing. L'ours des Pyrénées n'en est qu'un des produits. Ne nous leurrons pas, l'Etat se désintéresse au plus haut point de l'animal en tant qu'être souffrant, qu'il soit ours ou loup, sinon il n'accepterait pas l'exhibition des animaux dans les cirques. Et néglige tout autant la survie des espèces, qu'elles soient de la famille des ursidés, des mustélidés (grand Hamster d'Alsace, vison d'Europe...) ou des canidés (loup...).  Ce qui importe c'est l'image présentée dans la vitrine. Image censée convaincre les électeurs sensibles à la préservation de la nature que les élus remplissent pleinement le rôle qui leur a été confié.

Les montreurs d'ours sont à l'image de ce commerce de l'apparence. Décors médiévaux, costumes, ambiances musicales sont utilisés comme une justification à des exhibitions d'un autre temps dès lors exempt des prises de conscience d'aujourd'hui. Le prétexte de l'histoire - comme d'autres utiliseraient le prétexte de la tradition - semble représenter un parfait alibi à toutes les exploitations. Si la loi le permettait, certains n'hésiteraient sans doute pas à remettre au goût du jour les bûchers aux sorcières... Sur la base de cette raison fallacieuse, le montreur, qui par définition travaille sur l'apparence, présente sa bête comme complice de son travail, certains n'hésitant pas à parler d'une relation d'amour entre l'homme et l'animal. Le spectateur est trompé (quoique de moins en moins) par cette vitrine si idyllique et pittoresque. Mais tout comme l'Etat, ces dresseurs se désintéressent tout autant de l'animal en tant qu'espèce que de l'animal en tant qu'être sensible. Ces fauves ne sont qu'un faire-valoir pour quelques hommes qui, faute d'avoir du talent, tentent de compenser en essayant d'extirper une puissance à l'animal qu'ils exploitent. Le processus est toujours le même : privation des repères de l'animal (sociaux, spatiaux, temporels...), annihilation jusqu'à une complète main mise du dresseur sur la bête et coercition par la violence physique ou le chantage à la nourriture notamment. Il ne faut pas se leurrer, un animal sauvage de plusieurs centaines de kilos ne se plie pas aux caprices de son dresseur par plaisir... S'il existe semble-t-il une différence entre le dresseur et le montreur, en terme de contraintes physiques, il n'en reste pas moins que le processus implique cette même dénaturation et soumission de la bête. L'ours reste esclave.

Leur vie dans les cirques

Chez un dresseur d'ours en 2004
Dany et Sacha Poliakov, dresseur d'ours bruns
Un ours blanc et un ours brun, Maxy Niedermeyer, Médrano 2008
Roman Dietzel, dresseur d'ours bruns